Les enfants d'Ogaiz

La punition des faussaires de monnaie était la plus horrible que l’on puisse imaginer. Le coupable était cuit jusqu’à sa mort dans une marmite géante pleine d’eau bouillante, puis il était pendu pour servir d’exemple aux autres faussaires qui oseraient commettre le crime terrible d’escroquer l’État. La méthode avait été appliquée en France et importée en Navarre, bien que son aspect dissuasif fût encore a prouver.

Ses ancêtres avaient habité cet endroit, depuis des temps immémoriaux. Il n’avait que faire des lois royales castillanes et navarraises. Les villages avaient existé avant les États et les hommes libres, comme lui, avant les villages.

En affaires, il n’y a pas de vraie amitié, pas plus qu’il n’y en avait entre deux chiens qui se battaient pour un seul os.

Les habitants de Lizarra étaient les descendants des hommes et des femmes qui avaient peuplé le Deierri du temps où l’histoire ne s’écrivait pas encore ; ils avaient construit leur cabanes, semé leurs champs, supporté les invasions et les attaques, lutté contre la Nature. Ils ne se montraient pas leurs sentiments parce que ni les paroles, ni les gestes n’étaient aptes à les exprimer mais ils étaient toujours là, comme les hêtres et les chênes, à regarder le temps passer, immuables.