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Note moyenne 3.9 /5 (sur 967 notes)

Nationalité : Argentine
Né(e) à : Buenos Aires , le 13/03/1948
Biographie :

Alberto Manguel est un écrivain argentino-canadien.

Il a grandi en Israël (où son père était ambassadeur d’Argentine) puis dans son pays natal où, dans sa jeunesse, il a fait la lecture à Jorge Luis Borges devenu aveugle.

Il a résidé par la suite dans divers pays, notamment une vingtaine d’années à Toronto (Ontario, Canada). Il est devenu citoyen canadien en 1985. Il s'est installé en France en 2001 et y vit actuellement dans un village du Poitou.

Journaliste (presse, radio, télévision), il a publié de nombreuses anthologies ("Anthologie des sept péchés capitaux"), des romans ("Tous les hommes sont menteurs", "Stevenson sous les palmiers"), des traductions et des essais ("Une histoire de la lecture" qui reçoit le Prix Médicis essai, "Dans la forêt du miroir", "La Bibliothèque, la nuit") .

Depuis le lundi 19 mai 2008, il est le premier écrivain à avoir donné son nom à un CDI d'établissement scolaire français de son vivant. Le lycée Victor Hugo de Poitiers possède depuis ce jour le CDI Alberto Manguel.

Avec Jean-Marie Sevestre, PDG de la librairie montpelliéraine Sauramps, Alberto Manguel préside le jury du Prix Cévennes du roman européen.
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Entretien avec Alberto Manguel


Le 19/12/2017

A l`occasion de la sortie dans le monde hispanophone de son dernier livre Mientras embalo mi biblioteca (désormais disponible en français chez Actes Sud sous le titre Je remballe ma bibliothèque ), nous vous proposons la traduction d`un entretien avec l`écrivain Alberto Manguel réalisé pour la version espagnole de Babelio. Vous pouvez retrouver l`entretien original ici. Propos recueillis par Lucía Moscoso Rivera à la Foire internationale du livre et de la lecture de Quito en 2017 et traduits en français par Pierre Fremaux.

Comment est né votre dernier ouvrage Je remballe ma bibliothèque ?

J`ai longtemps vécu dans un village du sud de la France, où vivait également ma bibliothèque. En déménageant en Argentine, j`ai dû la démonter et elle vit actuellement dans les limbes d`un dépôt de Montréal. Pendant ce processus, j`ai écrit ce livre, qui se présente comme une élégie à ma bibliothèque perdue, et dans lequel je parle de choses variées, de la perte, du désir, des rêves - pas seulement de livres - même si j`évoque beaucoup mes dictionnaires.


Les bibliothèques ont-elles toujours été importantes dans votre vie ?

Comme Directeur de la Bibliothèque Nationale d`Argentine, même si je ne vis pas tellement en Argentine, je vis dans une bibliothèque et je peux dire que c`est le meilleur endroit pour un lecteur. La bibliothèque doit retrouver son rôle fondamental dans la société, cet espace de découverte a été supplanté par les institutions financières et la consommation facile. La bibliothèque doit être la mémoire et le miroir de la société qui l`héberge.


D`où vous vient votre passion pour les dictionnaires ?

Un des rayons que je préfère dans la bibliothèque que j`ai dû abandonner accueillait les dictionnaires ; et pour ceux qui aimaient lire - je parle de ma génération - le dictionnaire était un talisman aux pouvoirs mystérieux, car nos aînés nous avaient dit qu`on y trouverait les mots qui désignaient tout ce que l`on connaît, mais aussi ce qu`il nous restait à découvrir. Le dictionnaire était le dépositaire du passé, de ces mots qu`utilisaient nos grands parents, et du futur, de ces mots qui désignaient ce qu`un jour peut être nous allions vouloir dire. Les dictionnaires confirment et renforcent l`âme d`une langue.


La forme des dictionnaires vous intéresse autant que leur fond ?

La littérature cannibalise les formes et les genres littéraires, on écrit des romans qui ressemblent à des guides d`horaires de trains, des poèmes qui ressemblent à des biographies, des récits qui ressemblent à des cartes géographiques et des oeuvres littéraires qui semblent être des dictionnaires, comme le Dictionnaire du diable d`Ambrose Bierce ou le Dictionnaire des idées reçues de Gustave Flaubert. Même la grande Encyclopédie des Lumières a pris la forme d`un dictionnaire pour pouvoir introduire des commentaires antireligieux et politiques qui auraient été censurés s`ils avaient été écrits d`une autre manière. La forme du dictionnaire dans la littérature a souvent servi à combattre la censure.


