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Critique de Pois0n


Pois0n
15 décembre 2019
Bizarre, vous avez dit bizarre ? En tout cas, le mot semble avoir été inventé pour décrire ce livre...

Quand on commence « Dans la maison du ver », on se retrouve parachuté dans un univers étrange sans être en mesure de déterminer précisément à quoi on a affaire. D'un côté, les noms et le décor font penser à de la fantasy, de l'autre, il y a ce soleil qui se meurt, ces allusions à de lointains ancêtres et à une certaine technologie... Ce n'est que grâce aux indices et éléments disséminés tout au long du texte, ainsi qu'au recueil au sein duquel la nouvelle a été publiée en VO (« The Ides of Tomorrow », rassemblant des récits de science-fiction horrifiques), que l'on parvient à trancher : il s'agit de SF post-post-post-post-apocalyptique, de nouvelles créatures et civilisations ayant depuis très (très, très, très...) longtemps remplacé jusqu'au souvenir de la nôtre.

Une chose est sûre, même si l'on ne sait pas dans quoi l'on vient de s'embarquer, le malaise s'installe dès les premières pages, entre l'astre périclitant réduit au rang de divertissement raffiné et la nourriture peu ragoûtante faisant les délices des protagonistes. Ne lisez surtout pas ce bouquin après avoir mangé ou pris un médicament un peu costaud (pas de bol pour moi, double combo !)...

Hélas, il est une autre chose qui dérange : l'arrogance presque caricaturale d'Annelyn, le protagoniste principal. Qui, heureusement, devient plus supportable au fil du récit... Reste que le début de la lecture est rude, entre cet univers déroutant, ces ennemis dont le nom ne nous évoque rien et tous ces couloirs sombres.

Claustrophobes s'abstenir, l'intégralité de l'histoire se déroule en effet dans des souterrains et dans l'obscurité souvent complète. Une originalité qui constitue toute la force de l'histoire, étant donné qu'Annelyn ne dispose bien souvent que de ses autres sens pour se débrouiller. Ce que l'on perd en décor, on le gagne en immersion : les sons que l'on ignore réels ou non, les odeurs putrides, les surfaces gluantes non identifiées occupent ainsi une place primordiale au sein du récit, le rendant d'autant plus angoissant que l'aventure dans les ténèbres est loin d'être paisible. Bref, côté ambiance, « Dans la maison du ver » est une franche réussite.

Côté histoire par contre, on ne peut pas en dire autant. Annelyn se fourre là-dedans tout seul et on ne va vraiment pas le plaindre tandis qu'il tente de s'en sortir. Et c'est tout. Ça ne va pas plus loin. Les mystères de cet univers resteront aussi flous pour nous que pour lui, ses découvertes demeurant au final abstraites. le livre laisse la désagréable impression d'en dire trop peu, ou au contraire plus qu'il n'en aurait fallu. En l'état, on ne comprend pas tout et ne demeure que l'aspect survie. Les péripéties dans le noir s'enchaînent. Il y a des bestioles dégueu, des substances non identifiées dégueu, des trucs morts décomposés, des champignons chelou... Jamais un livre n'aura aussi bien retranscrit la pourriture et le moisi.

Au final, on referme tout de même le livre avec un fort sentiment de « WTF » et d'avoir eu affaire à un sacré OLNI (objet littéraire non identifié). C'était... bizarre, dérangeant, glauque, étouffant. Peut-on dire que le plaisir de lecture était là ? Pas sûr. Peut-être. Pas au début, en tout cas. Et si, par la suite, le rythme s'améliore, le fond reste léger, trop, même pour une nouvelle de 126 pages imprimée gros. Reste ce côté malaisant à outrance et cette originalité qui en font un véritable objet de curiosité. Bizarre, vous avez dit bizarre... oui, comme ce bouquin est bizarre !
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