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Critique de Bookycooky


Bruit et fureur, frénésie et passivité, L'Inde ou plutôt le sous-continent indien où l'on compte pas moins de dix-huit langues officielles et vingt-deux mille dialectes, dont certains sont parlés par plusieurs millions d'habitants est un choc culturel violent pour le cinéaste Louis Malle, qui y débarque pour la première fois à l'automne 1967 pour un festival de films. Un séjour prévu de quinze jours sera finalement de deux mois. Quand il retourne à Paris en décembre, il n'a qu'une idée en tête , y retourner. En janvier 1968 , camera à l'épaule il y repart, à l'aventure, percer le secret de ce pays régit par les castes, une notion incompréhensible pour un occidental. Il a envie de faire un film sur les Indes, "un film sans scénario, sans fiction, sans idée préconçue ".

En Inde , si vous êtes un occidental il faut oublier votre origine et surtout ne pas essayer de comprendre par une logique, un raisonnement à l'occidentale, sinon déjà vous serez perdu, mais outre vous ne pourriez apprécier ce que ce pays vous offre comme richesse de points de vue sur des existences très contradictoires aux votres. L'occasion à jamais pour se livrer à une réflexion sur vous-même , et c'est cela qu'aimerait tenter Louis Malle, surtout que pour lui les contradictions sont les ressorts de la création. Ces quatre mois de tournage en Inde seront pour le cinéaste alors de 36 ans, une seconde adolescence, qui aboutira à une maturité moins bourgeoise, plus révolutionnaire, vu qu'aussi il débarque à son retour dans un Paris en pleine effervescence de Mai 68. La série de sept films documentaires intitulés "L'Inde fantôme "et le long métrage "Calcutta" * qu'il en tirera seront sujet à des polémiques surtout pour les indiens qui accepteront mal leur misère étalée sur ces images.
Là j'aimerais rapporter les paroles de Denis Vital avec lesquelles je suis d'accord ( enseignant de l'Inde a l'EHESS), " Il nous montre des images fascinantes mais qui sont clairement faites à l'intention du spectateur occidental.... C'est le point de vue d'un voyageur intelligent, discret, sensible et qui dispose de quatre mois pour visiter ce pays, dans le cadre d'un itinéraire classique et sans surprise. Mais ils n'instaurent pas véritablement un dialogue visuel. Malgré leur qualité indéniable on a parfois l'impression d'avoir affaire à une sorte de voyeurisme."

Un livre intéressant, doté d'une préface longue et détaillée du critique cinématographique Robert Grélier qui situe ce voyage dans la vie et la cinématographie de Malle et donne les différences d'opinions sur les documentaires réalisés qui seront aussi interdits ou censurés de part le Monde, ("Le regard de Louis Malle est celui d'un homme curieux, mais qui demeure toutefois superficiel, parce que sa présence sur le terrain fut beaucoup trop courte"), suivi de son carnet de voyage.
La préface est indispensable mais c'est surtout le carnet qui m'a plue avec sa désarmante sincérité, aux réflexions assez désespérées, aux jugements souvent condescendantes de “petit français “( ses propres termes) qui m'ont un peu énervée , vu le terrain totalement inconnu où il s'est aventuré . Ce n'est pas un livre pour connaître l'Inde, c'est un livre pour curieuses et curieux qui aimeraient lire les impressions d'un occidental , habitué à regarder le monde à travers l'objectif d'une caméra, sur un pays ou plutôt un continent extrêmement complexe.

"L'Inde c'est pratique, parce qu'on peut remonter des aborigènes jusqu'a l'usine atomique, à quelques kilomètres de distance."
"... de nombreuses notations sur une civilisation que nous avons beaucoup de mal à comprendre, comme ce "sadhu" qui a fait voeu il y a sept ans de ne plus se coucher, de ne plus s'asseoir, et qui se tient debout sous un arbre, entouré de fidèles..."

*Pour qui ça intéresse il y a sur Internet des fragments de ces documentaires.
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