Citations sur L'automne est la dernière saison (35)
Dès que j'ouvre la porte, le silence de l'appartement vide me saute au visage, une atmosphère oppressante. J'ouvre les fenêtres. J'allume la télé pour sentir quelque chose de vivant autour de moi. Le mouvement sur l'écran fera l'affaire. Ça me donne l'impression que quelqu un respire dans l'appartement, même si c'est tout au fond de l'écran. Avant que les dernières lueurs du jour ne s'estompent tout à fait, j'allume les lumières pour ne pas me laisser surprendre par la tristesse du soleil couchant.
Leyla
Je revenais juste de la librairie Bagh, sur un petit nuage.J'y avais rencontré un vieux monsieur, M.Ferdowski, un amoureux des livres.Je lui en avais acheté quelques-uns, et je m'apprêtais à partir quand il m'a dit qu'ils cherchaient une vendeuse qui aime les livres.En entendant ces mots " qui aime les livres", je me suis senti pousser des ailes de joie, comme si l'avenir me prenait dans ses bras.
( p.45)
J'en ai assez d'hésiter. D'avoir peur, d'être indécise, de trancher, de toujours me sentir coupable. De ne pas arriver à décider pour moi-même comme tout le monde. J'aimerais être Madame de Barry et que Louis XV m'épouse. Je serais bien obligée de lui obéir, c'est le roi, et personne ne s'y opposerait. Même pas moi.
Ses soupirs me pèsent sur le cœur. Les soupirs, c’est aussi contagieux que les bâillements. Ils se répandent dans l’air avant de s’écraser sur le cœur des gens comme moi, qui ont des récepteurs pour le chagrin.
Ça doit être grisant d’être satisfaite à ce point. De ne plus rien attendre d’autre de la vie que prendre du plaisir et puis mourir !
Sa joie me rend malade, elle est pleine de tristesse. C'est comme ces chansons joyeuses, quand on écoute les paroles, elles ne parlent en fait que d'abandon, de séparation, de nostalgie, de malheur. Tu danses, et soudain tu as envie de pleurer.
Ces enfoirés m’ont fait monter sur une balançoire et chaque jour ils me poussent d’un bout du monde à l’autre. Je ne suis ni ici ni là-bas. Je reste suspendue en l’air. Deux mois que je flotte comme ça.
Non, je ne comprends pas. La vie est difficile de toute façon. Chaque jour est plus dur que le précédent. Je vis dans les nuages. Je suis devenue mélancolique. A cause de tous ces livres, je le sais. Ces livres remplis de héros. Des héros vénéneux que j’ai façonnés dans ma tête, que j’ai modelés à ma façon, à qui j’ai attribué telle ou telle qualité, jusqu’à en créer un rien que pour moi, et qui n’existe nulle pas ailleurs.
On est des sortes de monstres, Shabaneh. On n'est plus du même monde que nos mères mais on n'est pas encore de celui de nos filles. Notre cœur penche vers le passé et notre esprit vers le futur. Le corps et l'esprit nous tirent chacun de son côté, on est écartelées. Si nous n'étions pas ces monstres, à l'heure qu'il est, on serait chacune chez soi à s'occuper de nos enfants. On leur consacrerait tout notre amour, nos projets, notre avenir, comme toutes les femmes ont toujours fait à travers l'histoire. On ne serait pas en train de poursuivre des chimères.
On est des sortes de monstres, Shabaneh. On n'est plus du même monde que nos mères mais on n'est pas encore de celui de nos filles. Notre cœur penche vers le passé et notre esprit vers le futur