Vouloir que nous lisions tous, est-ce une utopie ?

La lecture s`acquiert par contagion et nous ne finissons pas tous malades. Pour tout lecteur il y a un livre, même si ce lecteur et ce livre ne se rencontrent pas toujours. Si l`on continue à voir la lecture comme quelque chose de sacré ou élitiste, comme quelque chose d`étranger à notre quotidienneté ou comme une nécessité, cela restera une utopie.

Voilà pourquoi il faut voir la lecture comme un acte de rébellion, si l`on transmettait cela aux jeunes, les choses seraient différentes. Il y a dans la jeunesse une impulsion de rébellion et de curiosité que les sociétés essaient en général de réprimer et si les jeunes veulent se rebeller ou s`opposer comme individus, la meilleure manière de le faire est de s`opposer aux valeurs du troupeau, de s`opposer à ce qui est facile, rapide, de savoir que la difficulté est un trésor précieux, que la pensée l`est aussi et qu`à travers tout cela ils trouveront une force par leur propre liberté et intelligence.


L`histoire de la lecture est encore en cours d`écriture, de quelle manière ?

Tout lecteur l`écrit à sa manière, avec ses expériences. En ce qui me concerne, elle change tous les jours et depuis que je suis Directeur de la Bibliothèque Nationale d`Argentine, elle a pris un tournant administratif auquel je ne m`attendais pas du tout.


Pour quelles raisons vous êtes-vous mis à l`écriture ?

J`ai commencé à écrire non pas pour un livre, mais quand une personne, qui comptait beaucoup dans ma vie et qui avait été fondamentale pour me faire comprendre la relation entre la lecture et la vie, a fini par trahir ses élèves et par les mener à la torture par les militaires. J`ai écrit pour comprendre.



Alberto Manguel et ses lectures


Quelle fut votre première grande découverte littéraire ?

Les contes des frères Grimm, bien qu`à ce moment j`ignorais qu`ils étaient littéraires.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Il y en a beaucoup, mais avant tout La divine Comédie de Dante


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Aucun, je ne ressens pas ce type de honte.


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Il y en a beaucoup, il y a un écrivain russe, Gaito Gazdanov, qui a écrit un très bon roman : le Spectre d`Alexander Wolf. Par ailleurs le Chinois Yank Lianke me semble être un des grands romanciers du XXIème siècle.


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Il y en a qui sont surfaits pour moi. Mais chaque lecteur choisit les livres qu`il apprécie, je n`aime pas parler en ces termes, ce ne sont pas des jugements que nous pouvons émettre en général.


Et en ce moment, que lisez-vous?

Je lis un auteur équatorien que je ne connaissais pas et qui a lancé le réalisme magique en littérature : José de la Cuadra, et son roman Los Sangurimas.



