Éminente représentante de la narration non-fictionnelle et de la littérature du réel, la journaliste
Janet Malcolm publie "La Femme silencieuse" en 1994 aux Etats-Unis, plus de trente ans après le suicide de
Sylvia Plath. Elle y dissèque avec finesse le foisonnement de discours, de biographies, de témoignages qui ont exacerbé la légende littéraire et personnelle de l'autrice, en figeant les protagonistes de sa vie dans des camps bien distincts, et notamment son mari
Ted Hughes qui fut parfois tenu pour responsable de sa mort. Retraçant avec une précision méticuleuse le devenir posthume de son oeuvre,
Janet Malcolm s'attache à libérer l'autrice des récits qui enserraient sa mémoire, quitte à prendre position, elle aussi, dans les débats et les querelles qui ont suivi sa disparition.
De cette vertigineuse enquête ressort une réflexion brillante sur l'entreprise biographique, les limites et les chausses-trappes auxquelles elle est nécessairement soumise, et l'illusion à vouloir dessiner une vie dans sa stricte vérité. Pour le lecteur de ce texte, c'est aussi le plaisir renouvelé de plonger dans le mystère d'une autrice dont l'oeuvre flamboyante continue de fasciner.
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