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Critique de Kirzy


Une simple rue peut séparer la raison de la folie.
Après la mort prématurée de sa femme, Marc se retrouve seul à élever deux fils en bas âge. Situation tragique dans un décor banal, une banlieue périurbaine, tranquille, sans histoire, un lotissement, des pavillons, des canisses pour séparer chaque terrain et gagner un peu d'intimité.

Marcus Malte sait parfaitement tirer profit de cet univers a priori fade pour tisser l'emprise de l'obsession et de la paranoïa qui embrase son personnage. Marc est persuadé que c'est la faute de la maison si sa femme est morte, que s'il avait choisi la maison des voisins, rien ne serait arriver, y a qu'à voir comme ils y sont heureux.

« Maintenant que j'y songe, la chatte Guimauve elle s'est fait écraser dans les tout premiers jours de notre arrivée. Ça ne faisait pas une semaine qu'on avait emménagé ici. On aurait dû comprendre que c'était un signe. Une sorte d'avertissement. Je m'en veux, c'est moi qui aurais dû y penser. E, face, ce n'était pas encore vendu. Ce ,'était pas trop tard pour changer. On n'avait pas déballé la moitié des cartons. Il suffisait de traverser la rue pour inverser le sort. C'est moi qui serais allé déposer un petit mot dans sa boite aux lettres à lui.Ses condoléances, ça me fait une belle jambe. Dire qu'il suffisait de traverser. »

Dans cette promiscuité pavillonnaire, tout devient inquiétant à mesure que la folie monte avec sa logique imparable, surtout ses canisses qui permettent d'espionner ses voisins, de connaitre par coeur leur emploi du temps.

La construction est limpide, impeccable, faite d'ellipses qui font montée en puissance un récit de plus en plus glaçant, le condensant jusqu'à ce qu'il a de plus intense pour ne laisser aucun répit au lecteur. le choix de la narration est très pertinent, c'est Marc qui raconte à coups de phrases courtes, nerveuses, quasi des monologues qui nous place en plein dans la tête et les émotions névrosées du narrateur, sans aucune retenue ou volonté d'occulter quoi que ce soit.

Et en plus au coeur de ce récit magistralement mené, se trouve une réflexion très contemporaine sur le droit au bonheur, sur l'individualisme forcené qui phagocyte de notre société à l'extrême. Percutant.
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