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Critique de sylviedoc


Cette suite de "L'oiseau bleu d'Erzeroum" était depuis un bon moment à mon programme de lecture, j'attendais juste un déclic, un signal pour me signifier que c'était le bon moment. Et c'est @Gwen21, en m'invitant à rejoindre un groupe de LC sur cette saga, qui m'a donné ce signal, je l'en remercie ainsi que nos autres complices (@tomsoyer, @sylvaine, @catherineCM).
Les souvenirs sont vite revenus, même si ma lecture du premier volume remonte déjà à un an et demi. Il faut dire que les personnages, inspirés de la famille de l'auteur, sont plutôt marquants ! On les retrouve au sortir de la seconde guerre mondiale (en 1947), alors qu'Agop, le mari d'Araxie (grand-mère de l'auteur), cède aux sirènes soviétiques qui promettent aux arméniens exilés en France de leur rendre leur terre. Il s'embarque à bord du Rossia, en compagnie de 3500 autres compatriotes pleins d'espoir, certains avec femme et enfants. Lui au moins a eu la sagesse de partir seul, heureusement car il va vite déchanter. Les belles promesses vont se transformer en années de galère, d'emprisonnement arbitraire et de persécutions, nombre de ses compagnons de misère y laisseront leur vie.
En parallèle, nous retrouvons la trace d'Haïganouch, la poétesse aveugle soeur d'Araxie, dont elle avait été séparée lors d'évènements tragiques précédemment. Elle s'est mariée, a eu un fils, Assadour, mais son bourreau Anikine l'a retrouvée et a de nouveau plongé sa vie dans le chaos et la terreur. Elle se retrouvera déportée en Sibérie.
Les trajectoires d'Agop et d'Haïganouch ne cesseront de se croiser sans qu'ils le sachent, chacun endurant son lot de souffrance, et ignorant du sort de sa famille. C'est d'ailleurs un des aspects que j'ai trouvé parmi les plus terribles dans toutes les "péripéties" subies par les héros de l'histoire : cette perpétuelle ignorance du sort de ceux qu'ils aiment, parfois des années durant à ne pas savoir si le fils, l'époux ou la femme aimée sont encore de ce monde, et dans quelles conditions. Il y a peut-être un peu moins de scènes d'horreur crue que dans "L'oiseau bleu d'Erzeroum", mais la violence psychologique est omniprésente, en plus de la violence physique. Et nous en apprenons encore une fois beaucoup sur les "méthodes" des dirigeants soviétiques successifs (mais pas que), pour asservir le peuple et tuer dans l'oeuf toute vélléité de rébellion. Et surprise, certains politiciens français débutants à l'époque vont aussi en prendre pour leur grade, ainsi d'ailleurs que le Parti Communiste Français, qui a poussé les Arméniens de France à repartir vers un avenir illusoire.
J'ai été un peu moins emportée par ma lecture que pour le premier opus, peut-être parce qu'il y a beaucoup de personnages secondaires qui interviennent, on s'y perd parfois. Et les moments de respiration ou d'humour sont aussi plus rares, même lorsqu'on revient dans la famille restée en France, l'atmosphère ne s'allège que lors des banquets où la communauté prépare d'innombrables plats traditionnels (je les connaissais presque tous par coeur à la fin !). Par contre j'ai apprécié les intermèdes musicaux initiés par le jeune Zazou, compagnon d'infortune d'Agop qu'on suivra également tout au long du roman et qui prendra une place prépondérante dans l'histoire.

Cette lecture restera certainement marquante pour moi, et j'espère que l'auteur ne nous laissera pas sur la cruelle incertitude induite par la dernière phrase du roman ! Je l'ai rencontré au festival du Livre de Colmar alors que j'étais en pleine lecture de son histoire. J'ai vraiment regretté le lendemain de ne pas avoir achevé un peu plus vite les derniers chapitres, je crois que je l'aurais "cuisiné" jusqu'à savoir si un troisième tome allait paraître bientôt !
J'espère que c'est le cas, parce que pour moi ça ne peut pas s'arrêter là.


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