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Critique de kouette_kouette


Quelle est la différence entre Dieu et un chirurgien ?
Dieu ne se prend pas pour un chirurgien...

On rigole, on rigole, mais je trouve que cette blagounette est finalement assez représentative de ce qu'on attend d'un chirurgien. de ce qu'on pense être en droit d'attendre d'un chirurgien.
Et quand il s'agit d'une opération sur un cerveau - organe le moins maîtrisé par la science - la foi en son neurochirurgien est de rigueur sous peine de mourir de peur.
Mais Henry Marsh, neurochirurgien à la retraite, en témoignant de son expérience - maniant la vulgarisation de sa profession à merveille - ne manque pas de nous rappeler que le neurochirurgien est avant tout un homme. Tel un vieux sage, il n'y cache pas ses erreurs et l'arrogance dont il a fait preuve en début de carrière. On ne comprend que mieux combien la confiance de ses patients a du être lourde à porter pour lui.
Chaque chapitre s'ouvre sur une définition d'une des pathologies qu'il a rencontrées durant sa carrière, et s'ensuit le développement d'une anecdote correspondant à ce cas.
Le lecteur s'ouvre alors à des réflexions diverses très intéressantes à mon sens.

N'allez pas croire que je vous fasse la leçon sur nos exigences médicales parfois utopiques, je sais que la philosophie médicale est difficile. Lorsque mon Amour a laissé tomber ses 80 kg dans un bruit sinistre parce que son cerveau s'est mis sur off pendant 20 putain de longues minutes (après 4 mois de récupération et aucune explication sur la cause, il va très bien), je me suis mise à avoir la foi envers la neurochirurgie. Moi, athée de chez athée, ce jour-là j'ai voulu croire qu'un homme pouvait être Dieu. Comment faire autrement ?
Quand Henry Marsh décrit le cerveau comme un « substrat mystérieux, siège de toute nos pensées et émotions, de tout ce qui importe dans une vie humaine » je ne peux qu'acquiescer férocement : quand Monsieur a repris connaissance sans pouvoir bouger,
je me foutais éperdument de savoir s'il pourrait à nouveau mobiliser le galbe parfait de son fessier. J'étais juste infiniment heureuse qu'il se repère dans l'espace-temps, qu'il m'appelle par mon prénom, et qu'il utilise un mot dont je n'étais même pas sûre de la définition exacte.
Alors quand le neurochirurgien, pressé par mes questions dira bien plus tard « Vous savez, nous, on aime quand on ne trouve rien » , et après la lecture d'Entre mes Mains, qui énumère des pathologies qu'ils n'ont pas diagnostiqué chez lui, je dis enfin « Amen ». Ou « Carpe diem » puisque je sors de cette foi démesurée.

Excusez-moi pour ce paragraphe très personnel qui explique juste mon choix de cocher ce livre dans la masse critique de non-fiction. Je pense toutefois être objective sur la qualité de ce recueil. Enfin, je crois.

J'aurais bien aimé visionner en complément le documentaire The English Surgeon, où on suit Henry Marsh intervenir en Ukraine, mais je n'ai malheureusement pas pu trouver la version avec les sous-titres français. Dommage. Parce qu'après avoir lu Entre mes mains, on a envie de rester un peu plus longtemps en sa compagnie.
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