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Une simple rue peut séparer la raison de la folie.
Après la mort prématurée de sa femme, Marc se retrouve seul à élever deux fils en bas âge. Situation tragique dans un décor banal, une banlieue périurbaine, tranquille, sans histoire, un lotissement, des pavillons, des canisses pour séparer chaque terrain et gagner un peu d'intimité.

Marcus Malte sait parfaitement tirer profit de cet univers a priori fade pour tisser l'emprise de l'obsession et de la paranoïa qui embrase son personnage. Marc est persuadé que c'est la faute de la maison si sa femme est morte, que s'il avait choisi la maison des voisins, rien ne serait arriver, y a qu'à voir comme ils y sont heureux.

« Maintenant que j'y songe, la chatte Guimauve elle s'est fait écraser dans les tout premiers jours de notre arrivée. Ça ne faisait pas une semaine qu'on avait emménagé ici. On aurait dû comprendre que c'était un signe. Une sorte d'avertissement. Je m'en veux, c'est moi qui aurais dû y penser. E, face, ce n'était pas encore vendu. Ce ,'était pas trop tard pour changer. On n'avait pas déballé la moitié des cartons. Il suffisait de traverser la rue pour inverser le sort. C'est moi qui serais allé déposer un petit mot dans sa boite aux lettres à lui.Ses condoléances, ça me fait une belle jambe. Dire qu'il suffisait de traverser. »

Dans cette promiscuité pavillonnaire, tout devient inquiétant à mesure que la folie monte avec sa logique imparable, surtout ses canisses qui permettent d'espionner ses voisins, de connaitre par coeur leur emploi du temps.

La construction est limpide, impeccable, faite d'ellipses qui font montée en puissance un récit de plus en plus glaçant, le condensant jusqu'à ce qu'il a de plus intense pour ne laisser aucun répit au lecteur. le choix de la narration est très pertinent, c'est Marc qui raconte à coups de phrases courtes, nerveuses, quasi des monologues qui nous place en plein dans la tête et les émotions névrosées du narrateur, sans aucune retenue ou volonté d'occulter quoi que ce soit.

Et en plus au coeur de ce récit magistralement mené, se trouve une réflexion très contemporaine sur le droit au bonheur, sur l'individualisme forcené qui phagocyte de notre société à l'extrême. Percutant.
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Une maison dans un lotissement. Un couple heureux. Deux gamins âgés de six ans et quatre ans.
Lui, il la trouve belle sa femme. Il le lui dit. Il continue à la trouver belle malgré ses trente-neuf kilos, son foulard qui ne dissimule pas les cheveux qu'elle n'a plus.

Pourquoi? Pourquoi le sort le frappe-t-il, lui, eux, elle qui n'est déjà plus?
Et pourquoi les voisins d'en face continuent -ils d'être heureux? le petit mot de condoléance n'entame pas leur vie.
Seul les comment trouvent réponse. Les pourquoi se cognent à l'inexplicable, à la désespérante absence de sens. Lorsqu'il s'agit de donner sens au malheur, l'esprit dérape. Lorsqu'il s'agit de modifier l'irrévocable,la déraison pointe.

En quelques quatre-vingts pages maîtrisées, dans une langue parlée impeccable, Marcus Malte narre la lente dérive de l'esprit qui refuse la plus dure des épreuves.
Toujours plate, la tonalité du texte, évitant hystérie et colère, colle toujours plus à une apparente normalité sans cesse démentie. Et c'est dans les ellipses que l'effroi prospère.

De la fixation sur la gaufre nourricière qui élimine le conflit alimentaire avec ses deux gamins, à la fixation sur la maison d'en face abjectement heureuse, le long monologue de l'époux questionne le moment qui l'a projeté dans le deuil, qui a pulvérisé son existence.
Et si le malheur s'expliquait pas un mauvais choix initial? S'il avait suffi d'acheter l'autre maison, celle des voisins d'en face qui vivent tranquillement sans paraître mériter mieux? Une grossière erreur de choix impardonnable. Et si tout était encore rattrapable? S'il suffisait de traverser la rue, de s'installer là-bas?
Insensiblement, l'histoire ordinaire glisse vers l'horreur froide d'une paranoïa que rien ne peut arrêter.

La douleur ne rend pas meilleur. Elle creuse ses galeries jusqu'à ce que l'esprit ne soit plus que crevasse.
Magistral!
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Il est vrai qu'après la mort d'un très proche, ressentie comme une injustice, une question remonte à la surface, insidieusement, presque malgré soi : pourquoi moi, pourquoi nous ?...pourquoi pas eux, les voisins ou les autres ?

Pour le mari de Nadine, devenu veuf avec deux petits garçons à charge après la mort de sa femme, emportée par un cancer, cette question qui a jailli du chagrin, de la colère et de l'impuissance, devient une obsession.
Épiant, derrière les cannisses de la terrasse, la petite famille "du bonheur" d'en face, il se demande si (!) à l'époque de leur installation dans le quartier, il aurait signé pour l'achat de cette maison-là, Nadine sera peut-être toujours en vie aujourd'hui... Faut-il chercher la félicité qu'il souhaite préserver pour ses fils, dans ce pavillon précis ? Est-ce que ces voisins-là n'usurpent pas la place qui leur (!) est dû ?

