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Critique de colimasson


Chacun devrait trouver son intérêt dans ce catalogue issu de l'exposition L'Art d'aimer si l'on s'en tient aux termes de Philip Roth qui a écrit que l'amour est « la seule obsession que tout le monde désire ». Obsession universelle, mais vécue chaque fois différemment…


Le sentiment amoureux est ainsi disséqué en plusieurs étapes et traverse habilement les siècles, s'emparant au passage de nouvelles techniques et s'enrichissant de moeurs et de cultures voisines. Pas de surprise donc si nous commençons par le commencement… commencement à la fois chronologique –illustré par un choix d'oeuvres parmi les plus anciennes ou relevant des mythes bibliques et antiques- mais aussi symbolique, puisque c'est l'heure du coup de foudre et des premiers sentiments d'émois, particulièrement abordés à travers la sphère de l' « attraction ». Qu'on nomme « capitulation » le moment où les deux amants s'offrent enfin l'un à l'autre pourrait sembler étrange. Pourquoi cette incursion du vocabulaire guerrier parmi l'effluve de sentiments romantiques ? On comprend toutefois mieux sa pertinence lorsque, après les éternels échanges de « promesses » survient trop souvent le « tourment » et ses déclarations de conflits larvés.


Ces étapes se disent en images mais les supports de l'amour, de ses prémisses, de ses exaltations et de ses dégradations ne sont pas uniquement visuels. L'âme soeur nécessite également une communion intellectuelle –tout du moins verbale. L'art d'aimer nous donne la possibilité d'en être les évaluateurs et nous permet de fouiller indiscrètement dans la correspondance amoureuse de quelques artistes… D'un point de vue très phallocentrique, puisque les Muses sont toujours féminines –simples figures éthérées qui se contentent de paraître pour inspirer le génie créateur masculin-, la photographie nous donnera à contempler quelques-unes de ces interlocutrices de grands artistes. Et puis viendra le cinéma, où fiction et réalité s'entremêlent parfois subtilement, jusqu'à ce qu'on ne sache plus qui, de la passion cinématographique ou de la passion viscérale, est apparue la première…


Le catalogue de l'exposition L'art d'aimer s'accompagne également de textes explicatifs étonnamment élaborés et détaillés qui trouveraient aisément leur lectorat en dehors du public seulement intéressé par les oeuvres présentées au sein de l'exposition. Sans se contenter d'illustrer les peintures, lettres, photographies et affiches de cinéma qui parcourent les pages de ce catalogue, les textes reviennent sur le sentiment amoureux en lui-même et en évoquent de nombreux aspects à la fois culturels, historiques et sociaux, qui seraient tout aussi bien pertinents même sans illustration.


"Dans le Kama-sutra, la jeune fille peut donner trois sortes de baiser : le baiser nominal (elle touche la bouche de son amant, mais demeure passive), le baiser palpitant (elle ne bouge que sa lèvre inférieure), le baiser touchant (elle ferme les yeux). D'autres variantes sont proposées : le baiser droit, le baiser penché, le baiser pressé, le baiser grandement empressé."


Alors, l'amour, obsession universelle ? Reste encore qu'il faille soi-même être enivré par l'Autre (auquel chacun voudra bien donner le nom qui lui convient)… L'art d'aimer ne pouvait bien évidement pas s'accorder une légère incursion vers le célibat, mais peut-être n'aurait-il pas été superflu de s'attarder aux préquelles (ou aux séquelles ?) de l'amour souvent représentées par la solitude de celui qui attend… Assis seul sur un banc, on l'imaginerait alors très bien penser cette phrase de Line Vautrin :


« L'amour fait passer le temps, le temps fait passer l'amour »…


Absurde, peut-être, et c'est peut-être aussi pourquoi tant d'interprétations et de représentations s'affrontent en ce domaine !
Lien : http://colimasson.over-blog...
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