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3,66

sur 65 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  

J'ai deux cicatrices.
La première est anodine, elle se situe sur mon poignet droit suite à une intervention chirurgicale.
La seconde en revanche, même si je ne m'en souviens plus, est le souvenir d'un acte héroïque. En effet, si mon menton est orné d'une balafre depuis ma petite enfance, c'était lors d'un acte où ma prouesse n'avait d'égale que mon courage.
J'étais âgé d'environ quatre ans. Mes grands-parents me gardaient, quand soudain ...
Le téléphone a sonné !
Je me suis alors mis à courir pour décrocher avant tout le monde.
Dans ma précipitation, j'ai apparemment malencontreusement oublié que j'étais sur une table.
Les lois de la gravité étant ce qu'elles sont, j'ai dégringolé par terre. Je serais bien incapable de vous dire si ma petite frimousse, encore adorable à l'époque, a heurté l'angle du meuble ou si elle a simplement rencontré le sol d'un peu trop près, en tout cas le sang se serait mis à jaillir à flots.
Et moi à pleurer à chaudes larmes.
Complètement affolée, ma grand-mère a prévenu les urgences. Il paraîtrait que j'ai interrompu mes pleurs et lui ai dit de ne pas s'en faire, que ce n'était pas grave.
Quelques points de suture plus tard, j'étais guéri.
Quarante ans plus tard ou presque, l'entaille est quant à elle toujours bien visible.
Indélébile.

Antoine Revin, le principal personnage de Retour à la nuit, a lui aussi quelques cicatrices.
Sur son ventre et son dos, les boursouflures se croisent comme si quelqu'un avait joué au morpion sur son corps avec un cutter. Ou même à puissance quatre.
"Il y en a d'autres encore, différentes ; certaines sont des ramifications secondaires et d'autres se chevauchent."
Ces marques sont les souvenirs d'un terrible accident, lorsqu'il est tombé dans la Vézère.
"Je suis tombé dans une rivière en crue, je me suis fracassé contre des arbres, des rochers, j'avais huit ans."
Mais si aujourd'hui encore Antoine fait des cauchemars suite à cet accident, c'est aussi à cause de cet homme qui l'a peut-être secouru. Un être inquiétant qui aurait procédé aux premiers soins en continuant à graver des fresques sur son jeune corps avant de l'amener à l'hôpital.
S'agissait-il d'un sadique de la pire espèce ou cet individu terrifiant lui a-t-il réellement sauvé la vie ?
"Je sens mes cicatrices. Je les sens toutes. Elles se ravivent."

Un quart de siècle plus tard, Antoine est devenu veilleur de nuit dans un foyer qui s'occupe d'enfants en difficulté. Des gosses de tous âges aux graves difficultés sociales ou judiciaires. Auprès desquels il s'implique au-delà de ce qu'exige sa fonction, en particulier auprès de la jeune Ouria Ben Ouali, anorexique - boulimique à l'existence on ne peut plus tragique.
C'est un métier qui lui convient particulièrement bien, peut-être grâce à ses horaires nocturnes, ou parce que le foyer est particulièrement isolé en pleine forêt.
"J'ai besoin de ces longues heures de silence. J'ai besoin de la nuit."

Et puis le passé va s'inviter au détour de l'émission "Faîtes entrer l'accusé" qui revient sur un ignoble assassinat commis en 1982, un mois tout juste avant la chute d'Antoine dans la rivière et sa confrontation avec l'homme que la police soupçonne d'être "le Découpeur", un tueur en série aux multiples victimes qui a échappé à la justice.
"A ce jour, nous en comptons treize, assassinées et la peau découpée."
Est-ce un innocent qui est enfermé pour ce meurtre violent ? Antoine peut-il aider avec son témoignage à le faire libérer et permettre à la police d'appréhender un dangereux criminel ?

Ni tout à fait thriller, polar ou roman fantastique, Eric Maneval qualifie Retour à la nuit de roman d'angoisse, et c'est en effet le genre qui définit le mieux cette étrange histoire, où la tension présente dès les premières lignes ne fait que prendre de l'ampleur au fil des 120 pages qui composent le roman.
L'auteur parvient à distiller par petites touches exponentielles un climat de plus en plus oppressant.
L'inquiétude croissante provient des comportements de différents enfants : agressivité, cauchemars, troubles psychiatriques, attitudes ambiguës.
Mais aussi de légères touches surnaturelles, si du moins on considère comme telles les médiums ou les transes hypnotiques.
On a l'impression que la folie guette différents personnages, que l'ombre d'un violeur et tueur d'enfants plane, que chacun a son secret profondément enfoui.
Que la nuit s'empare doucement du récit pour le rendre de plus en plus ténébreux.
Eric Maneval confirme ici le talent de conteur que je lui avais découvert avec son roman Inflammation, un style simple et pourtant inimitable, une écriture minimaliste au sens noble du terme.

