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Critique de Henri-l-oiseleur


Le cannibalisme n'est pas seulement une pratique alimentaire et cultuelle. Il est aussi un thème littéraire très important, de la figure du cannibale dans les polémiques protestantes contre la messe au XVI°s, à celle du Bon Sauvage anthropophage dans les Essais de Montaigne. Le cannibale est donc un instrument de moquerie, de satire et de critique : sous la forme de recettes de cuisine cannibale, Swift proteste contre l'esclavage auquel l'Irlande est soumise (conseils sur la meilleure façon de cuisiner les enfants irlandais pour les tables anglaises). Vers 1970, le film Themroc de Faraldo incarne magnifiquement la révolte gauchiste soixante-huitarde contre toute oppression : le héros, joué par M. Piccoli, abat les cloisons de son appartement devenu caverne, renonce au langage articulé pour les grognements, couche avec sa soeur et mange des policiers qu'il attrape. Frédéric Mars et le dessinateur Marsault s'inscrivent dans cette lignée par ce livre de cuisine humaine paru aux éditions Ring. Puisqu'il y a trop d'hommes et pas assez de ressources naturelles pour les nourrir, il suffit de manger de l'homme : voilà pour l'écologie (Salade de végans sans salade, Petits légumes du potager aux poils d'écologiste). L'appétit des auteurs n'épargne personne : les migrants (en sashimi aux crustacés de la Méditerranée, Petit salafiste aux lentilles explosives), les militants de tous bords (Macarons fourrés à la semence de macroniste, Flan de femen façon entremecs, Fondue frontiste à la bière 8,8°, Tête de gréviste fourrée aux pommes de terre grenaille, etc ...), mais aussi les travers sociaux les plus criants (Tripes de trader façon financiers, Marie-Charlotte de gamins aux prénoms ridicules, Civet de tapin, Mille-feuilles de journaliste d'investigation etc). le propos est bien servi par la plume pince-sans-rire de Frédéric Mars et par le trait précis, réaliste, caricatural et parfaitement maîtrisé, du jeune dessinateur Marsault, héritier de Gotlib, de Reiser et autres.

Mon ressenti risque de déplaire sur Babelio, j'en ai peur, mais mon humanisme gourmand a été le plus fort. Une dernière recette à la portée de tous : instatarte facile d'accro aux réseaux sociaux.
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