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EAN : 9782070775101
240 pages
Gallimard (13/10/2005)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Après un premier voyage en Inde en 1967, Louis Malle n'aura de cesse de retrouver ce pays. Il y retourne en janvier 1968, « résolu à changer de vie et de cinéma », avec une équipe restreinte : un preneur de son, un cadreur. La durée du séjour est indéterminée. Le projet : faire un film subjectif et libre sur l'Inde, sans scénario, sans fiction, et surtout sans idée préconçue, avec deux modèles puisés non dans l'histoire du cinéma mais dans celle de la littérature : ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Bruit et fureur, frénésie et passivité, L'Inde ou plutôt le sous-continent indien où l'on compte pas moins de dix-huit langues officielles et vingt-deux mille dialectes, dont certains sont parlés par plusieurs millions d'habitants est un choc culturel violent pour le cinéaste Louis Malle, qui y débarque pour la première fois à l'automne 1967 pour un festival de films. Un séjour prévu de quinze jours sera finalement de deux mois. Quand il retourne à Paris en décembre, il n'a qu'une idée en tête , y retourner. En janvier 1968 , camera à l'épaule il y repart, à l'aventure, percer le secret de ce pays régit par les castes, une notion incompréhensible pour un occidental. Il a envie de faire un film sur les Indes, "un film sans scénario, sans fiction, sans idée préconçue ".

En Inde , si vous êtes un occidental il faut oublier votre origine et surtout ne pas essayer de comprendre par une logique, un raisonnement à l'occidentale, sinon déjà vous serez perdu, mais outre vous ne pourriez apprécier ce que ce pays vous offre comme richesse de points de vue sur des existences très contradictoires aux votres. L'occasion à jamais pour se livrer à une réflexion sur vous-même , et c'est cela qu'aimerait tenter Louis Malle, surtout que pour lui les contradictions sont les ressorts de la création. Ces quatre mois de tournage en Inde seront pour le cinéaste alors de 36 ans, une seconde adolescence, qui aboutira à une maturité moins bourgeoise, plus révolutionnaire, vu qu'aussi il débarque à son retour dans un Paris en pleine effervescence de Mai 68. La série de sept films documentaires intitulés "L'Inde fantôme "et le long métrage "Calcutta" * qu'il en tirera seront sujet à des polémiques surtout pour les indiens qui accepteront mal leur misère étalée sur ces images.
Là j'aimerais rapporter les paroles de Denis Vital avec lesquelles je suis d'accord ( enseignant de l'Inde a l'EHESS), " Il nous montre des images fascinantes mais qui sont clairement faites à l'intention du spectateur occidental.... C'est le point de vue d'un voyageur intelligent, discret, sensible et qui dispose de quatre mois pour visiter ce pays, dans le cadre d'un itinéraire classique et sans surprise. Mais ils n'instaurent pas véritablement un dialogue visuel. Malgré leur qualité indéniable on a parfois l'impression d'avoir affaire à une sorte de voyeurisme."

Un livre intéressant, doté d'une préface longue et détaillée du critique cinématographique Robert Grélier qui situe ce voyage dans la vie et la cinématographie de Malle et donne les différences d'opinions sur les documentaires réalisés qui seront aussi interdits ou censurés de part le Monde, ("Le regard de Louis Malle est celui d'un homme curieux, mais qui demeure toutefois superficiel, parce que sa présence sur le terrain fut beaucoup trop courte"), suivi de son carnet de voyage.
La préface est indispensable mais c'est surtout le carnet qui m'a plue avec sa désarmante sincérité, aux réflexions assez désespérées, aux jugements souvent condescendantes de “petit français “( ses propres termes) qui m'ont un peu énervée , vu le terrain totalement inconnu où il s'est aventuré . Ce n'est pas un livre pour connaître l'Inde, c'est un livre pour curieuses et curieux qui aimeraient lire les impressions d'un occidental , habitué à regarder le monde à travers l'objectif d'une caméra, sur un pays ou plutôt un continent extrêmement complexe.

"L'Inde c'est pratique, parce qu'on peut remonter des aborigènes jusqu'a l'usine atomique, à quelques kilomètres de distance."
"... de nombreuses notations sur une civilisation que nous avons beaucoup de mal à comprendre, comme ce "sadhu" qui a fait voeu il y a sept ans de ne plus se coucher, de ne plus s'asseoir, et qui se tient debout sous un arbre, entouré de fidèles..."

*Pour qui ça intéresse il y a sur Internet des fragments de ces documentaires.
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« Comment peut-on être Indien ? La grande question, l'étrangeté, la différence, l'exotisme, le folklore, qui revient toujours au galop (alors que la nature, mon oeil). Ces regards troublants, inexplicables, [ ] nous qui les filmons sans les comprendre, eux qui nous regardent les filmer comme si nous étions des martiens. Deux mondes qui se touchent sans se pénétrer. [ ] Ma tentative désespérée de sortir de ma peau, de comprendre le monde (et moi-même), d'être un autre [ ]. » p204

Ce livre rend compte de la sidération de Malle en Inde. En 1968, pendant son séjour de quatre mois, accompagné d'un cameraman et d'un preneur de son, Malle pose un regard vierge, dénué de tout a priori, sur les hommes et les femmes de Calcutta, Bombay, Delhi et d'autres contrées.

« le film ne juge pas, ne démontre pas. Il ne prétend pas être exhaustif, il est un document, un témoignage. [ ] Ce que nous voulions atteindre, c'est un dépouillement absolu, qui nous aurait conduit à l'effacement [ ]. Je n'aurais jamais pu faire ce film il y a cinq ans, car j'étais trop imprégné de la scène, de la dramaturgie et de la fiction. » p58
« En tant que cinéaste, j'ai décidé de tout oublier, de repartir de zéro. » p121

Le fil rouge, ce sont les incessantes interrogations de Malle sur sa propre démarche ; il sait que, en tant qu'Occidental, il lui est impossible de comprendre.
De retour en France, le cinéaste passe toute une année en salle de montage. Résultat : le long métrage Calcutta et le cycle de sept court métrages l'Inde fantôme.
Le livre comprend une introduction détaillée, suivie par le bref carnet de voyage (à peine cent pages).

Extraits :
« Indiens, je ne vous ai pas compris ». p222
« Qu'est-ce que je fais là ? » p224
« L'impression c'est l'enfer, mais, au-delà, cette prodigieuse poussée vitale, cette énergie. » P230.
« Les 4 impératifs de tout hindou, quel qu'il soit :
1. Reconnaissance du Veda comme texte sacré
2. Culte des fleuves
3. Adoration de la vache
4. Couleur de peau » p174
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Calcutta n'existait pas avant les Anglais. Construite à l'emplacement d'un village de pêcheurs, la ville s'est développée strictement pour les besoins du colonialisme. À la fin du XVIIIe siècle La Compagnie des Indes, en ruinant Le Bengale, a fait rentrer en Angleterre des capitaux considérables qui ont permis le démarrage de la révolution industrielle et du capitalisme anglais.
P.87
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