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Citations sur Après l'effondrement : Notes sur l'utopie néotechnologique (6)

L’effondrement du temps est étroitement lié à celui de l’espace. La neutralisation des distances par la réduction de la durée des voyages et par la communication quasi instantanée via Internet engendre une impression tout à fait fallacieuse d’ubiquité. Ce n’est pas, évidemment, la distance réelle qui est supprimée, mais la représentation que nous en avons : l’expérience subjective de la distance subit, comme celle de la durée, une sorte de contraction. Autrement dit, c’est en n’étant plus nulle part qu’on peut avoir le sentiment d’être partout à la fois.
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L’erreur la plus funeste que nous puissions faire serait d’attendre tranquillement que le système industriel s’écroule de lui-même. Tous les pronostics de ce genre qui se sont succédé depuis un siècle et demi ont été démentis par l’étonnante capacité de récupération de ce système, qui s’est montré à même de surmonter tant de crises et de contradictions qu’il n’est pas très raisonnable de parier sur son effondrement à court ou à moyen terme – et le fait qu’il soit encore debout, dominant les ruines d’une planète désormais presque entièrement ravagée, ne présage véritablement rien de bon.
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La relativité du temps et de l’espace dont nous parlent les astrophysiciens n’a de sens – tout comme les propriétés paradoxales mises en lumière par la physique des particules – qu’à une échelle de phénomènes qui n’est pas la nôtre. Dans notre expérience vécue, la remarque de Kant reste entièrement pertinente : « Si nous sortons de la condition subjective sans laquelle nous ne saurions recevoir d’intuitions extérieures, c’est-à-dire être affectés par les objets, la représentation de l’espace ne signifie plus rien. » De même, nous avons beau savoir que la Terre tourne sur elle-même et autour du soleil, il n’en reste pas moins que, pour nous, comme le dit Husserl, « la Terre ne se meut pas ». Enfin, il n’est pas vrai que « nous avons un corps potentiel, virtuel, capable de toutes les métamorphoses », ni qu’il « varie à l’infini » (Michel Serres, L’Expansion, 20 juillet 2000).
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La confusion entre le virtuel et le réel, la désorientation totale qui caractérise les schizophrènes de l’âge postindustriel, entraîne l’appauvrissement et la stérilisation de l’imagination. Celle-ci cesse d’être créatrice – sauf, en principe, chez les « créatifs » dont c’est précisément la spécialité – et se limite à la consommation et au ressassement d’images préfabriquées.
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Ceux qui annoncent, pour s’en réjouir ou pour s’en effrayer, un effondrement à venir de la civilisation se trompent : il a commencé depuis longtemps, et il n’est pas excessif de dire que nous nous trouvons aujourd’hui après l’effondrement.
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Tout le message de Heidegger est contenu dans ces mots : résignez-vous à votre destin. L’« impérialisme planétaire de l’homme organisé techniquement » se construit tout seul, et nous n’y pouvons rien. On ne s’étonnera donc pas de voir Heidegger déclarer : « Il faut avant tout récuser le malentendu d’après lequel je serais contre la technique. […] il ne saurait absolument pas être question d’une résistance à la technique ou de sa condamnation. » (Entretien…, op. cit.) L’adhésion de Heidegger au nazisme s’explique ainsi – si l’on met de côté l’opportunisme qui a dû jouer un certain rôle – par son mépris de l’individu, qui ne saurait être que passif, et par le fait que Hitler prétendait accomplir le destin du peuple allemand, en jouant simultanément sur deux tableaux : un anti-modernisme fondé sur l’idée du retour aux valeurs archaïques d’avant la civilisation – sous prétexte que cette dernière corromprait l’essence même de la « race » germanique –, et une exacerbation de la course au progrès technologique, prétendument mise au service de la race en question. Ainsi se trouvent affirmés, comme chez Heidegger, la nécessité de la recherche de l’« Être » fondamental de l’homme et le caractère fatidique du développement de la technologie, totalitaire par essence.
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