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EAN : 9782362240195
88 pages
ATELIER (08/03/2012)
3.95/5   97 notes
Résumé :
Dans un lotissement de province, un homme tente de surmonter la mort de sa femme et d'élever seul leurs deux enfants. Retranché derrière ses cannisses, il observe ses voisins : un couple et leur petite fille. Une famille unie, en bonne santé, qui vit avec insouciance et légèreté dans un pavillon semblable au sien. Des gens heureux. Pourquoi eux et pas lui ? A quoi ça tient, le bonheur ? A presque rien. A un fil. A l'emplacement d'une maison. A un numéro sur la façad... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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Une simple rue peut séparer la raison de la folie.
Après la mort prématurée de sa femme, Marc se retrouve seul à élever deux fils en bas âge. Situation tragique dans un décor banal, une banlieue périurbaine, tranquille, sans histoire, un lotissement, des pavillons, des canisses pour séparer chaque terrain et gagner un peu d'intimité.

Marcus Malte sait parfaitement tirer profit de cet univers a priori fade pour tisser l'emprise de l'obsession et de la paranoïa qui embrase son personnage. Marc est persuadé que c'est la faute de la maison si sa femme est morte, que s'il avait choisi la maison des voisins, rien ne serait arriver, y a qu'à voir comme ils y sont heureux.

« Maintenant que j'y songe, la chatte Guimauve elle s'est fait écraser dans les tout premiers jours de notre arrivée. Ça ne faisait pas une semaine qu'on avait emménagé ici. On aurait dû comprendre que c'était un signe. Une sorte d'avertissement. Je m'en veux, c'est moi qui aurais dû y penser. E, face, ce n'était pas encore vendu. Ce ,'était pas trop tard pour changer. On n'avait pas déballé la moitié des cartons. Il suffisait de traverser la rue pour inverser le sort. C'est moi qui serais allé déposer un petit mot dans sa boite aux lettres à lui.Ses condoléances, ça me fait une belle jambe. Dire qu'il suffisait de traverser. »

Dans cette promiscuité pavillonnaire, tout devient inquiétant à mesure que la folie monte avec sa logique imparable, surtout ses canisses qui permettent d'espionner ses voisins, de connaitre par coeur leur emploi du temps.

La construction est limpide, impeccable, faite d'ellipses qui font montée en puissance un récit de plus en plus glaçant, le condensant jusqu'à ce qu'il a de plus intense pour ne laisser aucun répit au lecteur. le choix de la narration est très pertinent, c'est Marc qui raconte à coups de phrases courtes, nerveuses, quasi des monologues qui nous place en plein dans la tête et les émotions névrosées du narrateur, sans aucune retenue ou volonté d'occulter quoi que ce soit.

Et en plus au coeur de ce récit magistralement mené, se trouve une réflexion très contemporaine sur le droit au bonheur, sur l'individualisme forcené qui phagocyte de notre société à l'extrême. Percutant.
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Une maison dans un lotissement. Un couple heureux. Deux gamins âgés de six ans et quatre ans.
Lui, il la trouve belle sa femme. Il le lui dit. Il continue à la trouver belle malgré ses trente-neuf kilos, son foulard qui ne dissimule pas les cheveux qu'elle n'a plus.

Pourquoi? Pourquoi le sort le frappe-t-il, lui, eux, elle qui n'est déjà plus?
Et pourquoi les voisins d'en face continuent -ils d'être heureux? le petit mot de condoléance n'entame pas leur vie.
Seul les comment trouvent réponse. Les pourquoi se cognent à l'inexplicable, à la désespérante absence de sens. Lorsqu'il s'agit de donner sens au malheur, l'esprit dérape. Lorsqu'il s'agit de modifier l'irrévocable,la déraison pointe.

En quelques quatre-vingts pages maîtrisées, dans une langue parlée impeccable, Marcus Malte narre la lente dérive de l'esprit qui refuse la plus dure des épreuves.
Toujours plate, la tonalité du texte, évitant hystérie et colère, colle toujours plus à une apparente normalité sans cesse démentie. Et c'est dans les ellipses que l'effroi prospère.

De la fixation sur la gaufre nourricière qui élimine le conflit alimentaire avec ses deux gamins, à la fixation sur la maison d'en face abjectement heureuse, le long monologue de l'époux questionne le moment qui l'a projeté dans le deuil, qui a pulvérisé son existence.
Et si le malheur s'expliquait pas un mauvais choix initial? S'il avait suffi d'acheter l'autre maison, celle des voisins d'en face qui vivent tranquillement sans paraître mériter mieux? Une grossière erreur de choix impardonnable. Et si tout était encore rattrapable? S'il suffisait de traverser la rue, de s'installer là-bas?
Insensiblement, l'histoire ordinaire glisse vers l'horreur froide d'une paranoïa que rien ne peut arrêter.

