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Critique de songtsen


Jean-Baptiste Malet, journaliste, s'est fait engager comme des milliers d'intérimaires chaque année dans le monde merveilleux de Jeff Bezos, PDG d'Amazon, pour travailler dans un de ses gigantesques dépôts. Il nous révèle un monde très secret, et pour cause…
L'auteur nous décrit de l'intérieur l'effrayant système mis en place au nom du Dieu Profit, qui n'hésite pas à broyer de jeunes hommes et femmes fragilisés par la situation économique actuelle. Un véritable esclavage ! Et tout cela avec l'aide de l'Etat et avec notre complicité !
L'idéologie s'appelle le libertarianisme qui réfute toute intervention de l'Etat (sauf pour recevoir les subsides) : il rime avec anarchisme de l'économie, ou totalitarisme. Au fil des pages, nous voyons se déployer un véritable système concentrationnaire, où tout est fait pour exploiter, broyer et empêcher de penser. Un parallèle est vite fait avec une époque où l'entrée de certains camps était marquée du « Arbeit macht frei ». En Amazonie, cela s'affiche comme « Work hard, Have fun, Make history ». Les gardiens à l'entrée sont des agents de sécurité qui ne se privent pas de vous fouiller. Evidemment, le parallélisme est audacieux. Les gens ne viennent pas là par obligation, me direz-vous, mais ont-ils vraiment le choix quand dans une région, on vous dit : « ici, il n'y a qu'Amazon qui engage » ?
Certes, il y a le « Have fun » : entreprise jeune (tout simplement parce qu'on n'y fait pas de vieux os), où le tutoiement entre tous les employés est de rigueur (un peu comme le « Tu vaaas bien ? » des « Trois frères »), les cadeaux pour les enfants lors des fêtes, les jeux de quizz chaque semaine avec des bons d'achat Amazon pour le gagnant, etc… N'y avait-il pas aussi un orchestre pour accueillir les nouveaux venus dans de certains camps ?
Ce qui est différent, c'est le côté subtil de l'emprise exercée sur les esclaves ; tout est dissimulé sous une culture d'entreprise où chacun doit rentrer dans le rang pour le bien du groupe. La carotte agitée au bout du bâton devant les yeux des intérimaires est le CDI du salut que très peu obtiendront. La délation est encouragée. Les syndiqués sont soupçonnés, intimidés. le meilleur des mondes est en nos murs ! Sommes-nous tombés si bas pour que collectivement nous acceptions cela ? Nous signons ainsi l'arrêt de mort des libraires indépendants, du livre et de la pensée libre. J'ai pris ma décision de citoyen : je ne serai plus client d'A-naz-one.
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