AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,63

sur 43 notes
5
2 avis
4
8 avis
3
8 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les romans sur la ségrégation et le racisme me touchent profondément, j'y suis particulièrement sensible. J'aime énormément me cultiver à ce sujet, parce que je trouve qu'il est essentiel de se souvenir du passé afin de préserver le présent et d'essayer de le (et de nous) rendre meilleur. C'est donc avec grand intérêt que j'ai plongé dans ce roman qui m'a rappelé le très bon La Couleur des sentiments de Kathryn Stockett.

Je me suis attachée à Lavina Davis et Mary Jacob Long, parce que leur relation est touchante, parce que les enfants blancs, qui au temps de la ségrégation en Amérique étaient élevés par des femmes noires, aimaient profondément celles qui remplaçaient leurs propres mères. À leur âge, la couleur n'entrait pas en compte, seuls les sentiments de tendresse et d'amour existaient. Et j'ai retrouvé cette innocence enfantine dans le récit, ce lien si particulier à une époque troublée, mais aussi la bouleversante gentillesse de ces femmes noires pourtant malmenées au quotidien.

« Ses chaussures, elles avaient laissé une traînée sur le lino noir et blanc. On voyait la boue sur les carrés blancs, mais pas sur les noirs. Je me suis demandé si le bon Dieu il nous avait faits foncés pour pas qu'on montre la saleté qu'on nettoyait tout le temps. »

L'alternance du passé et du présent a accentué l'émotion qui découle de cette histoire douloureuse. Ainsi, une bonne partie du roman se déroule dans les années 60 en Louisiane, et l'autre dans les années 90. Nous découvrons la famille Long, ses travers, les non-dits qui gangrènent les liens entre eux, le racisme et la violence qui fait rage, mais aussi la dureté d'un père envers une de ses filles, Mary Jacob, celle-ci même qui ne trouve du réconfort et de l'amour que dans les gestes et les paroles de Lavina, à tel point qu'elle pense à un moment donné que cette dernière est réellement sa mère. La relation entre elles deux est ici largement développée – avec une multitude de souvenirs passés -, tout comme le rejet du père, Jack, envers sa fille. L'ambiance au sein de la famille est souvent pesante, entre dédain, favoritisme et colère. La maladie de la mère alourdit aussi l'atmosphère. Même s'il se lit facilement, le roman aurait pu être édulcoré de quelques pages, j'ai en effet trouvé que l'auteure s'attardait beaucoup sur la description des rapports entre les membres de cette famille alors que ce n'était pas toujours nécessaire.

Puis il y a l'évolution de Billy Ray, le fils de Lavina, plein de colère face à tant d'injustices. Comment ne pas le comprendre… Les chapitres le concernant sont emprunts de familiarité, de revanche, d'énervement mais aussi de groove ; la musique est en effet très présente car il connaîtra le succès et le changement de vie qu'il attendait tant.
Son attitude peut agacer, ce qui n'a pas vraiment été mon cas car j'essayais de me mettre à sa place. Si j'avais vécu ne serait-ce que la moitié de ce que les noirs américains avaient subi, je serai certainement, moi aussi, pleine de rancune, de tristesse et d'animosité. Ces chapitres sont donc à aborder avec la plus grande empathie.

Et vient ce jour brûlant et lancinant d'août 1963 qui va envelopper de violence et de mort Lavina et ses proches. Nul doute que rien ne sera plus comme avant après les incidents raciaux qui ont frappé cette terrible journée. Mary Jacob, du haut de ses douze ans, tiendra pour la première fois tête à son père, même si cela lui vaudra des coups et son envoi en pensionnat. le choc post-traumatique de la mort de celle qu'elle considérait comme sa mère lui fera tout oublier, certainement par instinct de protection envers elle-même. Jusqu'à ce qu'elle doive revenir sur ses terres natales trente ans plus tard, au chevet de son père mourant. Désormais Mary Jacob devra faire face à ses souvenirs mais aussi face au destin qui la fera croiser de nouveau l'impulsif Billy Ray.