La douleur ne rend pas meilleur. Elle creuse ses galeries jusqu'à ce que l'esprit ne soit plus que crevasse.
Magistral!
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Il est vrai qu'après la mort d'un très proche, ressentie comme une injustice, une question remonte à la surface, insidieusement, presque malgré soi : pourquoi moi, pourquoi nous ?...pourquoi pas eux, les voisins ou les autres ?

Pour le mari de Nadine, devenu veuf avec deux petits garçons à charge après la mort de sa femme, emportée par un cancer, cette question qui a jailli du chagrin, de la colère et de l'impuissance, devient une obsession.
Épiant, derrière les cannisses de la terrasse, la petite famille "du bonheur" d'en face, il se demande si (!) à l'époque de leur installation dans le quartier, il aurait signé pour l'achat de cette maison-là, Nadine sera peut-être toujours en vie aujourd'hui... Faut-il chercher la félicité qu'il souhaite préserver pour ses fils, dans ce pavillon précis ? Est-ce que ces voisins-là n'usurpent pas la place qui leur (!) est dû ?

Dans un style proche du minimalisme et par des phrases courtes, l'auteur nous amène pertinemment à assister au deuil de cet homme, que l'affliction pousse dans une folie dont il n'a pas conscience, persuadé que sa femme (même morte), lui et leurs enfants ont -comme ces autres- encore droit au bonheur.
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« Le bonheur ne consiste pas à acquérir et à jouir, mais à ne rien désirer, car il consiste à être libre. » disait Epictète.

Dans cette novella, Marcus Malte nous dresse le portrait d'un homme qui tente de refaire surface suite à la mort de son épouse Nadine.
Le bonheur, ils le connaissaient bien.
Ils vivaient heureux, en province, dans leur petit lotissement neuf, avec leurs deux petits garçons Hugo et Dylan.
Mais aujourd'hui avec l'absence de son épouse, rien n'est comme avant.
Le bonheur s'effrite. le vide se creuse.
Ceux qui vivent en face n'ont pas ces problèmes.
Il le sait puisqu'il les observe tous les jours à travers les cannisses de sa terrasse.
Eux, vivent en couple. Eux, partagent leur bonheur avec leur gamine. Et tout cela devant ses yeux, comme pour le narguer…
Pourquoi doit-il souffrir et pas eux ?

C'est dans cette ambiance dévorante que Marcus Malte nous plonge dans une drôle de folie avec ce huis-clos… cet homme qui cherche désespérément à retrouver son bonheur d'antan en jalousant ses voisins.
On découvre à travers ces 84 pages haletantes les situations de plus en plus dangereuses dans lesquelles il s'engouffre.
C'est palpitant !
On est pris d'empathie pour cet homme alors qu'il s'enferme dans une spirale délirante.
Pour une histoire très courte, je dois dire que l'auteur est au top ! Il réussit à nous écrire en très peu de pages une histoire surprenante dans laquelle on ne s'ennuie pas une seconde.
La psychologie du protagoniste est brillamment développée. En plus, il exprime ses pensées à la première personne du début à la fin. On est donc bien ancré dans sa tête pour nous conduire inexorablement dans un malaise grandissant.

Cette novella m'a fortement fait penser au film espagnol Hogar, dont le titre français est Chez moi, que j'avais également apprécié.
Bref, une excellente lecture dont je me souviendrai longtemps je pense.
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J'ignorais tout de Marcus Malte, en tant qu'auteur de romans noirs… J'ai découvert cet écrivain avec un grand enthousiasme en lisant « le garçon », roman différent de son registre habituel…

Par curiosité j'ai emprunté cet opus à la bibliothèque Buffon [ Paris / Près du Jardin des Plantes ]… Intriguée par le titre, le sujet inquiétant…J'ai été « gâtée » dans le Noir, très noir…Je ne suis pas sûre que cela soit le registre de l'auteur que je préfère, même si l'intrigue, le suspens sont rondement menés, fortement efficaces… Une sorte de montée du Monstrueux, de l'Inimaginable dans une sorte d'ordinaire et de BANAL…partagés par des millions d'individus !

Un homme, père de deux petits garçons, perd sa femme atteinte d'un cancer… Il est dans la douleur absolue… Ses très jeunes fils ne comprenant pas l'absence brutale de leur maman obligent leur père, par leur présence, et leur très jeune âge, à vivre. Ils habitent une villa qu'ils ont choisie avec son épouse… Des cannisses le séparent de la villa voisine, qu'il ne peut s'empêcher de guetter, d'observer…La maison et ses habitants !

Il voit une famille heureuse, un couple, une petite fille, une maison…qui continuent à vivre alors qu'il a perdu la femme qu'il aimait. C'est INSUPPORTABLE !

Pourquoi sont –ils épargnés ? Pourquoi lui . Pourquoi ses enfants privés injustement de leur maman ? le chagrin est insupportable, il veut comprendre, il veut trouver une raison ; alors il se met en tête que c'est leur maison qui a porté malheur… Ils auraient dû choisir la maison des voisins ; il se persuade que c'est la maison des voisins qui lui faut ; que cette maison leur épargnera de nouveaux malheurs… le délire commence, enfle, augmente sans limite… le délire, la folie montent inexorablement dans une sorte de logique implacable… le suspens, l'inquiétude vont crescendo….