Propos recueillis par Lucía Moscoso Rivera et traduits par Pierre Fremaux


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Leçon inaugurale d'Alberto Manguel prononcée le 30 septembre 2021. Alberto Manguel est professeur invité sur la chaire annuelle "L'invention de l'Europe par les langues et les cultures" (2021-2022), chaire créée en partenariat avec le ministère de la Culture (Délégation générale à la langue française et aux langues de France). Accéder à ses enseignements : https://www.college-de-france.fr/site/alberto-manguel/ Au commencement, il y a le mythe. Zeus s'éprit d'Europa, la fille du roi africain Agénor, et, métamorphosé en taureau, l'emporta en Crète où elle lui donna deux fils. Agénor envoya les deux frères d'Europa à sa poursuite, leur interdisant de réapparaître chez lui sans l'avoir retrouvée. Ils ne revinrent jamais. le mythe est, au sens essentiel, un déplacement, une métaphore, une traduction, une « parole » (Barthes) qui signifie : « emporté d'un lieu à un autre ». Les mythes sont transformés, altérés, renouvelés pour correspondre aux besoins d'un temps et d'un lieu. Mais ils restent eux-mêmes pour l'essentiel, car ils ne sont pas créés en tant que fabrications de l'imagination humaine, mais (sans vouloir tomber dans un universalisme facile) comme des manifestations concrètes de certaines intuitions primordiales. Au Moyen Âge, Lactantius proposa de banaliser le mythe grec en prétendant que le taureau était simplement le nom d'un bateau. Mais le mythe perdura et en fit lever d'autres dérivés de l'histoire initiale : mythes de souveraineté (Europa, une princesse), de féminité (la bien-aimée de Zeus), de prééminence culturelle (ses frères envoyés à sa recherche) et aussi, plus mystérieusement, d'immigration et d'établissement (Europa, une résidente étrangère). le contenu de ces mythes constitue peut-être la pierre de touche qui prête aux peuples de l'Europe une identité commune intuitive. Toute définition (celle du mythe, par exemple) nécessite tant une limitation qu'une invention. Une limitation de ce que nous croyons que l'objet de la définition n'est pas, et une invention de ce que nous imaginons susceptible de constituer quelque chose que nous connaissons déjà, puisque nous ne pouvons définir ce que nous n'avons pas encore imaginé. le mythe d'Europa reflète cette double nécessité. Découvrez toutes les ressources du Collège de France : https://www.college-de-france.fr Suivez-nous sur : Facebook : https://www.facebook.com/College.de.F... Instagram : https://www.instagram.com/collegedefr... Twitter : https://twitter.com/cdf1530

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Citations et extraits (439) Voir plus Ajouter une citation
Alberto Manguel
" Il y a ceux qui, lorsqu'ils lisent un livre, se souviennent, comparent, évoquent des émotions éprouvées lors de lectures précédentes, observait l'écrivain argentin Ezequiel Martínez Estrada. C'est une des plus délicates des formes d'adultère. "
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Alberto Manguel
Borges croyait que la littérature est un champ libre dans lequel le lecteur fait des associations à volonté. Et lui, donnait des exemples, il parlait dans la même phrase d'Agatha Christie et Platon. Il passait d'un siècle à un autre, d'une littérature à une autre parce que, ce qu'il m'a appris, c'est que toute catégorie nous limite. Toute catégorie est contre la liberté et la pensée.
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Pour qu'un livre nous touche, il faut sans doute qu'il s'établisse entre notre expérience et celle de la fiction - entre les deux imaginations, la nôtre et celle qui se déploie sur la page - un lien fait de coïncidences.
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Ce qui fait d'une bibliothèque un reflet de son propriétaire, c'est non seulement le choix des titres mais aussi le réseau d'associations qu'implique ce choix. Notre expérience se construit sur l'expérience, nos souvenirs sur d'autres souvenirs.
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...ils oubliaient que citer, c'est continuer une conversation du passé afin de donner un contexte au présent.
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Il se peut que les livres ne changent rien à nos souffrances, que les livres ne nous protègent pas du mal, que les livres ne nous disent pas ce qui est bien ou ce qui est beau, et ils ne nous mettent certes pas à l'abri du sort commun qu' est la tombe.
Mais les livres nous offrent une multitude de possibilités : possibilité d'un changement, possibilité d'une illumination. Il se peut qu'il n'existe aucun livre, si bien écrit qu'il soit, qui puisse alléger d'une once la douleur des tragédies d'Irak ou du Rwanda, mais il se peut aussi qu'il n'existe aucun livre, si atrocement écrit qu'il soit qui ne puisse apporter une épiphanie au lecteur qui lui est destiné.
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Alberto Manguel
La lecture est une conversation. Avec un livre, un auteur, soi. Lire, c'est demander une présence. Lire, c'est découvrir, c'est aussi relire, au gré de ses désirs. C'est dialoguer avec le passé. C'est apprendre à penser, à repousser les limites, les nôtres, et même celles du livre que l'on lit (...).
Lire, c'est apprendre sur soi, c'est appréhender le monde. C'est prendre la liberté, le pouvoir.
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Alberto Manguel
Je ne crois pas pouvoir me rappeler joie plus grande, plus complète, que celle d'arriver aux quelques dernières pages et de poser le livre, afin que la fin ne se produise pas avant le lendemain, et de me renfoncer sur l'oreiller avec le sentiment d'avoir bel et bien arrêté le temps.
[ Une histoire de la lecture ]
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On peut transformer un lieu en y lisant.
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L'expérience du quotidien niée par ce que nous voudrions qu'elle soit, que vient nier à son tour ce que nous espérons qu'elle est en réalité.
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