J'ai trouvé la fin trop courte comparé à tout le descriptif de l'été 63. Il y a comme un problème de dosage dans le récit, mais cela n'enlève pas le fait que j'ai dévoré ce roman à trois voix qui m'a littéralement transportée en Louisiane au sein des familles Long et Davis. Mary Jacob, Lavina et Billy Ray se succèdent en effet en tant que porte-paroles de cette histoire, avec chacun un ton propre, un style d'écriture et une personnalité différente. Cela apporte un vrai rythme au roman et un intérêt renouvelé chapitre après chapitre.

En bref, vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce roman. Je me suis vraiment projetée dans cette histoire américaine au temps de la ségrégation. Elle m'a passionnée autant qu'elle m'a émue et révoltée. J'aime quand la lecture engendre un bouleversement émotionnel, un chamboulement et une ouverture de l'esprit, et j'ai retrouvé tout cela dans le Refuge des souvenirs. Alors merci Mary Marcus pour tout ça.
Lien : https://ducalmelucette.wordp..
Commenter  J’apprécie          42
Mon avis:

La ségrégation raciale est un sujet qui m'a toujours passionné et que j'adore retrouver en littérature, car aujourd'hui encore malgré tous les livres que j'ai lu sur ce conflit je ne parviens pas à comprendre comment de telles pensées, de tels actes ont pu être commis envers des êtres humains à cause d'une simple couleur de peau. Je remercie ainsi beaucoup les Editions Presses de la cité pour l'envoi de ce titre.
J'avais lu quelques chroniques mitigées concernant ce roman dans lesquelles les lecteurs expliquaient qu'ils avaient été déçus. Pour ma part le refuge des souvenirs a été un véritable coup de coeur. J'ai lu il y a maintenant deux ans La couleur des sentiments et j'ai complètement retrouvé tout ce qui m'avait charmé à l'époque dans le roman de Kathryn Stockett, à savoir la complicité et l'amour inconditionnel entre une servante de couleur et la petite fille de ses maîtres dans un climat de tensions raciales permanentes, ainsi que le soulèvement progressif des noires contre les brimades dont ils sont victimes. Ce livre est une pépite que j'ai savouré pages après pages, qui m'a énormément ému mais qui m'a aussi fait énormément réfléchir sur les conflits qui gagnaient peu à peu à cette époque le Sud des Etats-Unis. On sent d'ailleurs que l'autrice connaît bien son sujet puisqu'elle-même étant enfant elle a été élevée en Louisiane par la femme de ménage noire de sa mère.

Pourtant le roman au début nous laisse dans l'expectative car pendant la première partie qui fait un peu plus de cent pages le lecteur se trouve au moment présent en 1990. Mary Jacob une femme quadragénaire revient à Murpheysfield la petite ville si étroite d'esprit dans laquelle elle a grandi. Revoir sa maison d'enfance, son père raciste aujourd'hui mourant, mais surtout Billy Ray le fils de Lavinia également revenu en ville pour un concert font petit à petit remonter à la surface des souvenirs douloureux que son esprit avait préféré oublier. Comme une sorte de choc post- traumatique Mary a tout oublié des quelques années qu'elle a passé en Louisiane élevée par Lavinia l'adorable domestique de ses parents et notamment concernant le drame terrible dont elle a été témoin. Je me suis demandée au tout début si l'autrice avait choisi de rester constamment au présent, si le lecteur allait être condamné à revivre ce qu'il s'était passé uniquement à travers leurs souvenirs. Ainsi j'avais un peu peur que l'intrigue manque de rythme, et que l'auteure reste trop en surface.

