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Critique de Pecosa


« Résidence d'été exceptionnelle. Tranquille, isolée. Parfaite pour une grande famille. Piscine, plage privée, embarcadère… » Quoi de mieux pour quitter, le temps d'un été, un logement exigu et étouffant du Queens, lorsque l'on est un jeune couple fauché? Marian Rolfe s'enthousiasme à la lecture de l'annonce. le loyer est modeste. Les propriétaires, Allardyce frère et soeur n'ont qu'une exigence. Durant leur absence, l a famille devra déposer trois fois par jour un plateau repas sur le seuil de la chambre de leur mère octogénaire, leur « Vénérée Chérie », qui ne quitte jamais ses appartements. Les innombrables locataires qui se sont succédés depuis des décennies (des siècles?) ne se sont jamais plaints de cette petite contrainte…


Les Rolfe, leur petit garçon David, et la tante Elisabeth découvrent avec ravissement la somptueuse propriété, laissée hélas à l'abandon. Père et fils sont attirés par la piscine un peu vétuste, la tante, peintre à ses heures, par le parc et les jardins. Marian, passionnée d'antiquités, découvre chaque jour du mobilier d'exception qu'elle nettoie avec fébrilité et monte dans le salon attenant à la chambre de madame Allardyce, dont la porte exerce sur elle un magnétisme étrange.
Bientôt, le salon se met à ressembler à un autel, ou à une luxueuse antichambre. le temps se délite, les consciences se troublent, les comportements changent, et la « Vénérée Chérie » demeure invisible malgré le bourdonnement (un climatiseur?) qui semble émaner de sa chambre…

Je dois avouer que comme les Rolfe appâtés par l'annonce, je fus attirée par la couverture du roman, qui reprend l'iconographie mariale de la Santa Muerte, et que Robert Marasco m'a littéralement envoûtée.
Il nous offre un récit d'une incroyable maitrise, d'une finesse et d'une subtilité rares. Impossible de développer sans divulgâcher l'intrigue, mais une fois la lecture terminée, on revient à certains passages. Tels les malchanceux locataires envoutés par la demeure, le lecteur bercé par ce conte morbide, a LU mais n'a pas VU. Les petites phrases, les qualificatifs, les changements subtils qui surviennent chez la femme, la matérialisation de la promesse faite à la Vénérée Chérie, qui se manifeste dans les objets, et les tenues qui l'accompagnent... le titre original, Burnt Offerings, aurait du nous mettre la puce à l'oreille…Servir, sacrifier, se consumer…
Cervantes disait qu'au bout de trois jours, l'hôte et le poisson puent. Chez Marasco, ça prend peut-être un peu plus de temps…
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