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Critique de Sophielit


La dernière marée, c'est le genre de livre qu'on pourrait lire et relire encore pour le simple plaisir d'en saisir toutes les subtilités et de voir comment son autrice a su jouer avec les images pour faire naitre des échos tout au long du récit. C'est le premier roman d'Aylin Manço, mais on y sent déjà une grande maitrise de l'écriture, tant dans ses personnages, ciselés, que dans sa construction du récit, réfléchie, et les multiples résonnances à découvrir tout au long de l'histoire. Personnellement, j'ai été captivée par toute la relation familiale, tant celle de Élo avec sa mère à la dérive, le père qui ne sait plus où donner de la tête, que celle de Hugo, avec ses petits frères qui prennent toute la place et cette opportunité unique qu'ils ont d'aller à la mer parce que les prix sont bas. On sent les deux personnages à la limite entre l'enfance et l'adolescence, encore capables de s'émerveiller et de s'inventer des mondes imaginaires pour le simple plaisir de jouer, mais aussi rattrapés par des réalités qui les dépassent.
Toute la dimension d'écho entre la mère et la mer est aussi très forte. Cet été n'est pas banal et les bouleversements ont un impact encore plus grand que le récit est ponctué de souvenirs qui montrent l'avant. Ces années où Élo et sa mère nageaient dans la mer, cette relation qui les liait toutes les deux à l'eau, la force de cet amour. Mais voilà, il y a le reflux et la dépression, et Élo n'y peut rien, prise avec cette colère comme une boule au ventre que son père, adorable Philémon, malgré toutes ses gentillesses, n'arrive pas à faire disparaitre.
Si on sent l'ambiance de fin du monde (potentielle) dans quelques scènes, ce n'est toutefois donc pas le noeud du récit. Élo ne lutte pas contre la mer qui s'éloigne, elle vit à côté, sa propre histoire en tant que fille et en tant que presque femme, alors qu'Hugo vient la bouleverser. C'est une technique qui n'est pas sans rappeler celle de Patrick Ness dans Et nous simples mortels, mais qui a ici une force encore plus grande puisque la mer est aussi l'écho de la mère… Toutefois, parce qu'il y a bien un toutefois, le problème avec un roman d'anticipation, c'est que l'aspect science doit être développé. Et ici, ce trou qui avale la mer n'est pas assez expliqué (tout comme la solution, trop simpliste). Autant l'histoire autour est belle, et les liens entre les deux vraiment intéressants, autant cet aspect m'a semblé plus faible et ne m'a pas satisfaite, d'autant que le reste démontre une maitrise impressionnante.
Lien : http://sophielit.ca/critique..
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