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EAN : 9782757817162
96 pages
Points (18/02/2010)
3.43/5   50 notes
Résumé :
André
Makine

Cette France
qu’on oublie
d’aimer


Je n'écrirais pas ce livre si je ne croyais pas profondément à la vitalité de la France, à son avenir, à la capacité des Français de dire «assez !»
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Au nom d'une certaine idée de la France (!) assez élitiste et littéraire, Andrei Makine fustige dans ce court essai notre médiocrité collective et individuelle. Il met en parallèle les grands idéaux passés, défendus notamment par les écrivains et les combattants, avec les rêves étriqués des Français d'aujourd'hui, et les rébellions violentes de ceux qu'il appelle les 'jeunes'.

Érudite et fine, sa prose est très agréable, d'autant qu'elle est agrémentée de savoureux morceaux de bravoure sur les intellectuels ou les familles françaises.
Elle nous pousse à la réflexion aussi, et nous tire vers le haut, nous sommant d'abandonner les 'petites' valeurs que sont le confort, l'argent et les apparences pour rechercher un peu de grandeur.

Sa prose est polémique, également, notamment la dernière partie sur les 'jeunes' des banlieues, où Makine fait à mon sens des amalgames et s'approche dangereusement du réactionnaire. Prônant la discussion, la liberté et l'idéal, il a pourtant du mal à rester tolérant avec ses concitoyens à la culture trop différente (par culture, il faut ici entendre avant tout religion), ou simplement aux ambitions plus modestes.

Un bémol donc pour les attaques sans nuances contre les 'jeunes', mais pas mal de vérités politiquement incorrectes et de réflexion dans ce livre, que j'ai trouvé très intéressant.
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Cette France qu'on oublie d'aimer
Andreï Makine (né en 1957)
Académie française
Originaire de Sibérie, né en 1957 à Krasnoïarsk, et français de coeur, Andreï Makine est arrivé clandestinement en France en 1987, à Paris très exactement. Il obtient l'asile politique mais est contraint à une vie précaire qu'il a d'ailleurs narrée dans son merveilleux ouvrage « le testament français », Prix Goncourt, Goncourt des lycéens et Médicis 1995, une vie de désespoir permanent comme il écrivit. Son premier roman est paru en 1990 « La fille d'un héros de l'Union Soviétique » et est le point de départ d'une belle carrière littéraire avec le français comme langue d'écriture. Il obtient la nationalité française en 1996 et est élu à l'Académie Française en 2016.
Au travers de ce bref rappel biographique, il apparaît clairement que la France et Makine, c'est une belle histoire d'amour et l'on ressent qu'il s'est approprié l'histoire de notre pays. Auteur d'un style merveilleusement ciselé (dans le Testament Français notamment) et d'une culture qui transparait tout au long de ce petit ouvrage qu'il a voulu bref afin de n'être point ennuyeux, Andreï Makine retrace avec talent et discernement les contours de cette France qui l'a toujours fasciné avec ses us et ses contradictions, sa langue telle une respiration, sa superbe à laquelle il rend un vibrant hommage plein d'optimisme malgré les dangers qui nous guettent. Il croit profondément en dépit de tout à la vitalité de la France et à son avenir et la capacité des Français de dire »ASSEZ ». La grande sensibilité, l'immense talent et le très grand sens de l'observation ont permis à A. Makine de parfaitement saisir toute la saveur de notre pays, le pays De Voltaire et de Hugo comme il dit, ainsi que ses terroirs et ses lettres.
Ce petit ouvrage est paru en 2006 : il n'est pas douteux que les années qui ont suivi auraient enrichi le propos d'Andreï Makine de bien d'autres exemples pour illustrer cet oubli de nombre des français d'aimer leur pays. Admirateur de de Gaulle (comme Romain Gary, lui aussi immigrant russe) qui selon lui a démontré que les époques ont plus besoin d'un grand rêve mobilisateur que de sages calculs du bon sens, Makine n'hésite pas à nous faire comprendre que la grandeur de la France voit de nos jours son poids économique et son influence géostratégique diminuer. Mais pour lui la grandeur de la France ne se situe pas vraiment là, mais plutôt dans son héritage d'idées et « sa vocation surnaturelle » (Bernanos), avec des grands hommes de la littérature et des penseurs comme Voltaire, Proust ou Camus.
