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Critique de tolstoievski


Oserai-je une affirmation abusive ? Et si je prétendais que Pierre de Marivaux a officié dans la science-fiction avec ses trois comédies sociales : qu'en penseriez-vous ?

L'affirmation est hasardeuse, pourtant je souhaite la défendre. En effet, qu'est-ce que la science-fiction ? (Du moins, une certaine partie de la science-fiction). Cela consiste à expérimenter par la pensée des mondes ou des situations que la réalité ne peut embrasser. On y incube un univers avec ses caractéristiques particulières, on y injecte ce que l'on sait de l'humain et l'on observe ce qu'il adviendrait de lui soumis à un tel environnement non réalisé sur notre planète en l'état actuel des choses.

Bien évidemment, ma définition est un peu réductrice mais, dans les grandes lignes, c'est à peu près cela, non ? Je crois que La Planète des Singes de Pierre Boule, par exemple, répond à la lettre à cette définition. Eh bien qu'y a-t-il de si différent dans La Planètes des Singes par rapport aux expérimentations auxquelles nous convie Marivaux ?

Dans L'Île des Esclaves, suite à un naufrage sur une île lointaine, les maîtres deviennent serviteurs et réciproquement. Dans La Colonie, avec le même procédé, ce sont les femmes qui obtiennent les prérogatives des hommes de l'époque et réciproquement. Enfin, dans L'Île de la Raison, le fait d'accoster sur l'île rend les hommes minuscules. Ne recouvreront leur taille originelle que les naufragés qui parviendront à prendre conscience qu'ils sont incroyablement déraisonnables (vaniteux, hypocrites, etc.) et qui accepteront de s'amender.

On retrouve exactement le procédé qui fut exploré au XXème siècle par bon nombre d'écrits de science-fiction ou d'ouvrage dans la droite ligne de Sa Majesté des Mouches de Golding.

Très intéressant, donc. Je trouve que Pierre de Marivaux est très en avance sur la révolution des idées qu'on impute aux écrivains des lumières, or, lui écrit ses comédies sociales dès les années 1720, c'est-à-dire, bien avant les Voltaire, les Diderot et les Rousseau. On célèbre malheureusement fort peu cet aspect du talent de l'auteur. Dommage et un peu injuste pour un écrivain bien plus profond qu'il y paraît et qui gagne, selon moi, à être découvert ou mieux lu.
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