AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sanchar31


Entre Proust et Sagan, ce roman me laisse un arrière goût de malaise, une odeur désagréable de fruit qu'on laisserait pourrir sous la chaleur étouffante de l'été. C'est un roman de non apprentissage, de vies gâchées.
Sur l'île de Capri se croisent et se recroisent l'élite européenne, la noblesse locale, les riches étrangers (ou prétendus tels) aux moeurs plus pathétiques que licencieuses, les piques assiettes, les commerçants et la petite bourgeoisie locales, un artiste, un jeune entretenu, et le personnage principal, un jeune secrétaire échappé des camps... C'est un univers très proustien déplacé dans les années 50. L'auteur est plus ironique que ne l'était Proust, moins complaisant avec ses personnages.
En quatrième de couverture, on nous présente Capri comme un personnage, si ce n'est le personnage principal. J'avoue que l'ai plutôt perçu comme les sirènes d'Ulysse ou Calipso. Elle piège tout ce petit monde dans ses filets. Les personnages se liquéfient à son contact. La chaleur, la beauté des paysages, la promiscuité constante semblent annihiler toute volonté. En apparence, on peut tout faire sur l'île. Dans les faits, c'est une prison dorée. La liberté se résume à porter obligatoirement des tenues décontractées dans les réceptions. le jeune secrétaire finit par le comprendre avec amertume.
Cette île m'apparaît comme la vie, la société en général où il est plus simple de céder à la facilité, de laisser faire, de se compromettre que de combattre pour ce en quoi on croit ou pour se réaliser tout simplement.
Un seul personnage, un personnage secondaire, va se révéler dans un sursaut de dignité, inversant ainsi le cours de sa vie. Il m'intrigue un peu ce personnage. C'est un personnage en marge du roman, il n'est pas particulièrement sympathique et je n'arrive même pas à percevoir son sursaut de façon positive. Peut-être est-ce voulu par l'auteur. Une jeune fille locale et l'artiste, perçoivent les effets pernicieux des lieux. L'artiste théorise à ce propos, mais il s'est laissé engloutir dans la facilité. La jeune fille ressent une haine presque instinctive pour ce lieu et ne rêve que de partir. Elle sera trahie dans son idéal par le personnage principal, le jeune secrétaire, adulte en devenir, qui échoue lamentablement. Il découvre la peur et se réfugie dans la mollesse nauséabonde... et on en revient au fruit pourri.
Bref, en référence à une vieille série américaine, je dirai que cette île est l'inverse de l'île fantastique.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}