Je n'en écrirai pas plus…Efficace, terrifiant, réussi dans le genre très noir !…Comment La DOULEUR, un DEUIL dans une vie ordinaire peuvent faire basculer dans la déraison et des délires dont le protagoniste se persuade avec une logique implacable…et une amoralité glaçante !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Maintenant que j'y songe, la chatte Guimauve elle s'est fait écraser dans les tous premiers jours de notre arrivée. Ça ne faisait pas une semaine qu'on avait emménagé ici. On aurait dû comprendre que c'était un signe. Une sorte d'avertissement. Je m'en veux, c'est moi qui aurais dû y penser. En face, ce n'était pas encore vendu. Ce n'était pas trop tard pour changer. On n'avait pas déballé la moitié des cartons. Il suffisait de traverser la rue pour inverser le sort. C'est moi qui serais allé déposer un petit mot dans sa boîte aux lettres à lui. Ses condoléances, ça me fait une belle jambe. Dire qu'il suffisait de traverser. (p.17)
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C'est facile d'être délicat quand on sait qu'on va retrouver une femme en pleine forme avec tous ses cheveux. Une petite famille au complet. Moi aussi je peux être délicat dans ces conditions.
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Ce sont les heures les plus pénibles. La nuit, quand les petits dorment. Moi, je sais que je m'endormirai pas. Ce n'est même pas la peine que j'essaie. Dans le lit c'est encore pire. Tout seul dans le lit. Dans le noir. On dirait que les murs se resserrent.(p. 26, Ed. de l'Atelier, 2012)
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Maintenant que j'y songe, la chatte Guimauve s'est fait écraser dans les tout premiers jours de notre arrivée [...] On aurait dû comprendre que c'était un signe. Une sorte d'avertissement. Je m'en veux, c'est moi qui aurais dû y penser. En face, ce n'était pas encore vendu. Ce n'était pas trop tard pour changer [...] Il suffisait de traverser la rue pour inverser le sort.
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Videos de Marcus Malte (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcus Malte
Cet épisode a été enregistré avec des patients hospitalisés au Centre d'Activité Thérapeutique et d'Eveil à l'hôpital San Salvadour de l'AP-HP situé à Hyères à l'automne 2023.
Le livre lu dans cet épisode est « Ne le dis à personne » d'Harlan Coben paru aux éditions Pocket. Avec la participation de Baptiste Montaigne, champion du grand concours national de lecture « Si on lisait à voix haute » 2023 pour le générique, Benoit Artaud à la prise de son et montage.
Remerciements à Marie-Thérèse Poppe, éducatrice spécialisée au Centre d'Activité Thérapeutique et d'Eveil à l'hôpital San Salvadour, Paul Grégoire, éducateur spécialisé au Centre d'Activité Thérapeutique et d'Eveil à l'hôpital San Salvadour et Isabelle Michel, cadre socio-éducatif de l'hôpital San Salvadour à Hyères, ainsi qu'à Marcus Malte, écrivain.
 
*** Le Centre national du livre lance un programme en direction des hôpitaux, Mots parleurs, en partenariat avec l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Cette action s'inscrit dans la continuité des actions menées pour transmettre le goût de la lecture à tous et notamment aux publics éloignés du livre.Définitivement tournée vers la jeunesse, cette action vise à conjuguer lecture, écriture et mise en voix. Les adolescents et les jeunes adultes, en collaboration avec le personnel hospitalier, sont ainsi inviter à choisir un livre parmi une sélection, en lien avec la thématique de l'édition 2023 des Nuits de la lecture : la peur.
Pour cette première édition 2023, six établissements de l'AP-HP participent. Quatre établissements sont situés en Île-de-France et deux en région (Provence-Alpes-Côte d'Azur et Nouvelle-Aquitaine). le projet se déroule de fin septembre 2023 à début janvier 2024. A partir d'un ouvrage sélectionné avec le personnel hospitalier, les adolescents et jeunes adultes sont amenés à choisir des extraits de textes pour les lire et les commenter. Sur la base du volontariat, Mots parleurs propose ainsi à des groupes de cinq à dix patients accompagnés de personnel soignant d'écrire et d'enregistrer leur production, au cours de six ateliers répartis dans différents hôpitaux. Ils débattent pour élire l'ouvrage qui constituera la matière de leur travail.
Afin de les guider dans la sélection des extraits, dans la rédaction et dans l'enregistrement du podcast, ils sont accompagnés par un écrivain ou un comédien, ainsi qu'un technicien du spectacle. Ce podcast, d'une trentaine de minute, sera ensuite mis à disposition de tous les patients et personnels soignants de l'AP-HP.
 
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