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Critique de Aline1102


A première vue, le résumé de ce polar semble assez gore. Il faut dire que dès qu'on parle d'animaux torturés, j'attrape des sueurs froides... Heureusement pour moi, les passages concernant ces pauvres bêtes ne sont ni trop nombreux ni excessivement détaillés.

Ce qui est surtout intéressant dans Avant le gel, c'est que l'on découvre plus en détail la personnalité de Linda Wallander et les relations qu'elle entretient avec son père.

Linda vient de terminer l'école de police et s'apprête à intégrer le commissariat d'Ystad, où elle commencera au bas de l'échelle : patrouilles consistant à ramasser les ivrognes et à les enfermer en cellule de dégrisement, intervention dans des disputes conjugales, et autres missions très (hum, hum) passionnantes. Mais son entrée en service n'est pas pour toute de suite, et Linda s'ennuie... Heureusement, elle renoue avec deux amies depuis longtemps perdues de vue : Zeba, dite "le Zèbre" et Anna Westin.

Mais un beau jour, alors qu'elle se présente chez Anna, avec laquelle elle avait rendez-vous, Linda constate la disparition de son amie. Elle est inquiète, car cela ne ressemble pas à Anna de partir ainsi. Et puis, quelques jours avant, son amie a prétendu avoir reconnu Erik Westin, son père, à Malmö, alors que celui-ci a disparu plus de vingt ans auparavant.

Linda se lance donc dans sa propre enquête, pendant que son père cherche l'identité de celui ou celle qui a atrocement mutilé a Birgitta Medberg, une géographe sans histoire. Et, bien vite, les enquêtes des deux Wallander vont se croiser, pour le plus grand malheur de l'ami Kurt, qui voudrait voir sa fille s'occuper à d'autre choses qu'une enquête criminelle durant ses vacances.

Grande nouvelle, les amis : Kurt Wallander est encore plus colérique (oui, oui c'est possible) vu par les yeux de sa fille. Linda avoue d'ailleurs plusieurs fois qu'elle a toujours été terrorisée par les sautes d'humeur et par les rugissements et hurlements divers de son père. Par contre, ce dont la jeune femme ne se rend pas vraiment compte, c'est qu'elle ressemble beaucoup à son cher papa : elle jette des objets contre les murs, perd son téléphone mobile au mauvais moment (son père tout craché, je vous le dis), rabroue tout le monde dès qu'elle est de mauvais poil et va même jusqu'à ouvrir l'arcade sourcilière de son père en lui jetant un cendrier de verre à la tête (avant de s'étaler, elle-même dans l'entrée du commissariat et de s'ouvrir la lèvre => comme quoi il y a une justice en ce bas monde). Ambiance, ambiance !

Et ce n'est pas tout. Si l'on organisait un concours du "Wallander le plus bizarre de l'année", Mona, ex-femme de Kurt et mère de Linda, remporterait haut la main la médaille d'or ! Car Avant le gel nous permet aussi d'en apprendre plus sur cette femme qui n'est qu'évoquée par Kurt dans les autres volumes. Ainsi, au gré des pensées de Linda sur ses parents, leurs disputes et leur divorce, on retiendra, en vrac, que Mona a passé son temps à fouiller les affaires de sa fille (même quand celle-ci n'avait que 7 ou 8 ans ; c'est sûr qu'à cet âge elle risque de prendre la pilule contraceptive en cachette ou de cacher des sex-toys sous son lit...), à lire son journal intime, à se plaindre, à rabrouer sa fille et à lui dire qu'elle ne veut pas d'elle et qu'elle n'a qu'à vivre avec son père. Quelle mère idéale ! On atteint le summum des relations mère-fille dysfonctionnelles lorsque Linda, alors en route pour Copenhague, s'arrête chez sa mère (attention, spoilers - pas énorme, mais je ne veux pas gâcher ce moment d'anthologie pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient découvrir cette charmante femme) et la trouve dans le plus simple appareil en train de boire de la vodka au goulot...

Bref, même si Linda a hérité du sale caractère de son père, on peut dire qu'elle a quelques excuses. Et, finalement, même s'il est par moments épouvantable, Kurt Wallander est bien moins cinglé que Mona.

Je vous avoue qu'avec tant de rebondissements familiaux, l'enquête en elle-même passe un peu au second plan. Je me suis tellement amusée en lisant le récit des aventures de la famille Wallander au grand complet que je n'ai pas pu me concenter autant que je le souhaitais sur le reste de l'intrigue (j'attendais avec impatience d'autres révélations croustillantes sur Mona ou Kurt, voire les deux = voyeurisme ?)

Pourtant, la trame de fond de ce polar est excellente. Il y est question de sectes et de fanatisme religieux, thème très actuel de surcroît. Là aussi, on a affaire à une bande de cinglés (Mona devrait envisager de les rejoindre) et, devinez qui on y retrouve ? Henrietta Westin, la mère d'Anna ! Henning Mankell avait-il un problème avec sa propre mère ?

L'équipe de Wallander a donc fort à faire dans ce polar, et on a réellement l'impression qu'ils ne parviendront pas à résoudre les diverses énigmes qui se posent à eux : torture d'animaux, incendies et explosions, destruction d'édifices religieux, disparitions (et parfois réapparitions), meurtre et mutilations... Les enquêteurs n'arrêtent pas une minute mais ne donnent pas vraiment l'impression d'avancer... mais c'est peut-être voulu, puisque cela permet à Linda de venir mettre son grain de sel et de trouver certains indices.

A noter aussi : la réapparition de Stefan Lindman, l'enquêteur dont on fait la connaissance dans le one-shot le retour du professeur de danse. C'est un personnage que j'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver et qui apporte un petit "plus" à l'équipe habituelle d'Ystad.

Amateurs de polars, n'hésitez plus : plongez-vous dans Avant le gel. C'est une lecture jubilatoire.
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