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Critique de mjaubrycoin


Quand on est née comme moi, au mois de novembre et qu'on est passionnée de littérature, le dernier prix Goncourt constitue le cadeau d'anniversaire parfait censé combler sa destinataire.
Malheureusement les choix opérés par le jury se conforment rarement à ma sensibilité personnelle... Encouragée par les critiques élogieuses des babeliotes et soucieuse de découvrir un auteur contemporain que je ne connaissais pas, j'ai abordé ce livre avec un à-priori favorable...jusqu'à ce que ma lecture se transforme en un véritable pensum ...
J'ai vraiment failli à au moins deux reprises « lâcher l'affaire « pour rester dans le champ semantique de l'auteur et il m'a fallu une détermination sans faille pour en terminer avec ce roman qui m'a profondément déçue.
Déjà le sujet est bien loin d'être divertissant : les vies tristes à pleurer d'un groupe de jeunes gens vivant dans l'Est de la France dans les années 1990 , traînant leur mal-être et leur désoeuvrement dans une région frappée de plein fouet par la crise de la sidérurgie .
Le manque de repères et de perspectives d'avenir s'accompagne de transgressions diverses, alcoolisme et délinquance...la génération des parents tout aussi paumée, est loin de pouvoir leur apporter le moindre secours.
Bien sûr avec un tel matériau de base, on peut écrire une grande fresque épique qui prend aux tripes ,mais pour cela,il faut avoir le talent d'un Gérard Mordillat.
Écrire dans un style « parlé «  avec les tournures en verlan, les abréviations douteuses, le langage dit « du 9-3 » c'est un pari osé qui peut tomber totalement à plat si on n'a pas la verve d'un Celine à qui on peut certes reprocher bien des choses, mais qui a eu l'audace de triturer la langue par des audaces stylistiques qui emportent l'adhésion sans lasser le lecteur.
Que de désespérance dans cette jeunesse, que de clichés a la vie dure, l'arabe délinquant, la jeune fille de bonne famille qui se « fait sauter »sans état d'âme, la jeune maman qui gâche sa vie en faisant des enfants..Même le sexe est loin d'etre joyeux !..Les adultes sont aussi bien servis , démissionnaires, alcooliques, incapables de comprendre leurs enfants....Que dire du passage sur les femmes mûres qui cherchent à trouver un peu de bonheur loin de leurs hommes indignes !
Quelle noirceur, à la limite de mépris affiché, pour cette population ouvrière oubliée de la croissance ! le soleil écrasant de ces étés lorrains est bien le soleil noir de la mélancolie.
Je m'interroge sur la réception de ce roman dans le bassin lorrain. Est ce rendre service à ceux que l'on cherche à mettre au premier plan de faire l'impasse sur la solidarité des travailleurs, la générosité de ceux qui n'ont presque rien, l'amour et l'amitié qui peuvent fleurir dans tous les contextes ?
Faut il néanmoins déposer ce roman au pied du sapin de Noël ? Chacun en restera juge.
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