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Critique de vaupy01


La Fiancée de Frankenstein. le titre seul pourrait faire songer à une simple adaptation livresque du chef-d'oeuvre de Mary Shelley, ou bien à une suite médiocre de celui-ci. Cependant, quelle n'est pas la surprise du lecteur lorsqu'il se voit confronté à un essai sur le film de James Whale plus critique qu'élogieux! Ce second film se voit d'abord défini par son pathétique grotesque, mais ce "vernis" couvre, par ailleurs, "une dignité et [un] pathétique rares". Alberto Manguel entreprend en fait un réel travail de chercheur, en collectant divers documents, afin de déterminer la relation unissant une créature effrayante à son créateur. Les difficultés rencontrées après le tournage sont donc révélées, notamment en ce qui concerne la censure québecoise, preuve que ce film est plus dérangeant qu'il n'y paraît! On essaye alors de faire croire que l'histoire-même touche uniquement au domaine de l'hallucinatoire, au lieu de mettre en valeur la réflexion sur la création, sur le mythe du double qu'elle met en scène. En effet, qui est la créature de l'autre finalement? L'auteur, de façon très perspicace, établit un lien entre l'étymologie latine du nom "monstre" signifiant "montrer" et le personnage de Frankenstein: le monstre est cet "objet" créé de toutes pièces qui se dévoile à lui-même, qui a conscience de sa monstruosité, comme si le fait d'avoir été conçu par un homme lui permettait de se voir, non pas avec les yeux d'une brute, mais avec ceux d'un être humain. Peut-on dire alors que le monstre soit monstrueux? Rien n'est moins sûr ...Le manichéisme est bien déjoué, et l'on voit aussi que le metteur en scène se révèle être un second auteur qui évite de tomber aisément dans le comique de bas étage...et cela par le biais du grotesque!Frankenstein n'est plus cet orateur éloquent, mais une créature démunie, presque christique comme le sous-entend l'interprétation subtile d'Alberto Manguel: les réactions de l'épouvantable mort-vivant deviennent humainement compréhensibles. de même, la genèse du film fait place à un questionnement sur ce qu'est la création au sens biblique par exemple, l'acte de créer se révélant comme ayant toujours été monstrueux, le monstre s'interprétant comme une figure possible de l'étranger, mais aussi sur ce que veut louer le mythe du féminin, à travers le personnage de la fiancée. le livre n'est donc pas à restreindre au seul champ de l'adaptation cinématographique: il est un essai, une fenêtre ouverte sur bien d'autres mythes et notions...
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