Andreï Makine, tel un entomologiste, passe à la loupe ces français qui l'ont adopté et cela sans concession mais toujours avec respect et un certain humour, évoquant tour à tour ses légendes, ses habitants et leurs manies et contradictions, l'amour des russes pour la France à l'époque de Pierre le Grand ou de la Grande Catherine, le français était alors une seconde langue au pays du Tsar. Il déplore la fragilité actuelle de la langue française et son recul relatif. Les sujets tabous des Français font aussi l'objet d'un chapitre , à savoir la collaboration au temps de la Seconde Guerre Mondiale, Pétain, le décolonisation désastreuse pour les décolonisés, l'Algérie, l'immigration et la non intégration, l'islamisme…etc.
La France d'aujourd'hui : les Français découvrent que toute une part de la population dite française les hait parce qu'ils sont blancs, chrétiens, et censément riches. On hait la république et on siffle l'hymne national. On hait la laïcité. Et Makine d'ajouter : « On se moque des Français car n'est-ce pas comique d'accueillir dans sa patrie, nourrir, loger, soigner ceux qui vous haïssent et vous méprisent…Ceux qui brûlent les écoles, qu'ont-ils pu apprendre de leurs professeurs sur la beauté, la force et la richesse de la francité ? …Et la jeune femme qui périt dans les flammes ? Et toutes cette jeunesse qu'on transforme en « jeunes des banlieues », mélange infecte de victimisation, de tripatouillages politiciens, d'hypocrisie idéologique, d'impunité criminelle, cette jeunesse condamnée à servir tantôt d'épouvantails tantôt de mascottes souriantes pour illustrer l'intégration heureuse ?». La France a connu tant de vagues d'immigration réussie et pour son plus grand bien, les Italiens, les Polonais, les Russes, les Juifs, les Portugais, les Arméniens…etc !!
Ensuite, Makine s'étonne de l'abêtissement de la population dans un pays comme le nôtre : « Dix millions de spectateurs collés à leur écran par une loft story est un déshonneur pour le pays De Voltaire ! » Je souscris totalement.
Makine écrit ces lignes en 2006, quelques mois avant l'élection présidentielle et il s'adresse au futur président :
« Pensez à cette femme qui pleure son mari tué dans une banlieue où l'on peut assassiner un homme en passant, en s'amusant presque et dont l'assassin restera impuni, M. le futur Président ; le reste - les caprices de la Bourse, l'élargissement de l'Europe, la nervosité des sondages - n'est qu'une foutaise du moment où l'être humain est oublié. »
Andreï Makine, immigrant russe, académicien français nous donne ici une belle leçon de savoir vivre pour ne pas oublier d'aimer la France. C'est mon neuvième livre d'Andréi Makine, tous des livres inoubliables.
