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Critique de Fortuna


L'auteur part en guerre contre les chimères qui détruisent nos vies. Particulièrement visées : les religions monothéistes qui nous empêchent de profiter pleinement de nos vies ici-bas pour nous proposer, à condition de mener une existence pieuse, une vie éternelle merveilleuse. Contrairement aux dieux de l'antiquité qui étaient très proches des hommes et jouissaient des même plaisirs sensuels, le Dieu des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans impose des règles strictes, une morale, parfois même une vie de souffrance, ou son sacrifice pour être pleinement récompensé dans l'au-delà…

C'est le Christianisme, sujet principal de ce livre, qui semble aller le plus loin dans le culte de la souffrance, la mortification et la mort, le rejet de la sexualité, péché mortel, toléré uniquement dans le cadre du mariage religieux et pour la reproduction. Les deux autres religions sont assez strictes sur les règles qui régissent la vie quotidienne et les relations hommes/femmes mais moins portées sur l'ascétisme ou le culte de la virginité, véritable aberration d'après Vitaly Malkin qui voit dans une sexualité épanouie une des conditions du bonheur humain.

Le livre est divisé en une série de chapitres, illustrés de manière très suggestive, qui traitent des chimères, du problème du Mal – pourquoi Dieu le tolère-t-il ? pour punir les hommes ? – de la mort, de la souffrance, du combat contre les plaisirs, contre le sexe, et un chapitre spécial sur l'interdit de l'onanisme. Donc une religion comme source de frustration, contraire à la raison qui intime à l'homme de vivre le mieux possible sa brève vie sur terre. Seul le bouddhisme y échappe mais parce que pour lui la vie sur terre n'est déjà que souffrance, donc inutile d'en rajouter.

L'auteur qui a connu le communisme, fait quelques références au parallélisme qu'il peut observer face au totalitarisme et à la répression que véhicule le monothéisme. Si quelques-unes de ces analyses sont intéressantes car il amène le regard d'un observateur extérieur sans préjugés, il présente certaines limites car il a choisi de ne présenter que les aspects très négatifs et répressifs de la religion. D'autre part cet ouvrage m'a paru très long, parfois redondant, surtout ses affirmations sur la sexualité, qui beaucoup plus libre dans nos sociétés de consommation est tombée dans d'autres excès pas forcément plus épanouissants… Enfin on peut penser que pendant des siècles de chrétienté les hommes n'ont pas mené des vies aussi austères et frustrantes qu'il ait fallu attendre la fin du 20e siècle pour pouvoir pleinement vivre…tout en assistant au retour du religieux, l'islam, et surtout l'islamisme, peu développé par l'auteur alors que très actuel, peut-être par crainte de représailles…Bien que son analyse éclaire les raisons du repli du christianisme dans nos sociétés post-soixante-huitardes et l'attrait que peut exercer l'islam, religion plus simple d'accès parmi des populations qui ne se reconnaissent pas dans le modèle des sociétés occidentales laïques. Et qui apporte à certains l'illusion d'une revanche et de la mort en martyr.

Donc certes la religion est une chimère qui s'est avérée – et l'est toujours – très destructrice, mais elle doit être envisagée comme une forme de pouvoir et rattachée à un contexte historique pour être comprise. Il est certain que l'homme doit s'en libérer, mais aussi de tout ce qui la rend possible, voir apparemment nécessaire, ainsi que de toutes les chimères qui le détournent de son vrai combat, un monde plus juste, apaisé, fondé sur des valeurs humaines et non sur l'argent roi, où la religion n'aura plus de raison d'être. le chemin risque d'être encore long…
Donc avis mitigé à propos de ce texte qui aurait pu être allégé et aéré, mieux corrigé (j'y ai relevé beaucoup de coquilles et de répétitions) et qui finalement nous laisse sur notre faim…Merci à Babelio et aux éditions Herman.
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