Heureusement à partir de la deuxième partie et jusqu'à pratiquement la fin du roman on se retrouve enfin plongé en 1963, trente ans plus-tôt et c'est véritablement là que le roman prend tout son sens. On est alors complètement immergé dans l'ambiance si chaleureuse mais aussi par certains côtés si oppressante du Sud- américain, baigné de soleil, avec sa chaleur, ses champs de coton, son groove, mais aussi malheureusement ses tensions raciales si injustes et révoltantes. Ce sont des sentiments très contradictoires que l'on éprouve en lisant ce livre. On est à la fois en colère face à tant de bêtise humaine, mais aussi attendri face à l'amour que se portent Mary Jacob et Lavinia qui pourtant selon les lois ridicules et aberrantes de l'époque n'étaient pas censées se côtoyer et s'apprécier.

Mary Jacob est une jeune fille qui m'a énormément touché par son innocence, sa candeur et la pureté de son âme. Pour elle peu importe qu'elle soit blanche et Lavinia noire elle la considère comme sa mère, car c'est elle qui l'a élevé, elle qui est toujours là pour elle, et qui la comprend vraiment. Abandonnée par sa mère biologique malade constamment alitée et rejetée par son père qui ne voit en elle que le fils qu'il n'a jamais eu et n'aura jamais, elle grandit seule dans l'indifférence générale. J'ai trouvé que les liens qui unissaient cet enfant à sa nourrice étaient magnifiques, simples, vrais, uniques. Lavinia est une femme forte, courageuse, et qui malgré son faible niveau d'études et ce que tout le monde pense d'elle est extrêmement intelligente. Prise entre deux feux, elle doit faire face au dilemme de rester à sa place en acceptant sa condition aussi injuste soit elle pour protéger son fils Billy Ray, ou alors se battre pour être libre et faire avancer les mentalités. Elle m'a beaucoup fait penser à Aibileen dans La couleur des sentiments pour sa sagesse, sa force tranquille, mais aussi pour sa détermination.

J'ai eu un peu plus de mal à cerner Billy Ray, qui lui est plus dans la colère et le ressentiment, mais pas seulement envers les blancs, aussi envers ceux de son clan. Son désaccord envers les soulèvements progressifs des siens, son choix de fuir plutôt que de se battre m'a laissé parfois perplexe. Si je comprenais sa peur et ses doutes quant à une amélioration possible de leurs conditions, je ne comprenais et ne cautionnais pas par contre sa réaction. Finalement on comprend à travers l'énorme événement qui se déroule dans les dernières pages du livre que l'amour des siens, cette culture partagée, mais aussi ces persécutions endurées communément sont plus fortes que tout. L'unicité dont il fait preuve avec les Louisianais noirs ce jour-là est d'une beauté à couper le souffle et ma vision de Billy Ray est devenu totalement différente de celle que j'avais eu pendant une grande partie du roman.

Si vous aimez ce genre de sujet ou si vous avez envie d'en apprendre tout simplement plus sur les conflits qui ont divisé les noirs et les blancs au cours du 20ème siècle aux Etats-Unis je vous conseille le refuge des souvenirs. Plus qu'une leçon d'Histoire, c'est aussi une belle leçon d'humanité qui nous fait réfléchir sur notre rapport à la différence et sur la tolérance des autres. C'est également une merveilleuse plongée dans la culture noire américaine, une communauté qui n'avait au fond que l'amour de leur famille et la musique pour oublier les injustices quotidiennes dont ils étaient victimes.

Pour conclure:
Un roman magnifique sur la ségrégation raciale dans la même veine que La couleur des sentiments de Kathryn Stockett que je vous conseille de tout coeur. Un roman qui nous plonge dans l'ambiance mythique du Sud-américain des années 60, mais aussi malheureusement dans un contexte plus sombre, celui des injustices perpétrées envers les noirs qui eux aspiraient juste à être traité comme les autres avec respect et considération. Une lutte contre la haine, et un appel au respect et à la liberté de chacun.
Lien : http://autantenemportelesliv..
Commenter  J’apprécie          42

Autres livres de Mary Marcus (1) Voir plus

Lecteurs (134) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}