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Une dalle usée par des générations et des générations de fidèles sur le seuil d'une petite église de Saintonge… Sur un monument aux morts de la guerre de 14, une inscription comportant plusieurs noms de la même famille… Des chevaliers sans peur et sans reproche qui, un jour, troquent leurs heaumes et leurs armures contre des perruques poudrées… Un hélicoptère qui patrouille dans le ciel d'une banlieue embrasée du côté d'Aulnay sous Bois… La gastronomie, plus la mode, plus l'impressionnisme, plus le french kiss, plus Chambord, plus Valmy, plus les grèves à répétition, plus… Est-ce bien ça la France ? Ou ce qu'en disait le très regretté Pierre Daninos : « Bon sens : exclusivité française, avec l'élégance, l'esprit, la galanterie et, d'une façon générale, le génie. »
« Cette France qu'on oublie d'aimer » est un ouvrage fort difficile à classer dans une catégorie. Ce n'est pas un essai, l'auteur est trop rêveur et trop poète pour s'être laissé emberlificoter dans des chiffres et des statistiques. Ce n'est pas non plus un pamphlet, Makine a trop d'empathie, d'amour et de douceur pour son pays d'accueil pour se laisser aller à des vitupérations de bateleur d'estrade. Non, avec intelligence et finesse, il s'interroge simplement sur ce que peut bien être (ou a bien pu être) l'esprit et le génie français. Comment un peuple aussi spirituel et intelligent a pu tomber aussi bas ? Comment a-t-il pu se laisser enfermer dans les rets vicieux du politiquement correct ? Comment a-t-il été assez lâche pour avoir laissé s'effriter sa liberté, sa laïcité, ses bonnes manières. La conclusion est sans appel. Il est temps de se ressaisir, de rappeler quelques vérités de bon sens à nos « élites » et à nos chers invités. Un texte court et magnifique d'autant plus convaincant qu'il ne provient pas d'un Français de souche lambda mais d'un immigré russe honnête et cultivé, une des meilleures plumes de notre littérature, excusez du peu !
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Le très placide Andreï Makine vient de faire paraître un court pamphlet, Cette France qu'on oublie d'aimer. Il y dit tout le mal qu'il pense de ce perpétuel auto-dénigrement de notre pays. Après Max Gallo et son Fier d'être Français, voici un nouveau sursaut pour défendre le pays des Lumières. Chose assez paradoxale, ceux qui se préoccupent de la France aujourd'hui ne sont pas ses propres enfants mais ceux qu'elle a accueillis. Comme si cette adoption leur donnait une conscience plus aiguë de valeurs en perdition, comme s'ils cherchaient à nous redonner le goût de notre pays. Makine, par exemple, n'accepte pas que l'on méprise la terre qui lui a permis de quitter l'URSS. Animé d'une passion très littéraire de la France, il ne peut comprendre que les autres migrants n'aient pas ce même amour, cette même vénération du pays de Voltaire. Il en résulte un essai élitiste, voire coléreux qui se complaît dans des grandeurs passées très romanesques et fustige les affres du présent et la sinistrose ambiante. Les récents événements dans les banlieues dépassent son entendement. En effet, pour ce Russe qui a choisi d'écrire en Français, il ne fut pas aisé d'être accepté puis reconnu par ses pairs littéraires mais il y est parvenu, animé qu'il était d'un profond désir d'intégration en France. Cette volonté, cette force du migrant, il ne comprend pas qu'elle ne soit pas partagée. Toutefois, Cette France qu'on oublie d'aimer fourmille aussi de jolies pages – le pamphlétaire laissant la place au grand écrivain –. Croquant certaines tournures bien françaises, dépeignant malicieusement les intellectuels français, Makine dit tout son amour de ce pays. Paraphrasant Racine, il nous répète : « Si vous n'êtes Français, soyez dignes de l'être ». Au nom de cette francité, ces mots vont loin. Peut-être trop.
Lien : http://liber-libri.blogspot...
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Quelle purge ! Il me semble que l'auteur "s'écoute écrire", atteint d'une logorrhée de citations d'auteurs du monde entier. le principal désir semble d'impressionner par sa culture, tout en affirmant, que dis-je, en martelant son amour de la France, de ses particularismes, et tout en critiquant ses attitudes politiques, comme tout un français le pense et n'ose le dire.
Seules les 10 dernières pages semblent prophétiques des attentats du 13 novembre.
