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Critique de Renod


« Gardez votre ville propre ! » Cette consigne est affichée partout dans Bléville mais elle semble ne s'appliquer qu'à l'entretien des rues. La bourgeoisie de Bléville, comme celles de toutes les villes de provinces, cache bien des vices sous un vernis de respectabilité. Adultères, corruptions, conflits, il suffit d'une étincelle pour embraser cette élite. Et cette étincelle se nomme Aimée. Aimée est un prénom d'emprunt. La jeune femme voyage de ville en ville, entre dans les milieux bourgeois et une fois adoubée, observe les individus et les conflits qu'il y a toujours entre eux et propose ses services de tueuse à gages. A Bléville, la conserverie de poisson est aussi pourrie que l'élite de la ville. Mais Aimée va rencontrer un autre énergumène : le baron Jules. L'homme vit en marge de cette société qu'il connait par coeur et qu'il rêve de détruire. Soyez certains que ce duo improbable va perturber la torpeur des soirées de bridge.
« Fatale » semble s'inspirer du roman de Dashiell Hammett « Moisson rouge ». Un étranger se rend dans une ville de province corrompue (BLEville ici, POISONville chez Hammett) et sert de détonateur pour détruire la délinquance des beaux quartiers. le livre est très politisé et marque clairement la frontière entre classes sociales, géographique aussi bien que mondaine. Les notables sont liés par une communauté d'intérêts : industriels, édiles politiques, médecins, évêque, policiers et journalistes. Mais cette bonne entente résistera-t-elle au scandale ? Aimée réserve un traitement très spécial à ces « gros cons ». Elle a initié sa première révolte contre le patriarcat en enfonçant un couteau de cuisine dans l'abdomen de son époux violent. Elle illustre parfaitement l'objectif de Manchette de « donner en spectacle (…) l'insatisfaction et les réactions violentes à l'insatisfaction telles que ces réactions s'expriment chez les impatients et les arriérés. » Refusé par la Série Noire, publié en « blanche » par Gallimard, ce roman court et percutant à la portée sociale et politique est d'une lecture agréable. Un Manchette, même quand il est en deçà de nos attentes, reste d'un très bon niveau.
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