De cet essai anthropologique parfois très pointu, je garde ce côté onirique de la nature qui a donné le titre au livre. Au Kamtchatka, ceux qui sont retournés en forêt quand l'Union Soviétique s'est dissoute, ont retrouvé la relation que leur peuple entretenait avec la nature, de manière pourtant très discrète pour le profane.
Certains, comme Daria, chantent pour la rivière, mais surtout, ils écoutent ce que leurs rêves leur disent dès que la nature y joue un rôle. L'intérêt est très pragmatique: chasser, pêcher au bon endroit, éviter l'ours, être informé du changement prochain de saison.
J'ai pris plaisir à retrouver Daria et sa famille, que je venais de quitter dans le beau récit
Croire aux Fauves. J'ai mieux compris l'enjeu que tenait le rêve et la symbolique dans celui-ci grâce à cet essai.
Au delà de ça, j'ai trouvé très intéressant la perspective de
Nastassja Martin envers son domaine, l'anthropologie, bien que sur ce point je me suis souvent sentie très ignorante, et donc perdue. Elle met clairement en relation la manière dont vit cette population et l'histoire récente de la Russie / URSS.
On est loin du chercheur occidental paternaliste à la recherche d'exotisme, la relation que l'auteure entretient avec cette population est horizontale et son regard parfois presque naïf lorsqu'elle interroge Daria sur sa relation aux éléments naturels.
Cet essai est une vraie ouverture sur le monde.