Alors qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?
Les dernières pages.
Je savais que la fin serait ouverte mais là j'ai davantage eu l'impression d'être abandonné en plein roman avec une petite voix qui me dit :
- Ben maintenant, tu te démerdes avec ça.
Certains aspects de l'histoire trouvent bien une conclusion, qui plus est originale, mais pour la grande majorité des intrigues, même en faisant fonctionner mon imagination, je n'ai aucune certitude ou même aucune idée de ce qu'il faut en conclure.
Ai-je été trop inattentif à certains détails ? Est-ce que je n'ai pas l'intellect nécessaire pour rassembler les pièces du puzzle ? Est-ce que je n'ai pas compris dans quelle mesure Eric Maneval tenait à laisser son lecteur dans le doute ?
Quelle que soit l'explication, j'ai terminé le livre avec un goût amer d'inachevé, et je ne suis pourtant pas un lecteur réticent aux fins ouvertes.

Considéré par de nombreux lecteurs de romans noirs comme un chef d'oeuvre du genre, mon incontestable plaisir de lecture a donc été divisé par deux lors d'une conclusion beaucoup trop floue et abrupte.

En guise de cicatrice, c'est celle de la déception qu'aura gravée ce roman dans mon esprit peut-être trop cartésien.


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En arrivant à la fin de court roman noir, je me suis dit qu'il faudrait le relire pour essayer de comprendre ce que j'avais loupé à la première lecture : comment l'auteur en est-il arrivé à cette fin ?? Elle est surprenante, frustrante, inexpliquée… Est-elle acceptable, vraisemblable… ? A chacun de se faire sa propre idée. le lecteur y sera arrivé au terme d'un texte court (initialement publié en 2009 aux éditions Ecorce et lauréat du prix du polar lycéen d'Aubusson) qui, après tout, commence de façon très mystérieuse aussi, par ce défi que se lance seul Antoine, un gamin de 8 ans, qui se jette dans une rivière en crue, est grièvement blessé par un arbre et est sauvé par un inconnu inquiétant.

Un accident qui nourrit encore les cauchemars d'Antoine, devenu gardien de nuit dans un centre pour ados en difficulté, placés là par les services sociaux ou le juge de la jeunesse. Antoine se sent bien dans la nuit, certains jeunes profitent de cette « relâche » pour se confier à lui, même si cela n'entre pas dans ses attributions et si cela risque de se révéler dangereux, notamment avec la jeune Ouria.

Une nuit, alors qu'il regarde la télé pour se tenir éveillé, passe un numéro de Faites entrer l'accusé dans lequel Antoine reconnaît l'inconnu qui lui a sauvé la vie vingt ans plus tôt. Un homme soupçonné de crimes atroces et toujours en liberté, alors qu'un innocent emprisonné et condamné pour un de ces crimes continue à clamer son innocence. le veilleur de nuit va alors contacter le journaliste qui a consacré une grande partie de son énergie à cette affaire. A partir de ce moment, les événements vont se précipiter dans la vie d'Antoine et celle du centre social, les questions et l'angoisse vont aller crescendo… jusqu'à une fin qui correspond bien au titre : le noir va en s'opacifiant et la fin nous laisse avec bien des questions sans réponses…
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Une excellente surprise à la lecture de ce court roman noir.
Souffrant d'amnésie, le narrateur s'est trouvé un boulot comme veilleur de nuit dans un centre fermés pour mineurs délinquants. Cet exil volontaire dans l'entre-monde nocturne de la marginalité lui apporte une sorte de paix nécessaire pour retrouver la mémoire. L'enjeu porte sur une double enquête : il est interrogé pour identifier un tueur en série tandis que lui-même tente de rassembler les morceaux épars de son identité. Un texte sur le secret et la culpabilité. Toute ressemblance avec la part d'ombre tapie en chacun de nous serait purement fortuite.
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La fin m'a laissé sans voix, j'ai vérifié plusieurs fois pour être sûre qu'il ne restait pas encore quelques pages parce que (coup de gueule express), je suis désolée, on ne peut pas finir son roman sur des petits points, en laissant le lecteur en tête à tête avec ses questionnements, c'est du sadisme pur et simple ! Bref, après cette petite aparté, je peux finir cette chronique en vous disant que oui c'est un polar et que oui j'ai aimé, je suis réconciliée avec le genre et je vous conseille ce court récit si vous aussi, vous voulez vous initier ou juste passer un bon moment, au coeur de la France rurale, en compagnie d'Antoine et ses démons du passé...
Lien : https://booksetboom.blogspot..
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Ce court roman de Eric Maneval a suscité ma curiosité par son 4ème de couverture. Je trouvais l'idée original de se retrouver face au portrait robot d'un homme considéré comme un tueur alors qu'il nous a sauvé la vie des années auparavant. Pourquoi?

Je ne m'étais pas trompée, dès le départ j'ai été prise dans l'histoire, tournant les pages sous une curiosité grandissante. Une écriture claire et fluide aidant à avancer rapidement dans le récit.

Approchant du dénouement, je retiens mon souffle et accélère la cadence de lecture afin de connaître le fin mot de l'histoire. Et ben non...! L'auteur a choisi une fin ouverte qui m'a laissé un goût de frustration et pleins de questions en suspens. Personnellement je n'aime pas ça. J'aime que l'histoire soit concrète à moins qu'il y ai une suite bien sûr, ce qui n'est pas le cas pour "retour à la nuit" qu'elle dommage.

Je le recommande donc vivement à ceux qu'une fin ouverte ne dérange pas.

Lien : http://silencejelis.blogspot..
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