Vous, les Gascons, vous êtes tous des fanfarons, à ce qu'on dit?
Que répondre? Que les Bordelais, tout au moins ceux qui appartiennent aux classes aisées, après des siècles de haute bourgeoisie et de bonne éducation, ne sont plus gascons? Que Bordeaux est un anti-Paris, satisfait, content de soi, conscient de sa supériorité morale, et pourtant jaloux de la capitale? Qu'il s'agissait du premier avant-poste, de la première colonie, de l'Empire anglais, qu'on s'y sent loin de la France, que... Toutes ces réflexions qu'il s'était faites si souvent lui paraissaient soudain ridicules, et en tout cas impossibles à verbaliser.
Il les écarta et dit: "Vous connaissez notre maire, Marquet, n'est-ce pas? Il était socialiste, mais maintenant il se dit national socialiste. C'est un homme d'action, quelqu'un qui se pousse, ce qui n'est pas dans les habitudes de Bordeaux. Ici, le pouvoir a toujours préféré rester dissimulé. Mais on l'élit toujours, il tient la ville. Il a construit l'Hôtel de Ville, cette monstruosité dans le style mussolinien. Il est copain avec Laval, et si la guerre tourne mal, il sera dans le sens du vent, c'est certain."
"Quelle idiote était Pilar, une idiote courageuse, sans aucun doute et même une idiote pleine de noblesse mais quand meme insensée au point de ...je ne sais pas quoi.Je regrette seulement de ne pas avoir son courage."