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Critique de Darjeelingdo


«  Ma maison a brûlé par une nuit d'automne. [•••] de mes soixante-dix ans de vie, il ne restait rien. »

Constat amer que fait Fredrik Welin , 70 ans, qui a choisi de vivre sa retraite dans une petite île isolée de la Baltique. Les lecteurs des « Chaussures italiennes » reconnaîtront le médecin à la retraite, râleur souvent, menteur parfois, et retrouveront aussi sa fille Louise et ses rares voisins (même si, comme il est précisé au départ, le roman est une suite indépendante et peut très bien se lire tout seul).

Alors que sa maison est partie en fumée (ce qui donne lieu à une enquête résolue à la fin du livre), qu'il s'est réfugié dans sa vieille caravane, et que l'hiver pointe son nez dans l'archipel, vient pour Fredrik le temps de l'introspection, des angoisses et du doute :

« L'incendie de ma maison avait détruit quelque chose en moi. Les êtres humains ont, eux aussi, des poutres qui les font tenir, et qui peuvent les briser »

Retour sur son passé, ses faiblesses, ses lâchetés envers ses nombreuses conquêtes , ses difficultés à communiquer avec cette fille qu'il a découvert si tardivement.
Interrogations sur la vieillesse («  Vieillir c'est s'aventurer sur une glace de moins en moins solide » ) et sur la mort, qu'il côtoie à plusieurs reprises dans le récit et à laquelle il pense forcément pour lui-même : « Je n'ai pas peur de la mort. La mort signifie qu'on est libéré de la peur. C'est la liberté même ». Une phrase qui touche encore plus quand on sait que Henning Mankell est mort d'un cancer quelques mois après la publication de ce roman.

Mankell glisse aussi dans son roman quelques remarques désabusées sur l'évolution de la société suédoise, son racisme latent à l'égard des étrangers, son invasion par les produits made in China, alors qu'il veut désespérément trouver des bottes « suédoises » !

Dans cette nature âpre et rude, Frédrick aspire encore à briser sa solitude, à vivre un dernier amour, à tenir la mort à distance et reprendre goût à la vie : «  l'automne serait bientôt la. Mais l'obscurité ne me faisait plus peur »

C'est un roman mélancolique, touchant et profondément humain, sobrement écrit , avec des formules qui font mouche, une dernière réussite d'un grand écrivain.
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