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Critique de michfred


Le commissaire -pardon: le sous-préfet - Rocco Schiavone est romain, il aime la chaleur, les jolies femmes, les petits joints bien roulés, les vieux potes un peu ripous et le risotto au Barolo...

Avec le genre humain, il a le verbe cinglant, l'ironie défensive mais il a une vraie tendresse pour les animaux qui sont d'une si parfaite discrétion dans leurs affaires privées et se cachent pour mourir...Son exercice préféré est de classifier tous les humains qu'il fréquente dans son bestiaire secret: Sebastiano, son vieux pote ripou, est un grizzly, son nouvel assistant, Italo, a tout de la fouine...

Le voici nommé à Champoluc, Val d'Aoste, à 1500 mètres d'altitude. Ses Clarks de citadin prennent l'eau: il a les pieds gelés. Quant aux mains ; elles ne valent guère mieux..Son loden vert suinte d'humidité et fait dans l'air glacé un nuage de buée, mais il préfère encore crever de froid que porter une doudoune fluo, des gants à stries violettes, un bandana autour du cou, et des chaussures de chanteur de rap..Il a froid mais il a du goût, cet homme-là!

Que diable vient-il faire dans cette galère? Il a quelques casseroles qui le suivent et semblent justifier cet exil montagnard, mais aussi des états de service impressionnants. Aucune affaire ne résiste à son flair , ni à ses méthodes...pas très catholiques – et je vous laisse découvrir que ce n'est pas seulement une expression!- Il a aussi un terrible chagrin, survenu quatre ans plus tôt et dont il ne parle à personne. Il se cache avec sa douleur, comme un loup blessé dans sa tanière, et il lui parle. Sois sage, ô ma douleur..Mais celle-ci collectionne les mots savants et les note dans son petit carnet…

Bref, voilà notre Romain atypique coincé dans le val d'Aoste par moins dix au-dessous de zéro. Mais quand le pauvre Léon se fait éparpiller façon puzzle par un snow-cat monstrueux, il flaire très vite le crime sous l'accident..

Je ne vais pas vous en dire plus: à vous de compléter le bestiaire de Rocco, jusqu'à l'élucidation finale...il ne manque ni bêtes féroces, ni reptiles dangereux dans l'univers fangeux de Rocco !

J'ai aimé ce polar- lu en VO- pour son commissaire – scusi, dottore, son sous-préfet - de choc et de charme, mais surtout pour l'ambiance de ce petit village valdotan, où tout le monde se connaît, cousine allegretto et porte le même nom ; où la neige donne, bien après Noël, l'impression d'être dans une carte de voeux permanente , où les alberghi ont de jolis noms français, et les plats des saveurs délicieusement italiennes..

Mais dans ces rudes montagnes passent aussi des camions pleins de travailleurs sans papiers, des Sénégalais bien plus gelés que Rocco Schiavone, et deux braves petits vieux de la montagne les accueillent, les nourrissent, les réchauffent sans hésiter, sans rien demander, pleins de ce sens de l'hospitalité que donne la vie rude aux gens de bonne volonté…On tremble en pensant à ce qui leur serait arrivé, à ces pauvres Sénégalais, si leur camion esclavagiste les avait déposés à l'orée du bois de Boulogne, dans notre pimpant XVIéme… mais ceci est une autre histoire, dirait Kipling…

Oui, j'ai aimé surtout retrouver mon cher Val d'Aoste, retrouver aussi ces gens adorables et cousinant à l'envi, qui, dans mon histoire à moi, s'appelaient tous Bich et non Pec..
Par exemple, le vieux Maurizio, aubergiste des Neiges d'Antan – un nom délicieusement français, je vous conseille la halte, famosa !- qui nous faisait des risotti ai fughi porcini du feu de Dieu,et qui avait même hésité, lui, l'amateur de grande musique, à appeler son premier fils Jean Sébastien…

Jean Sébastien Bich, ça aurait eu de la gueule…mais sa femme n'a pas voulu..Et Maurizio ne plaisantait pas avec l'avis de sa femme...Elle s'appelait Carmen, un nom prédestiné, et était peut-être un peu sa cousine..

Chi lo sa ?
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