A éviter
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Comment donc, nous avons arrosé ces cités de milliards d’euros et elles n’en flambent que de plus belle ! Les Français qui découvrent (il était temps !) que toute une part de la population dite française les hait et les appelle (art de vivre oblige) « fromages » ! On les hait parce qu’ils sont blancs, vaguement chrétiens, censément riches. On les hait parce qu’on les sent affaiblis, incertains de leur identité, enclins à la perpétuelle autoflagellation. On hait leur république et on siffle son hymne national. On rejette la laïcité que les Français ont conquise dans d’âpres luttes. On se moque d’eux car n’est-ce pas comique d’accueillir dans sa patrie, nourrir, loger, soigner ceux qui vous haïssent et vous méprisent ?
La France est haïe, car les Français l’ont laissée se vider de sa substance, se transformer en un simple territoire de peuplement, en un petit bout d’Eurasie mondialisée. Ceux qui brûlent les écoles, qu’ont-ils pu apprendre de leurs professeurs sur la beauté, la force et la richesse de la francité ?
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La parole… La possibilité de tout dire, sans censure, ou à l’encontre de la censure. Le « malheur français » d’aujourd’hui dont parle si bien Jacques Julliard serait-il lié à cette mutité qui s’est imposée autour de certains sujets, à la peur qui s’installe dès la simple évocation de tel ou tel évènements ?
La force de la francité, cette liberté avec laquelle la pensée abordait l’homme, la cité et l’Histoire, cette furie intellectuelle française, si peu cartésienne, a cédé la place aux prudentes approches de déminage. Oui, c’est ainsi qu’apparaît, de nos jours, le Français pensant : une intelligence affublée d’innombrables couches de protection et qui tâtonne, se faufile entre les interdits, rampe sur un champ de mines, tout effrayée d’une possible explosion.
Et si toutes les mines étaient imaginaires ? Et si on n’était pas obligé, en engageant une franche discussion, de soupeser les caractéristiques ethniques, sociales, sexuelles, etc., de son interlocuteur et de se censurer en fonction de ces critères ? Et si on pouvait se relever er parler à voix haute ? Comme Voltaire à ses meilleures heures. Comme Hugo sur son île.
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La France est haïe car les Français l'ont laissée se vider de sa substance , se transformer en un simple territoire de peuplement , en un petit bout d'Eurasie mondialisée . Ceux qui brûlent les écoles , qu'ont - ils pu apprendre de leurs professeurs sur la beauté , la force et la richesse de la francité ?
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Leur faire comprendre que la saine alternance démocratique est devenue depuis longtemps, dans ce pays, une machine destructrice : pour des raisons de pure idéologie, la soi-disant gauche démolit ce que craintivement et honteusement essaye de replâtrer la soi-disant droite, tout cela sur les sables mouvants d'un flirt obscène avec les intérêts des groupes de pression. 
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Parler de la fameuse « discrimination positive », concept pernicieux qui trahit une attitude infantilisante et infériorisante envers le « discriminé ».
Parler de la responsabilité individuelle si facile à oublier dans « le modèle social français » fondé sur la « baraka » décidée par l’Etat-providence.
Expliquer que ce modèle a vécu, car il réunit dans son inefficacité les pires côtés du capitalisme spéculatif avec les pires tares du socialisme étatique : le mariage contre nature entre la flibuste économique au sommet et l’immobilisme corporatiste et bureaucratique à la base
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Videos de Andreï Makine (48) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andreï Makine
Augustin Trapenard reçoit Andreï Makine, écrivain, académicien, pour "L'Ancien Calendrier d'un amour", édité chez Grasset. Ce titre énigmatique fait référence à une "parenthèse enchantée" pendant laquelle Valdas et sa bien aimée peuvent vivre "en dehors de la comédie humaine" entre l'ancien calendrier de la Russie et le nouveau.  En effet, le livre raconte l'histoire d'un jeune aristocrate russe embarqué dans le tourbillon de la révolution de 1917 qui finira sa vie en France. L'homme fera l'expérience de l'amour et ne cessera jamais d'oublier celle qu'il a aimé. Son histoire c'est aussi l'histoire d'un exil, un exil qui rappelle celui connu par l'auteur. 

Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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