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Critique de elea2020


J'ai apprécié ce livre portant deux nouvelles assez différentes, si ce n'est qu'un revolver y tient une place importante : le calibre 38 de Rose, et le Manurhin du juge Wagner. Je l'ai gagné en participant à un concours, et j'ai reçu ce bel objet avec un marque-page attentionné du service de la communication. La photo de couverture m'attirait, je n'ai pas mis longtemps à le lire - après réflexion, elle n'est pas d'époque, car Rose royal est un récit ancré dans notre époque contemporaine.

La première nouvelle, Rose royal, est assez développée, sur trois parties : Rose, 50 ans, vit avec résignation sa vie de célibataire, et se retrouve tous les soirs au Royal. Elle est assez portée sur la boisson, et passe ses soirées comme elle peut. Un soir, un homme fait irruption dans le bar, portant sa chienne renversée par une voiture, mourante, et Rose lui sauve la mise. Ils se revoient, se plaisent, et grisés par une nouvelle jeunesse, se mettent en couple.

Mais les choses ne vont pas si bien entre eux, Rose s'est détachée, n'a plus envie de subir, et commence à se poser des questions : rester ou partir ? La nouvelle montre bien, sinon les ravages de l'âge quand on n'est pas prêt ou prête à se ranger, en termes de couple et d'apparences de réussite tout du moins. Ce sentiment de réussite ou d'échec tel qu'il serait vu par les autres, ou encore le confort matériel, poussent les protagonistes à ignorer les signes, à se maintenir dans une vie insatisfaisante, plutôt que de s'assumer et de faire leurs propres choix.

De ce fait, je ne me suis pas sentie proche de l'héroïne, j'ai eu l'impression de suivre ses démêlés de loin - aucun des personnages ne m'était vraiment sympathique, et l'évocation de leur vie, leurs journées, leurs loisirs, me communiquait une vague sensation de vide, d'inutilité, qui n'était pas compensée par le loisir et le luxe. J'ai ressenti une grande solitude imprégnant ces nouvelles, une solitude comme essentielle, inhérente au monde moderne, mais qu'aucun de nous ne serait armé pour supporter. On peut posséder une arme au sens propre, ça ne nous rend pas plus apte à vivre la vie qui nous convient vraiment, ni même à savoir en quoi celle-ci consisterait. Il est plus facile de s'anesthésier à l'alcool et de baigner dans une douce béatitude en attendant que les soirées passent, seul(e) face à nous-mêmes, ou mal accompagné, ce qui n'est pas mieux.

La seconde nouvelle m'a davantage touchée : le juge Wagner existait pour moi, j'étais même persuadé que c'était un vrai personnage. J'ai trouvé l'environnement, les personnages, originaux, l'improbable rencontre entre le juge et Johann était surprenante et pleine de promesses avortées, comme une relation paternelle qui pourrait donner lieu à une rédemption, pour l'un comme pour l'autre. Johann est un pauvre jeune des banlieues, sans avenir, ou plutôt avec un avenir aux contours flous, si flous qu'on n'y croit plus, il prend des risques par ennui et fait des bêtises, sans vraiment se rendre compte. le juge est à la retraite (forcée), s'ennuie aussi, et surtout se trouve pisté par des Corses, depuis qu'il a fait mettre en prison un individu très lié à un mystérieux Beretta qui a causé la mort d'un préfet. Oui, même dans ce village de Noël qu'est Colmar en hiver, un ex-juge peut être en danger, consécutivement à des affaires jugées 15 ans auparavant... Et pourtant, Wagner commence juste à goûter ce plaisir d'être tout seul et qu'on "lui fiche la paix", en cela il m'était sympathique, et en ses efforts pour remettre Johann dans le droit chemin.

Une découverte sympathique, sinon essentielle, qui me donne envie de lire Leurs Enfants après eux, qui m'a été offert et m'attend dans ma Pile à Lire. le format nouvelle ne m'a pas paru suffisant pour ce que ces nouvelles avaient à dire, j'aimerais voir ce que donne cette imagination d'écrivain sur un roman entier. Toujours est-il que l'écriture est efficace et agréable à suivre, sans grand relief non plus, mais cela d'une manière modeste, car elle semble plutôt se mettre au service des personnages, qui sont silencieux, discrets, effacés.
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