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Critique de Woland


Etoiles Notabénistes : *****

El Jardín de Bronce
Traduction : Claude Fell

ISBN : 9782330056896

A ce jour, il semble que ce "Jardin de Bronze" soit le seul ouvrage paru en notre langue de Gustavo Malajovich. Il s'agit d'un "pavé", où les détails abondent - l'auteur a une formation d'architecte et c'est, d'ailleurs, la profession de son héros, Fabián Danubio - et dont certains passages sont, je l'avoue, sur le fil des longueurs inutiles. le roman n'en demeure pas moins intéressant, voire passionnant à certains moments - et la chute doit être appréciée comme il se doit.

Cette impression de longueurs inutiles vient peut-être tout simplement de la plus grosse partie du roman, qui s'attache à décrire le véritable calvaire du couple Danubio (Fabián et Lila) lorsqu'ils comprennent que leur petite fille de quatre ans, Moira (rappelons, comme le fait l'auteur, que ce nom est l'une des appellations du Destin), pourtant accompagnée de sa nurse, Cecilia, une jeune Péruvienne des plus sérieuses, n'est jamais arrivée à l'anniversaire auquel elle avait été invitée un après-midi.

Certes, au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans le livre, on comprend mieux cette insistance de l'auteur. En outre, il a eu l'excellente idée d'animer cette partie-là avec un personnage que, en ce qui me concerne, j'ai jugé tout bonnement génial : Doberti , le détective privé en quête d'une affaire qui le change un peu de ses habituels conjoints trompés et de ces gens qui ont égaré tel ou tel objet de valeur hélas ! non assuré à sa juste valeur.

Il s'immisce dans l'enquête sans aucune gêne et il faut bien dire que, si elle progresse et si des pistes s'ouvrent devant lui et devant Fabián (bientôt tout à fait abandonné à sa solitude par une épouse fragile qui se suicide en se jetant de la fenêtre de leur appartement), c'est bien grâce à ce petit bonhomme aimable, mal fringué, à la frange qui ne retombe, paraît-il, que d'un seul côté du front, donnant ainsi l'illusion que l'un de ses yeux est plus haut que l'autre, et toujours prêt à faire montre d'audace lorsqu'il flaire quelque chose de surprenant ou de simplement insolite.

La police n'apprécie guère ce qu'elle considère plus ou moins comme une intrusion. Il faut bien admettre que, sur l'affaire Danubio, elle semble avoir mis le paquet, allant jusqu'à rameuter un inspecteur très connu mais qui appartient au département des Vols et non des Homicides, ce qui ne manque pas d'étonner Fabián et d'intriguer fortement Doberti. Silva, tel est le nom de l'inspecteur en question, est incontestablement une "pointure" dans son métier mais que vient-il faire là, qu'apporte-t-il en fait ? Il donne en tous cas beaucoup de conseils à Fabián, notamment après la découverte (grâce à Doberti) du cadavre de Cecilia. Et l'un de ses conseils majeurs est, justement, de laisser Doberti dans son coin et de se remettre en toute confiance à la seule action de la Police.

Mais la Police n'avance pas. On peut même dire qu'elle piétine. Et tout cela dure une bonne dizaine d'années. Jusqu'au moment où, sur le conseil de Doberti, qui n'a jamais oublié cette affaire, et avec son aide là-encore, Danubio décide de se mettre lui-même en chasse et de traquer jusqu'à la mort celui qui a détruit son foyer à tout jamais.

Cette volonté, renforcée par l'assassinat de Doberti, mènera Fabián très loin, tant physiquement, puisqu'il s'enfonce bien loin de Buenos Aíres, au sud, jusque dans la province d'Entre Ríos, que moralement car ce long et accablant voyage l'entraîne du même coup à découvrir bien des choses, à en comprendre certaines qu'il considérait sans importance et à effectuer une relecture de son passé à la lumière ténébreuse du "Journal", soigneusement tenu depuis des années, par l'assassin-ravisseur.

L'ensemble se tient mais il y manque tout de même quelque chose : je ne sais trop quoi exactement. Ce qui est étrange, c'est que l'on s'émeut et que, pourtant, tout ce qui se rapporte à Doberti excepté pour moi, on reste froid, détaché. On ressent bien l'excitation de la traque et, en parallèle, on se voit suivre tout cela d'un oeil presque indifférent. le personnage du ravisseur et sa folie sont admirablement décrits mais de façon quasi clinique. de la chaleur, de l'espoir, de l'authenticité surtout, on n'en trouve que chez Doberti.

Cela n'enlève évidemment rien à la qualité du travail de l'auteur : les péripéties de son intrigue sont bien agencées et même si l'on comprend un peu trop vite - c'est-à-dire, toujours à mon sens, un peu trop loin du final - le secret qui a motivé ses actes, la chute n'est pas loin de redresser tout cela. le problème, c'est que Malajovich voulait une fin heureuse. Et qu'il l'a écrite ... ;o(

Dommage pour les cyniques comme moi ou qui me lisent.

Pour autant, ne passez pas à côté de ce "Jardin de Bronze" : il est prometteur et permet de grands espoirs aux amateurs de romans noirs. ;o)
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