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Critique de kikenbook


Ce n'est pas le colonel Moutarde avec le chandelier dans le petit salon. Si quelqu'un a tué Lucy Davis avec un marteau dans le débarras de la villa de Mariama Miladi, c'est au Capitaine Markou qu'il revient d'en découvrir l'identité. Dans un whodunit qui assume complètement ses influences agathachristiques, Christos Markogiannakis a construit une intrigue policière plutôt classique mais dont la recette fonctionne toujours aussi bien.
Une journaliste assassinée lors d'une soirée, un flic déjà présent sur les lieux du crime et une dizaine de suspects comme autant de « petits bonshommes-à-la-couleur-de-peau-foncée » qu'Agatha Christie faisait dégringoler de la tablette d'une cheminée à mesure que les protagonistes tombaient comme des mouches sur l'île du Soldat, sont les trois ingrédients principaux de ce roman dont la couverture sent bon les vacances au soleil. Car c'est aussi sur une île que se déroule le drame, une île grecque imaginaire, Nissos, coupée du reste du monde par un vent trop fort pour que le chef de la police locale, occupé sur le continent, puisse revenir et enquêter, laissant ainsi toute la place à Markou. Il a donc sous la main dix suspects qui ont tous une bonne raison d'avoir tué la victime dont l'enquête révèle rapidement le côté fouineuse : elle écrivait une sorte de roman dont les personnages se trouvaient calquer sur les hommes et femmes qu'elle côtoyait sur l'île, dénonçant ainsi leurs petits travers, leurs petits secrets et… leur crime. C'est parce que Lucy Davis évoque, dans son ébauche de roman, un meurtre vieux de plusieurs dizaines d'années et toujours irrésolu que Markou va également se pencher sur cette vieille affaire et créer un lien entre le passé et le présent. L'enquête se corse quand le corps de l'un des dix suspects est découvert au pied d'une falaise…
C'est un vrai plaisir de retrouver le capitaine Markou, ce capitaine de police qui détonne dans l'univers du polar par sa normalité. Toujours persuadé qu'il serait trop banal pour être un flic de roman, d'ordinaire au passé torturé et au présent abîmé (ou l'inverse), il enquête avec la rigueur classique d'un Poirot sauce tzatziki : les interrogatoires des suspects et les recherches d'indices sur le terrain sont le b.a.-ba de l'enquête policière auquel on ajoute ici le décryptage d'un roman dans le roman et l'enquête sur une crime passé non-résolu. Les chapitres courts donnent le rythme des investigations qui ne connaissent pas de temps mort, l'écriture fluide, traduite par Hélène Zervas, vous emporte immédiatement pour ne pas vous lâcher jusqu'au « Bon-Dieu-mais-c'est-bien-sûr » final (les plus âgés auront la ref) qui dénoue l'intrigue en braquant les projecteurs sur le ou les détails qui, mis en lumière, vous éclairent sur le fin mot de l'histoire.
Si son art de créer des romans à énigme classiques avait valu à Agatha Christie son titre de Reine, Christos Markoginannakis semble être bien parti pour gagner à son tour, en tant que digne successeur dans la maitrise du genre, le titre de Prince du Crime.
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