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04 octobre 2016
Libérer le travail et se libérer du travail

Avant de revenir sur certains points des présentations d'Antoine Artous, je tiens à souligner les analyses des procès concrets de travail par Karl Marx. Machine outil, « coopération des machines-outils homogènes », standardisation, coopération, fonction « de direction, de surveillance et de médiation », manufacture et réunion d'ouvriers « dans un même local », sphère d'action rétrécie, simultanéité, ouvrier parcellaire, différenciation et spécialisation des instruments de travail, travailleur collectif, division du travail, division manufacturière « création spéciale du mode de production capitaliste », machinisme et grande industrie, fabrique, machine à vapeur à double effet de Watt, machine d'opération combinée, automate…

On retrouvera cette même qualité de détail dans l'ouvrage de Pierre Naville : Vers l'automatisme social ?. Machines, informatique, autonomie et liberté.

Cette méthode pourrait aujourd'hui s'appliquer aux profondes mutations, liées à la numérisation, qui vont détruire des millions d'emplois dans le commerce et les services. Encore faudrait-il que les sociologues du travail n'en restent pas aux conditions de travail, et s'intéressent aux procès de travail eux-mêmes…

Dans son introduction générale, Antoine Artous discute de certaines analyses de Karl Marx. Il souligne la nécessité de « spécifier historiquement » les catégories utilisées, le refus de la naturalisation des rapports capitalistes, le rejet des « catégories » transhistoriques ou du hors de l'histoire. « C'est précisément pour rendre compte de la spécificité du rapport capital/travail salarié que Marx met en chantier sa « critique de l'économie politique ». »

Je souligne particulièrement le chapitre « Libérer le travail et se libérer du travail ». Antoine Artous détaille certaines analyses, toujours de grande actualité, de Karl Marx. Rapports entre entre travail et émancipation, réduction de la journée de travail, émancipation « comme une dialectique du temps de travail et du temps libre », et problématiques contradictoires dans l'oeuvre de Karl Marx

Salariat, nouvelle forme historique de domination, « travailleur libre », lutte pour le « droit égal », égaliberté comme « autre face politico-juridique d'une émancipation pensée à travers une dialectique temps de travail / temps libre », despotisme d'entreprise, travailleur mobile polyvalent (mais une polyvalence différente de celle de l'artisan) non « soudé » aux moyens de production, formes possibles d'appropriation de la production…

Sommaire :

Coopération, manufacture et grande production

La subsomption du travail sous le capital

Automatisation et temps libre dans les Grundrisse

A propos de la catégorie de travail

Je ne reviens pas sur le travail et son organisation concrète (voir plus haut). Dans sa courte présentation de la première partie, Antoine Artous aborde, entre autres, le « travail socialement déterminé », la dépossession des producteurs de leurs moyens de production, le rapports salarial capitaliste et le redécoupage des espaces sociaux, le travailleur collectif, la « cristallisation du travail comme force sociale », les nouvelles formes de socialisation, la production de plus-value, la violence sociale, le statut social historicisé…

Dans la seconde partie, l'accent est mis sur les « formes spécifiques de domination et de dépossession générées par la subsomption (subsuption) du travail sous le capital par fois traduit par soumission », le fétichisme, « la place centrale du fétichisme dans la théorie de la valeur de Marx », le rapport social de production… le préfacier présente aussi le débat sur « fétichisme » versus « aliénation ».

Dans la troisième partie, Antoine Artous met l'accent sur certains paradoxes présents dans les Grundrisse, le capital comme « contradiction en procès ». Il rappelle que le travail productieur de plus-value « peut-être matériel ou immatériel »…

Enfin, dans la dernière partie, sont analysées « les formes sociales objectives », la catégorie historique de travail, le « travail socialement déterminé », le travail concret et le travail abstrait…

Encore une fois et à très juste titre, Antoine Artous souligne que « le caractère matériel ou idéel du procès de production et du produit lui-même n'entre pas en ligne de compte » ou que « le caractère « manuel » ou « intellectuel » du travail n'entre pas en ligne de compte ».

Il me semble important d'insister sur les ruptures introduites par la révolution capitaliste, la nécessité de penser les rapports sociaux, dont le rapport social du salariat, pour aborder les nouvelles questions et possibilités d'émancipation. Ce petit livre contribue a réhabiliter la critique radicale de l'économie politique, qui dois-je le rappeler, n'a que peu à voir avec les réductions économistes de certains « marxistes »… Une introduction bienvenue à certains travaux de Karl Marx.

Lien : https://entreleslignesentrel..
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