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Citations sur Le timbre égyptien (7)

Je ne crains ni le manque de suite ni les coupures.
Semblables à un martinet, mes longs ciseaux coupent le papier.
Je colle des becquets en frange.
Un manuscrit est toujours une tempête ; c'est tourmenté, ravagé à coups de bec…
C’est le brouillon d’une sonate.
Barbouiller, exécuter à la Marat, vaut mieux qu’écrire.
Je ne crains ni les rapiéçages ni le jaune de la gomme.
Je couturaille, je fais le fainéant.
Je dessine Marat dans un bas.
Des martinets.
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La peur me prend la main et me conduit… J’aime, j’estime la peur. J’allais presque dire : "Je n’ai pas peur avec elle" ! Les mathématiciens auraient dû lui dresser une tente parce qu'elle est la coordonnée du temps et de l'espace : ils y participent comme le feutre roulé à la tente des Kirghiz. La peur dételle les chevaux quand il faut partir et nous envoie des rêves avec des plafonds absurdement bas.
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Détruisez le manuscrit, mais conservez ce que vous avez crayonné en marge par ennui, par impuissance et comme en rêve. Ces créatures de second plan, incontrôlées, nées de votre fantaisie, ne se perdront pas de par le monde ; elles s'installeront aussitôt derrière des pupitres ombragés, comme les troisièmes violons de l'opéra Marie, et pour remercier leur créateur, elles mitonneront sur l'heure l'ouverture de Lénore ou celle de l'Egmont de Beethoven.
Il est terrible de penser que notre vie est un récit sans sujet ni héros, fait de vide et de verre, du balbutiement fiévreux des seules digressions, du délire grippal de Pétersbourg.
L'Aurore aux doigts de rose a cassé ses crayons de couleur. Ils traînent à présent comme des oisillons au bec béant et vide. Cependant, il me semble résolument voir là les arrhes de mon délire en prose bien-aimé.
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Petersbourg se déclara Néron et devint aussi abject que s'il ingurgitait un brouet de mouches écrasées.
Il téléphona cependant de la pharmacie, il téléphona à la milice, il téléphona au gouvernement - à l'État disparu, assoupi comme un goujon.
Il aurait pu obtenir le même résultat en téléphonant chez Proserpine ou chez Perséphone, où le téléphone n'était pas encore installé.
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Messieurs les littérateurs ! Les escarpins de danse conviennent aux ballerines, à vous les caoutchoucs.

Essayez-les, échangez-les : voilà votre danse. Elle s’exécute dans les antichambres sombres, une seule condition étant de rigueur : manquer de respect pour le maître de la maison. Vingt ans de cette danse constituent une époque ; quarante, l’histoire… c’est là votre droit.

Sourires de groseille des ballerines,

balbutiement des escarpins enduits de talc,

complexité martiale et insolente multitude des violons au milieu de l’orchestre caché dans sa fosse lumineuse où les musiciens s’enchevêtrent comme des dryades par leurs branches, leurs racines et leurs archets,

obéissance végétative du corps de ballet,

magnifique dédain de la maternité :

– Avec ce roi et cette reine qui ne dansent pas on vient de jouer à soixante-six.

– Avec son air jeune, la grand-mère de Giselle verse du lait, du lait d’amandes, sans doute.

– Tout ballet est jusqu’à un certain point une institution de servage. Non, non, n’allez pas me contredire sur ce point !



Calendrier de janvier avec ses petites biches, sa laiterie modèle de myriades de mondes, et le craquement du jeu de cartes qu’on décachette…
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Parnok était victime des opinions préconçues au sujet du déroulement d'un roman.
Sur du papier vergé, mes seigneurs, sur du papier vergé anglais à la surface tourmentée et aux marges déchiquetées, il prévenait une dame ne se doutant de rien que l'espace entre la rue Millionaïa, l'Amirauté et le Jardin d'Été, avait, par ses soins, été à nouveau poli comme un brillant et remis en bon ordre de combat.
Sur un tel papier, lecteur, les cariatides de l'Ermitage auraient pu s'écrire et se présenter mutuellement leurs condoléances ou leurs respects.
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Au début, il y avait un établi et la carte des hémisphères d'Iline.
Parnok y cherchait une consolation. Le papier toilé indéchirable le tranquillisait. Pistant les océans et les continents du manche de la plume, il composait des itinéraires de voyages grandioses, tout en comparant les traits aériens de l'Europe aryenne à la botte imbécile de l'Afrique et de l'insipide Australie. Il trouvait également un certain piquant à l'Amérique du Sud, à partir de la Patagonie.
Son respect pour la carte d'Iline, Parnok l'avait dans le sang depuis les temps immémoriaux où il s'imaginait que les hémisphères d'ocre et d'aigue-marine, pareils à deux boules enchantées enserrées dans le réseau des latitudes, étaient chargées d'une mission concrète par la chancellerie ardente des tréfonds mêmes de la terre, et que - tels des pilules nutritives, ils renfermaient en eux un concentré d'espace et de distance.
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