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Critique de Etherckhos


Alix ! Voilà ce qu'on peut appeler un classique de la bande dessinée, même un monstre légendaire, né après-guerre, qui a déjà ravi, au moins, trois générations.
Mais un monument de la bande dessinée qui m'a un peu lassé, lassitude venue à l'époque où, le lycée fini, j'ai laissé le latin derrière moi, ceci étant probablement en rapport ; un monument qui m'a toutefois laissé un sentiment très fort car je l'avais découvert quand il fleurait déjà bon la poussière d'un âge passé, et, de plus, dans sa forme originelle, à travers les exemplaires périodiques dans lesquels il a d'abord été publié.

C'est donc avec une très grande surprise que j'ai découvert l'existence d'une suite aux aventures d'Alix ! Bon... après recherches, du coup, j'ai appris que cette série avait suivi les mêmes traces, probablement tout aussi malheureuses (mais ça c'est une autre affaire...), que d'autres grands monstres franco-belges tels Astérix et Lucky Luke, mais là où ces pseudo-suites s'inscrivent dans la continuité des oeuvres originales, Alix Senator se présente comme un bond générationnel, un saut dans le temps, vers la fin de la vie d'Alix ; une vie où il semble avoir troqué sa vie aventureuse contre celle, moins mouvementée (physiquement, tout du moins...), d'un politique, un sénateur de Rome.

Alors, ma grande crainte, c'était de voir un scénario style "Alix presque grand-père repart à l'aventure", et j'ai gardé cette crainte pendant la première moitié de l'album, mais au final, c'était plus une sensation qui a perduré à cause l'appréhension, qu'un ressenti rationnel, car l'histoire était un peu plate durant cette première moitié, mais en même temps, quoi de plus normal lorsqu'on en est à présenter les personnages ?...
Car, oui, l'histoire ne se concentre pas, au point de l'overdose, sur Alix, mais introduit deux personnages : son fils, et Khephren, fils d'Enak ; et c'est là que l'histoire prend vraiment de la consistance car au lieu de nous présenter une bête continuité d'Alix, Valérie Mangin a choisi de suivre deux générations en parallèle, avec celle des descendants, en plus de celle d'Alix.
De fait, l'histoire oscille subtilement entre politique de la génération qui a troqué le glaive pour la toge de sénateur, et l'énergie et la témérité de la jeunesse. En suivant les fils d'Alix et d'Enak à l'âge auquel leurs propres aventures avaient elles-même débutées, nous voyons ici une sorte de cycle de la vie, sans pour autant tirer un trait sur le passé ou refaire l'histoire mais dans une véritable continuité de celle-ci.
Une fois passé, cette fameuse moitié un peu plate, le scénario devient alors beaucoup plus vif, compliqué, intriguant, et pour finir sur un énorme rebondissement que personne (à part les impatients qui ne savent pas attendre et vont directement lire la dernière page... Honte à eux !) n'aurait pu prévoir. On en vient même jusqu'à avoir une révélation totalement inattendue en relation directe avec l'oeuvre passée.

Pour ce qui est des dessins, il n'y a pas à dire, Démarez a du talent, et si un nombre important de ses cases manquent cruellement de mouvement, à mon goût, jusqu'à en être si statique que je me suis demandé au début si l'effet recherché n'était pas de donner l'impression de gravures figées témoignant de temps révolus, la précision de son trait, son souci du détail, et son talent avec les couleurs rattrape très largement ce que je considère comme un défaut (et j'appuie bien sur le fait que cette partie de ma critique est très subjective car, en tant qu'amateur, avant tout, de bande dessinée japonaise, mon manque de goût pour les dessins trop statiques vient probablement de là...).
Le style est réaliste, le souci du détail historique faisant d'Alix un péplum est bien là, et le placement plus adulte de la série se ressent de suite avec aucun détour pris dans la représentation des scènes violentes, tout est représenté et suffisamment détaillé, jusqu'à la scène où on voit des porcs se nourrir des viscères d'un cadavre.
Quant au découpage des cases, il va avec la majorité des plans : des cases majoritairement larges, ne bridant pas l'oeil du lecteur, pour des plans, en grande partie, larges et tout en profondeur.

Nous voilà donc face à une excellente surprise, dont la fin ne donne qu'une envie, c'est se jeter sur le deuxième volet.
Je suis plutôt du genre à fuir lorsque je vois des suites faites par d'autres auteurs que ceux originaux, ou des volets rajoutés à des séries, qui ne sont, en règle générale, que d'immenses ratages qui puent l'envie de traire un peu plus la vache en surfant sur le succès d'une licence ; mais là, je ne regrette pas d'avoir essayé, c'est l'exception qui confirme la règle et mérite amplement ses cinq étoiles !
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