Dans un style proche du minimalisme et par des phrases courtes, l'auteur nous amène pertinemment à assister au deuil de cet homme, que l'affliction pousse dans une folie dont il n'a pas conscience, persuadé que sa femme (même morte), lui et leurs enfants ont -comme ces autres- encore droit au bonheur.
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« Le bonheur ne consiste pas à acquérir et à jouir, mais à ne rien désirer, car il consiste à être libre. » disait Epictète.

Dans cette novella, Marcus Malte nous dresse le portrait d'un homme qui tente de refaire surface suite à la mort de son épouse Nadine.
Le bonheur, ils le connaissaient bien.
Ils vivaient heureux, en province, dans leur petit lotissement neuf, avec leurs deux petits garçons Hugo et Dylan.
Mais aujourd'hui avec l'absence de son épouse, rien n'est comme avant.
Le bonheur s'effrite. le vide se creuse.
Ceux qui vivent en face n'ont pas ces problèmes.
Il le sait puisqu'il les observe tous les jours à travers les cannisses de sa terrasse.
Eux, vivent en couple. Eux, partagent leur bonheur avec leur gamine. Et tout cela devant ses yeux, comme pour le narguer…
Pourquoi doit-il souffrir et pas eux ?

C'est dans cette ambiance dévorante que Marcus Malte nous plonge dans une drôle de folie avec ce huis-clos… cet homme qui cherche désespérément à retrouver son bonheur d'antan en jalousant ses voisins.
On découvre à travers ces 84 pages haletantes les situations de plus en plus dangereuses dans lesquelles il s'engouffre.
C'est palpitant !
On est pris d'empathie pour cet homme alors qu'il s'enferme dans une spirale délirante.
Pour une histoire très courte, je dois dire que l'auteur est au top ! Il réussit à nous écrire en très peu de pages une histoire surprenante dans laquelle on ne s'ennuie pas une seconde.
La psychologie du protagoniste est brillamment développée. En plus, il exprime ses pensées à la première personne du début à la fin. On est donc bien ancré dans sa tête pour nous conduire inexorablement dans un malaise grandissant.

Cette novella m'a fortement fait penser au film espagnol Hogar, dont le titre français est Chez moi, que j'avais également apprécié.
Bref, une excellente lecture dont je me souviendrai longtemps je pense.
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J'ignorais tout de Marcus Malte, en tant qu'auteur de romans noirs… J'ai découvert cet écrivain avec un grand enthousiasme en lisant « le garçon », roman différent de son registre habituel…

Par curiosité j'ai emprunté cet opus à la bibliothèque Buffon [ Paris / Près du Jardin des Plantes ]… Intriguée par le titre, le sujet inquiétant…J'ai été « gâtée » dans le Noir, très noir…Je ne suis pas sûre que cela soit le registre de l'auteur que je préfère, même si l'intrigue, le suspens sont rondement menés, fortement efficaces… Une sorte de montée du Monstrueux, de l'Inimaginable dans une sorte d'ordinaire et de BANAL…partagés par des millions d'individus !

Un homme, père de deux petits garçons, perd sa femme atteinte d'un cancer… Il est dans la douleur absolue… Ses très jeunes fils ne comprenant pas l'absence brutale de leur maman obligent leur père, par leur présence, et leur très jeune âge, à vivre. Ils habitent une villa qu'ils ont choisie avec son épouse… Des cannisses le séparent de la villa voisine, qu'il ne peut s'empêcher de guetter, d'observer…La maison et ses habitants !

Il voit une famille heureuse, un couple, une petite fille, une maison…qui continuent à vivre alors qu'il a perdu la femme qu'il aimait. C'est INSUPPORTABLE !

Pourquoi sont –ils épargnés ? Pourquoi lui . Pourquoi ses enfants privés injustement de leur maman ? le chagrin est insupportable, il veut comprendre, il veut trouver une raison ; alors il se met en tête que c'est leur maison qui a porté malheur… Ils auraient dû choisir la maison des voisins ; il se persuade que c'est la maison des voisins qui lui faut ; que cette maison leur épargnera de nouveaux malheurs… le délire commence, enfle, augmente sans limite… le délire, la folie montent inexorablement dans une sorte de logique implacable… le suspens, l'inquiétude vont crescendo….

