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Critique de christinebrignon


La célèbre vague d'Hokusai en couverture s'accorde bien avec le titre de ce roman, puisque cette enquête aboutit au Japon et que le tsunami du fameux séisme de magnitude 9,1 ayant ravagé la côte pacifique du Tōhoku, au Japon le 11 mars 2011, joue un rôle fort dans cette histoire.
Mais on aurait pu y voir aussi l'estampe érotico-fantastique – d'Hokusai toujours, mais moins connue – appelée "Le Rêve de la femme du pêcheur" ou encore "L'Ama et le poulpe" où l'on contemple une Japonaise nue en proie au plaisir que lui prodiguent deux poulpes. Car ce livre est empreint d'érotisme : un érotisme subtil à la manière japonaise qui se révèle dans l‘exquise première partie, lorsque Benoît et Yuko se rencontrent et se séduisent mutuellement pendant leurs études de littérature à La Sorbonne-Nouvelle, un érotisme assumé lors du weekend qui suit leur visionnage du film "L'Empire des sens", mais aussi un érotisme monstrueux, puisque le mémoire de Yuko porte sur le cannibalisme, avec l'idée de confronter des points de vue différents sur la question : ceux de l'écrivain français Montaigne qui estime plus grave de torturer un être humain que de le manger après sa mort, de l'écrivain japonais Ooka qui raconte l'odyssée de soldats amenés à en chasser et manger d'autres pour survivre, et des journalistes japonais relatant l'histoire de l'étudiant japonais Sagawa qui, dans un fantasme délirant, séduisit une jeune allemande, étudiant comme lui à la Sorbonne-Nouvelle… et la mangea !
Après le retour définitif de l'étudiante japonaise dans son pays, Benoît et Yuko se sont écrit de loin en loin et ont même correspondu par mail avant que tout s'arrête soudain, juste après le tsunami de 2011. Quelques années plus tard, Benoît franchit les mers, via Kyoto. N'ayant pu oublier son amoureuse, il veut la retrouver.
Encore une fois, Christophe mêle harmonieusement de la matière qu'il a obtenue en menant une enquête à la façon d'un journaliste d'investigation avec des impressions ressenties lors d'un voyage au Japon, mais aussi avec des réflexions tirées de son parcours personnel, souvent assorties de l'humour caustique qui est l'un des traits marquants de son caractère. À sa manière nonchalante et pourtant obstinée, Christophe sait très bien où il va tout en nous donnant la plupart du temps l'impression contraire.
Et au bout de ce périple qui avait pour but de clore un cycle, la fin de cette histoire nous émeut dans une ellipse, élégante et raffinée, digne d'un auteur japonais.

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