AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,86

sur 389 notes
5
32 avis
4
31 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Pas facile d'écrire et publier après l'acmé que constitue l'obtention d'un prix Goncourt, surtout après un si beau roman, si personnel que Leurs enfants après eux. Malin, Nicolas Mathieu se permet une petite respiration, un pas de côté fort réussi avec cette novella résolument noire de 77 pages ciselées chez l'éditeur In8.

L'héroïne, Rose, pourrait être la mère d'un des ados provinciaux de son roman précédent. Elle a 50 ans «  un âge difficile où ce qui vous reste de verdeur, d'électricité, semble devoir disparaître dans le bouillon des jours », une « élasticité d'ensemble qui ressemble à de la jeunesse » mais un visage qui ne tient plus si bien la route. Elle est fatiguée, Rose. Divorcée, deux grands enfants qui font leur vie. Pas d'homme, trop compliqué, une copine avec laquelle elle picole le soir, après le taf, dans un rade comme il y en a plein. Malgré tout, elle se sent forte, surtout depuis qu'elle a acheté un flingue, au cas où un homme lui manque de respect, on ne sait jamais, c'est déjà arrivé et elle ne veut plus se laisser faire.

Nicolas Mathieu dresse un magnifique portrait de femme « ordinaire » avec le sens de la formule qu'on apprécie chez lui, son écriture empathique et sensible, tendre mais sans oeillère. Ses mots disent l'humain avec une acuité amère très juste sur notre époque et les rapports homme – femme.

Dès les premières pages, on l'aime, Rose, le lecteur veut croire à un nouveau bonheur possible lorsqu'elle rencontre Luc. Mais il se sent vite impuissant face à la fatalité en marche. Jusqu'à ce dénouement perturbant. Il m'a ébranlée profondément. Je ne m'y attendais pas , alors que toute la finesse de la construction du texte convergeait vers ce final-là.

Un texte concis, dense et déchirant qui confirme, si besoin, le talent de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          1114
77 pages pour parler d'elle.
Rose.
77 pages pour nommer l'innommable, le manque d'amour, le vide après l'amour. Les espoirs et les désespoirs.
77 pages d'une femme ordinaire.
Rose.

Elle travaille au Royal, un café comme un autre. Sauf que ce jour là, elle sort son arme puis elle rencontre Luc. Tir au coeur.
Ils se revoient. C'est le début d'un amour addictif, d'un je t'aime moi non plus. Relation fuyante, muette, toxique, Rose les connaît bien les hommes. Ils se sont tous tirés. Pourtant à cinquante ans, elle est encore belle avec ses longues jambes effilées.

77 pages, est-ce assez pour raconter une histoire qui prend au ventre ? Il faut un style direct, pas de fioritures, de détails, pas trop de place a des déballages émotionnels. Faut être concis, brut.

J'ai aimé sans aimer cette Rose Royal. Je me suis inventée les sentiments, les émotions, le tintamarre du coeur qui coule à flot. J'ai inventé mais ne l'ai pas vraiment trouvé dans ce livre. Dommage.

C'était mon premier Nicolas Mathieu. Loin de son Goncourt surmédiatisé. Ça se lit mais ça ne marque pas. C'est comme un pétale qui frôle la peau pour s'échouer par terre. Ça passe, ça frôle, mais ça ne bouscule pas. Et j'aime les livres qui nous collent au mur.
Commenter  J’apprécie          9210
Rose a bientôt la cinquantaine. Mais, elle ne s'en formalise pas. Divorcée, deux grands garçons qui font leur vie, un boulot de secrétaire de direction qui paie les factures. Une silhouette élancée, de magnifiques jambes et des hommes qui se retournent parfois sur son passage. Un mec de temps à autre, au hasard d'un échange sur un site de rencontres. Là non plus, elle ne s'en formalise pas. Tous les soirs, après le boulot, elle va boire un coup au Royal. Il y a Fred, le barman, et surtout sa grande copine, Marie-Jeanne, qui vient les mardi et jeudi. Toujours avec sa paire de ciseaux. le Royal se transforme alors en salon de coiffure. Depuis sa relation avec Thierry, qui était à deux doigts de lui en coller une, Rose s'est offert, sur un site américain, un calibre .38 et cinq cartouches. Ça la rassure. Elle le trimbale d'ailleurs souvent avec elle, dans son sac. Ce qu'elle ne sait pas Rose, c'est qu'il va servir, ce flingue...

