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Critique de pictura


Le roman m'a passionné, pas pu le refermer avant d'avoir fini. Bien écrit, concis, net, précis, comme une incision dans le crane pour opérer un épendymome.
Le livre raconte la vie professionnelle d'un neurochirurgien, chirurgien du cerveau. Ses doutes, ses convictions, ses déboires, ses espoirs, les relations avec les patients, sa vie à l'hôpital. le récit se veut honnête.
Oui, nous avons affaire à un médecin honnête… Un chirurgien intègre et honnête… Comme si je disais : un ministre honnête. Allons bon, quelle drôle idée ! Aujourd'hui, les deux mots sont antinomiques.
Ami lecteur, je te renvoie aux oeuvres de Martin Wincker, médecin et écrivain, qui dénonce les travers du corps médical.
Bref... Henry Marsh se veut sincère. Il avoue des erreurs. Oui, ami lecteur, tu as bien lu, un chirurgien qui avoue ses erreurs dans sa discipline, un coup de scalpel erroné, une opération qu'il n'aurait pas du faire et la vie du patient (et pas du client !) s'en trouve bouleversé. Pensez donc, on ne touche pas au cerveau comme à un autre organe.
L'auteur avouera même qu'un de ses confrères, oh combien réputé, a plusieurs fois mal opéré et a rendu un jour un homme à l'état de légume (peut être même plusieurs). Il a même établi un faux compte rendu pour se couvrir.
Ce que je dis là est un point de détail du livre (si j'en parle autant, c'est que j'ai du mal à encaisser la chose). le livre parle d'un chirurgien qui aime son métier, ses patients, l'acte chirurgical en lui-même, l'équipe de soin, la formation qu'il prodigue auprès de jeunes collègues. Il aime aussi l'incertitude de sa profession, de la chirurgie du cerveau, avec ses risques inévitables, les 5 % ou 10 % de complication selon la maladie, selon comment le cerveau se présente à l'ouverture de la boite crânienne, selon comment se présente le réseau sanguin cérébral…
J'ai dit auparavant le mot déboire. Cela concerne surtout le système de santé anglais (comme le système français) avec l'instauration de nouvelles normes européennes, de nouvelles formes, de nouvelles règles qui aboutit à des dysfonctionnements dans le système de santé, parfois cocasses, parfois ridicules, parfois aberrants. L'auteur présente bien les choses sous cet aspect et c'est avec un sentiment de rage ou d'impuissance qu'on lit les péripéties de ce chef de service dans un hôpital, chef qui croule sous les dossiers administratifs, sous les nouvelles réglementations qui rendent un système de santé inefficace et laborieux.
Le livre est divisé en chapitres traitant d'une maladie. J'ignorais qu'il pouvait y avoir autant de maladies dans le cerveau. Comme quoi la connerie a peut être une origine naturelle. Je blague.
Bref, deuxième bref qui sera le dernier.
Un très bon bouquin que j'ai adoré. Si je tape un peu sur les médecins, c'est que comme la plupart d'entre nous, il m'est arrivé d'en rencontrer des spécialistes, des praticiens qui abusent de leur fonction et qu'ils en oublient le patient devant eux, l'homme devant eux, qui attend des bons soins, pas forcément un bisou ou un câlin, même si ça peut aider, mais des soins à valeur humaine. Il est cependant encore aujourd'hui des bons médecins, j'en ai aussi rencontré. Je ne sais pas s'ils sont dans une minorité ou une majorité. Donc mes propos ne concernent pas tous les médecins, le métier est devenu difficile, certes et certains le font avec un courage exemplaire. J'aime plutôt taper plutôt sur les pontifes, suffisants, arrogants, qui prennent le genre humain pour du bétail. Ceux là, le pognon et la renommée les intéressent plus que la santé de leurs clients (et pas patients).
Dernière chose, Henry Marsh évoque aussi ce paradoxe : un chirurgien ne deviendra bon que s'il pratique beaucoup. Et du coup, les premières fois ? Ami lecteur qui doit se faire opérer : demandez donc au praticien s'il a l'expérience ! C'est votre corps ! Osez le demander que diable ! N'allez pas vous abimer le pied ou l'estomac ou votre poumon pour ne pas vexer l'autorité médicale qui n'a rien à carrer de vous. (Je m'emporte, il existe de bons médecins, il existe de bons médecins, il existe de bons médecins….)
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