François Girardon (1628-1715). Le sculpteur de Louis XIV

Saluons le nouvel ouvrage que propose Arthena en célébration du 300e anniversaire de la mort de Girardon. Grâce à Alexandre Maral, conservateur de la sculpture à Versailles, cet immense sculpteur bénéficie enfin d'une monographie aussi copieuse que documentée, et elle se lit comme un roman, servi par une illustration éloquente. Distingué à Troyes, sa patrie d'origine, par le chancelier Séguier, Girardon s'impose vite à Paris auprès de Colbert comme le meilleur parmi ses pairs et ses chefs-d'oeuvre se succèdent au Louvre (Galerie d'Apollon) et à Versailles (Apollon servi par les Nymphes, Fontaine de la Pyramide, Bain des nymphes, statue de l'Hiver, Enlèvement de Proserpine). Sous l'ère Louvois, une charge différente l'attend : la direction des sculpteurs, sorte de surintendance pour tout ce qui se crée à Versailles et aux Invalides. Dans les nouveaux modèles qu'il façonne, son classicisme se mue en une animation plus légère annonciatrice du style rocaille. Son talent brille aussi dans les effigies du souverain ou dans l'admirable monument funéraire du cardinal de Richelieu. Au terme de sa longue existence – il mourra à 87 ans, le même jour exactement que son souverain qu'il n'avait cessé de servir –, il présente en treize somptueuses planches appelées « Galerie de Girardon » (toutes reproduites ici) les plus belles pièces de l'étonnante collection de sculptures qu'il n'avait cessé de rassembler. La passionnante histoire de cette collection, qui continue de ménager de nouvelles découvertes, est retracée par Françoise de la Moureyre dans un chapitre distinct.

Par Nathalie d'Alincourt, critique parue dans L'Objet d'Art 518, décembre 2015