AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mfgaultier


Cet album au format imposant propose de suivre les pas de l'écrivain Céline en 1944 lorsqu'il décide de quitter Paris bombardé, avec sa femme Lucette et son fameux chat Bébert. L'équipage se dirige vers le Danemark, en traversant l'Allemagne, Berlin puis direction Sigmaringen où toute une communauté française de collabos s'est rassemblée, avec notamment Robert le Vigan, qui a déserté le tournage des enfants du Paradis…

Féru de littérature célinienne, le comédien Christophe Malavoy a signé le scénario et est l'initiateur de ce projet. Les frères Paul et Gaëtan Brizzi ont dessiné les planches de cette BD haute en couleurs, et ce malgré des dessins très expressifs en noir et blanc, qui semblent tout droit sortis d'un film d'animation, la spécialité des Brizzi.

On ne se lasse pas de contempler les visages des personnages, souvent déformés par moult émotions, la peur, la surprise, la gaîté, la folie... Les frères Brizzi ont opté pour des traits proches de la caricature et vu le contexte historique, c'est un très bon choix, car cela renvoie à toute la propagande de l'époque. Pour traduire l'univers si particulier de Céline, le burlesque des personnages de cette cavale dégouline à toutes les pages. le docteur Destouches rencontre en effet sur sa route pas mal de mines patibulaires, toutes plus ridicules les unes que les autres. D'ailleurs, une des scènes les plus burlesques est l'arrivée du docteur Destouches chez le comte von Leiden. A moins que ce ne soit la découverte de la colonie de Sigmaringen, dans le sud de l'Allemagne, véritable repaire de collabos…

Le scénario est un régal, un festival de bons mots, où la truculence des dialogues le dispute à la folie ambiante. Christophe Malavoy semble s'être régalé, les fins connaisseurs de l'oeuvre de Céline devraient apprécier (Eric je pense que tu vas aimer !). Céline a écrit une trilogie sur cet épisode personnel : D'un château l'autre, Nord et Rigodon. Christophe Malavoy reprend des passages de ces oeuvres, mais aussi de Mort à crédit ainsi que des passages de sa correspondance.

En jetant un coup d'oeil sur les planches de ce curieux album, entre biographie dessinée et adaptation littéraire, j'ai l'impression que certains dessins vont s'animer tant le découpage des actions est rondement mené, d'ailleurs en lisant une interview des frères Brizzi on comprend que la BD est quasiment un story-board car au départ ce devait être un film d'animation.

Du très beau travail, qui donne sacrément envie de lire Céline, d'approcher cette prose noire et en même temps si forte, drôle de mélange dont nous avons un aperçu ici. Ce peut être aussi l'occasion de réviser notre jugement sur cet écrivain décrié -à raison- pour ses positions extrémistes. La BD redore un peu son blason, en le montrant certes misanthrope mais aussi humaniste, notamment lorsqu'il soigne sans rechigner ses prochains.

Lien : http://blogs.lexpress.fr/les..
Commenter  J’apprécie          160



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}