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Critique de Arakasi


En 1791, on rêve encore de jours meilleurs. La reine et le roi ont été applaudis en public, Louis XVI a accepté la nouvelle constitution et fait serment de la respecter. Une alliance entre la monarchie et le peuple serait donc possible ? Mais tous ne l'entendent pas de cette oreille. Quoi, tant de sacrifices, tant de gains sociaux ne seraient récompensés que par une démocratie tronquée ? Quoi, on s'arrêterait si tôt alors que la république est à portée de main ? Fer de lance de l'aile progressiste de l'assemblée, Danton, Robespierre et Desmoulins s'allient pour faire progresser la cause sacrée de la liberté – Faudrait-il pour cela enchaîner coup d'état sur coup d'état, noyer la France dans le sang et aller même jusqu'au sacrifice suprême, celui de la royauté. Tombent les têtes couronnées, le clergé, la noblesse, toutes les valeurs qui ont fait de la France ce qu'elle a été jusqu'à aujourd'hui ! Mais dans les rangs de l'assemblée et des comités, la paranoïa règne. Soupçons, complots, procès et condamnations arbitraires fleurissent comme des marguerites au printemps et viendra vite le temps où les amis d'hier se transformeront en les plus féroces des ennemis et où la Révolution, telle une lionne dénaturée, dévorera ses petits…

Après une petite pause digestive, j'ai enchaîné sur le deuxième tome de la duologie révolutionnaire de Hillary Mantel, en espérant qu'il se révélerait aussi passionnant et enlevé que le premier. Pari gagné ! Avec « Les désordres », Mantel signe une suite de très bonne facture, très voire un peu trop touffue, mais la période l'est également alors on aurait mauvaise grâce à le lui reprocher. Avec le recul que lui apporte probablement son statut d'étrangère, la romancière parvient à faire un portrait équilibré de la Révolution, nous faisant partager tour à tour l'exaltation ou la terreur propres à ces temps troublés et magnifiques. Elle parvient surtout à en humaniser les différents protagonistes, donnant vie aux images d'Epinal figées que l'on a l'habitude d'admirer dans les livres d'Histoire. C'est particulièrement Danton qui sort son épingle du lot, colosse charismatique dont la voix sonore semble dominer tout le récit puis idole aux pieds d'argile, fragile dans ses affections et ses phases dépressives. La portraitisation de Robespierre est également surprenante – souvent plus vélléitaire que fanatique – mais finalement assez juste si je me fie à la biographie de Jean-Clément lue il y a peu de temps. Les personnages secondaires sont nombreux, mais finement caractérisés, avec un petit bémol pour Saint-Just assez monofacial.

Un bon roman, un peu ardu d'accès pour les néophytes mais qui a le mérite de se pencher sur un sujet peu abordé par nos écrivains contemporains. Toujours trop polémique peut-être ? Pourtant, tout cela devrait être digéré depuis longtemps, mais allez parler de Robespierre à un dantoniste… Gare à votre nez, alors, vous vous le ferez bouffer !
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