Pour préparer un voyage au Cambodge…
A la relecture, bien des années après, ce ne sont pas les réflexions sur la mort qui attirent l'attention. Quelques lignes pourtant sur un sujet sérieux (!)… La mort rend la vie absurde. Les personnages du roman tentent de résister, de s'échapper. La fuite dans l'érotisme est une illusion. Ils n'y trouvent que solitude et déchéance. Restent l'action et l'aventure pour donner sens à l'existence - à moins que ce ne soit l'art : Claude Vannec part à la recherche de statues Khmers au-delà du temps, à la recherche des « Voix du Silence ».
Le plaisir du lecteur est plutôt dans la création romanesque, dans la description de la forêt, étouffante, où on se sent piégé, dans la montée de l'angoisse quand les Moï viennent lentement se poster autour de la case où sont réfugiés Claude et Perken, dans des scènes inoubliables : Grabot attaché à la roue d'un puits ; le crâne du gaur, fixé sur un poteau à l'entrée du village, qui se met à saigner ; la course désespérée de Claude et de Perken mourant vers les montagnes alors qu'on suit la progression menaçante des tribus et de l'armée par les fumées toutes proches de leurs camps… Ce roman est aussi un roman d'aventure revisité. Ce sont ces scènes qui expriment vraiment ce qu'est pour
Malraux la condition humaine.
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