Je n'en écrirai pas plus…Efficace, terrifiant, réussi dans le genre très noir !…Comment La DOULEUR, un DEUIL dans une vie ordinaire peuvent faire basculer dans la déraison et des délires dont le protagoniste se persuade avec une logique implacable…et une amoralité glaçante !
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Le narrateur, père de deux enfants Hugo et Dylan dont la femme, qu'il a vu longuement dépérir, est décédée d'un cancer, nous fait témoin de sa souffrance. Souffrance qui prend un caractère obsessionnel et s'exacerbe face au bonheur de ses voisins qu'il observe à travers ses canisses.
Par quel mauvais tour du destin, finit-il par se dire, lui est resté seul avec ses enfants et sa souffrance et pas eux. Il en arrive à penser que la maison d'en face, la «maison du bonheur», que sa femme et lui auraient pu choisir à la place de la leur, les aurait préservés. Il va alors s'introduire progressivement chez ses voisins qu'il souhaite voir déménager....
Marcus Malte sait retenir par de petits détails de la vie quotidienne qui dérapent sans en avoir l'air avant de grossir et nous entraîner en douceur dans une spirale infernale où l'angoisse gagne et l'on est tenu en haleine jusqu'au dénouement final qui offre un total renversement de situation. Qu'il fasse court ou long cet auteur ne me déçoit pas et il se trouve en plus que j'aime les gaufres. Peut-être, après cette lecture, auront-elles une saveur différente !!!!
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84 pages. 84 petites pages dont on ressort pourtant éprouvé. Une novella plus marquante que beaucoup de romans fleuves, un uppercut.
« Cannisses », ou l'histoire de la douleur « ordinaire » qui conduit inexorablement à la folie. « Cannisses » ou une plongée au plus profond de la psyché du personnage principal, menée de main de maître par un Marcus Malte habité par son histoire.
Par un long monologue intérieur, l'auteur nous immerge dans les questionnements de son personnage. Un personnage débutant par les « pourquoi ?» (il vient de perdre sa femme suite à un cancer), pour arriver à des conclusions et une logique totalement délirante.
Devant l'inexplicable d'une telle situation, et le non-sens de la maladie, l'homme va s'enfermer dans un cheminement intérieur qui va progressivement l'emmener vers la folie et l'horreur.
Malte sait admirablement trouver les mots pour décrire cette dérive, nous plonger en pleine empathie avec le personnage dès les premières lignes pour rapidement nous enfoncer dans un malaise grandissant.
Tout est décrit avec subtilité, grâce à une écriture sobre (sous couvert de « normalité ») et expressive. Pas de grands effets, l'horreur est suggérée et (oserais-je le dire face à une telle histoire) le récit de Malte fourmille d'idées qui vous feront ouvrir de grands yeux à de nombreuses reprises.
Un petit texte, qui prend aux tripes et qui marque durablement les esprits et vous reste dans un coin de la tête longtemps après la 84ème page tournée.
Malte est un grand écrivain de la noirceur.
Lien : http://gruznamur.wordpress.com
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Un homme dont la femme est morte d'un cancer élève seul ses deux enfants.
Il ne travaille plus et passe son temps à épier les voisins à travers les cannisses du jardin.
Un couple heureux avec une petite fille.
Mais pourquoi est-ce sur lui que le malheur s'est abattu ?
Pourquoi eux, en face ont-ils plus droit au bonheur que lui ?
Avec l'intelligence et la concision de sa belle écriture, Marcus Malte démonte superbement le mécanisme d'une grande douleur qui évolue lentement vers la folie. On est pris petit à petit dans cette spirale infernale.
Décidément cet auteur a bien du talent !
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Un homme, qui vient de perdre sa femme malade d'un cancer, se met à envier le bonheur de ses voisins. Pourquoi le malheur s'est-il abattu sur lui alors qu'ils ont l'air si heureux à côté? Qu'est-ce qu'ils ont de plus que lui? Peut-être leur maison. S'il avait habité dans leur maison et eux dans la sienne peut-être que sa femme serait toujours vivante? Il suffit alors peut-être de les faire changer de maison pour retrouver le bonheur...

Voici un texte très court qui est une petite perle. Marcus Malte nous fait sombrer dans la folie du héros avec une grande maestria. le livre est toujours ambigu. On voit bien que le personnage est complètement fou mais, mais en même temps on est obligé de ressentir de la compassion pour son malheur. Par ailleurs nous avons tous un jour ou l'autre envié quelqu'un, or Marcus Malte se sert de ce sentiment commun pour faire dévier son héros vers des actes déraisonnables. C'est la force de ce livre. Même si nous ne franchissons pas les limites l'auteur arrive à nous mettre mal à l'aise avec nous-même. En racontant son histoire à la première personne il nous oblige à nous identifier avec son personnage un peu cintré. Il nous oblige à nous demander jusqu'où nous serions prêts à aller pour retrouver le bonheur...
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84 pages seulement mais ouah !! Il est un veuf inconsolable, il s'occupe comme il peut de ses 2 enfants, il est devenu le roi des gaufres et il passe son temps à épier les voisins d'en face planqué derrière les cannisses qui ferment sa terrasse (ne pas être vu mais tout voir !).
Et comme il pense sans arrêt à tout ce qu'ils auraient pu vivre avec Nadine son épouse adorée , trop vite partie, il commence à se dire que vraiment les voisins d'en face le narguent avec leur bonheur éclatant de jeune couple uni ,leur petite fille mignone comme un coeur et qu'ils habitent dans LA MAISON qu'ils auraient du choisir .....
84 pages c'est certes vite lu mais vous ne les oublierez pas de sitôt croyez moi , et je vais de ce pas chez mon libraire découvrir les autres livres de Marcus Malte :)
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