Personnage atypique pour un roman atypique !
Martha, notre narratrice, 40 ans, est rédactrice de critiques culinaires humoristiques. Patrick, son mari, est médecin et il vient juste de la quitter. Elle retourne vivre chez ses parents, l'occasion de réfléchir sur sa vie, de son enfance à peu près normale jusqu'à aujourd'hui, en passant par le tournant de ses 17 ans, où elle a commencé à avoir des épisodes dépressifs et suicidaires.
Le coeur du roman tourne autour de la maladie de Martha. Nous ignorons de quelle pathologie elle souffre, on sait juste que c'est une dépression cyclique et écrasante, la laissant prostrée des jours ou des semaines durant. Les moments où Martha va bien, elle craint la récurrence de sa maladie. Sous traitement, bien entendu, une grossesse est fortement déconseillée. Pour cette raison, Martha dit à tous ses amants, y compris à Patrick, qu'elle ne veut pas d'enfants, se convainquant même que c'est vrai, malgré son adoration pour eux.
Il m'a fallu du temps pour réussir à rentrer dans cette histoire. J'ai trouvé en Martha un personnage frustrant mais les raisons de son comportement erratique deviennent plus claires au fur et à mesure que le roman progresse. Martha devra attendre ses 40 ans pour qu'un médecin pose enfin un diagnostic sur ses symptômes ! Et l'auteure ne nous donnera pas plus d'indice, la maladie de Martha étant « _ ». C'est ingénieux, car cela nous empêche de biaiser notre opinion avec nos idées préconçues. Par contre, bonjour la frustration !! D'autant qu'à la fin du roman, l'auteure nous précise que la maladie de Martha ne correspond pas à une maladie mentale réelle. Tout n'est que fiction. Nous ne sommes donc pas dans un essai romancé sur la dépression, la bipolarité ou autre. Par contre, cela nous renvoie parfaitement à la frustration que Martha a du ressentir toute sa vie. La position des proches face à une pathologie mentale est bien développée, amenant le lecteur à comprendre pourquoi Patrick a fini par quitter Martha.
« (…) quand la souffrance est inévitable, la seule chose qu'on peut choisir c'est le décor. Pleurer toutes les larmes de son corps en longeant la Seine, ce n'est pas la même chose que pleurer toutes les larmes de son corps en traînant dans Hammersmith. »
Il y a eu des moments de grande tristesse tout au long du livre, mais il y a aussi eu des passages très spirituels. J'ai adoré l'humour sec et noir, savamment équilibré pour ne pas que le côté sombre de l'histoire ne prenne le dessus, pour qu'une once d'optimisme reste toujours en surface.
J'ai beaucoup apprécié les interactions entre Martha et sa soeur, Ingrid. le temps qui s'écoule est mesuré par le nombre d'enfants qu'à Ingrid. Autant Martha ne doit pas en avoir, autant Ingrid en a pour deux ! Et même si Martha ne veux pas se l'avouer, à chaque nouveau bébé, elle s'enfonce un peu plus dans sa mélancolie et son désir inassouvi de devenir mère à son tour.
Bien qu'il s'agisse d'une histoire de santé mentale, c'est aussi une histoire d'amour, de rédemption et de famille.
La plume de Meg est fluide, percutante, grinçante même. Par contre, je regrette les longueurs, que j'ai trouvé pesantes au début, il me fallait m'habituer au style de Meg, je pense. Et je n'ai pas été hyper convaincue par la fin, mais cela reste mon opinion personnelle.
«
Évidemment Martha » est un roman qui ne plaira pas à tout le monde, c'est certain, mais il vaut le détour si vous êtes à la recherche d'une lecture différente.
« A moins que je ne vous spécifie le contraire, de l'âge de vingt ans jusqu'à près de quarante ans, j'ai connu des phases de dépression légère, modérée ou sévère pouvant durer une semaine, quinze jours, six mois, un an. »
Je remercie les Éditions
Le Cherche Midi et NetGalley pour cette lecture.
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