Nicolas Mathieu dresse, tout en finesse et sensibilité, le portrait, un brin amère, de Rose. Une femme lambda, presque la cinquantaine, une belle silhouette mais une femme abîmée qui ne croit plus vraiment en rien et n'attend plus grand-chose. Une femme avec un flingue dans le sac, des fois qu'un homme lève la main sur elle. Une femme qui tombe amoureuse, une dernière fois... Dans cette nouvelle, l'auteur distille peu à peu un léger sentiment de malaise, d'étouffement, une violence sourde. Un texte court mais dense qui dépeint, avec pessimisme, ces relations hommes/femmes. Une fin inattendue qui ébranle. Un portrait émouvant de femme qui croyait encore à l'amour...
Commenter  J’apprécie          692
Sombres, inquiétantes, désenchantées sont les novellas que propose Nicolas Mathieu dans ce recueil.
2 histoires cruelles et terriblement crédibles :
Celle de Rose, quasi quinquagénaire, divorcée, 2 grands enfants, qui veut croire quand elle rencontre Luc, que l'amour est toujours à portée de main.
Celle du juge Wagner, retraité, qui, pour vaincre sa trop grande solitude, va se prendre d'amitié pour un jeune délinquant.
Des rencontres, des attentes et des fins réalistes.
Bien trop réalistes.
Et une écriture au cordeau👌🏻
Commenter  J’apprécie          440
"Rose boit trop et trompe sa solitude avec quelques coeurs fêlés du même genre".

Rose a 50 ans, blasée et dégoûtée de ses nombreuses rencontres et de ses" petites vies "avec les hommes.
Elle jure qu'on ne l'y prendra plus et que c'est elle qui, dorénavant, mènera la danse et n'acceptera plus aucune compromission ; ce sera sans compter sur sa dernière rencontre avec Luc.

- Absences - Silences - Violences allusives - Indécisions
Flash d'une vie, d'une femme ordinaire, trop vite éteinte !

La deuxième partie de ce petit bouquin nous montre un magistrat qui va croiser la route d'un gamin paumé.

Une affection se nouera.

Encore une fois, ce sera sans compter sur les impondérables de la vie.

Pas très gaies comme histoires mais tellement crédibles et qui ne sont pas faites pour faire entrer la lumière !



Commenter  J’apprécie          381
Avant que Rose ne s'étiole

Le Prix Goncourt 2018 nous offre un court roman noir qui prouve une fois encore son formidable talent. le portrait de Rose, quinquagénaire qui rêve d'un nouveau printemps, est aussi lucide que cruel.

Il paraît que pour un Prix Goncourt, il est très difficile de reprendre la plume. Il est vrai qu'après le formidable succès de Leurs enfants après, Nicolas Mathieu était très attendu. Avec Rose Royal qui, rappelons-le, n'est que sa troisième oeuvre publiée, il se remet doucement en selle, dans un format court, qui par parenthèse permet à IN8, un éditeur régional (basé à Serres-Morlaàs dans les Pyrénées-Atlantiques) de s'offrir une plus grande visibilité.
Rassurons d'emblée tous ceux qui ont aimé ses précédents livres, sa plume est toujours aussi aiguisée, son regard sur la société toujours aussi percutant.
Nous avons cette fois rendez-vous avec Rose dans un café de Nancy. Au Royal elle a pris ses habitudes, s'offrant quelques verres avant de rentrer chez elle, commentant l'actualité avec le patron, croisant la coiffeuse et sa meilleure copine. Bref, elle n'attendait plus grand chose de la vie, même si son physique conservait quelques atouts: «Rose aurait bientôt cinquante piges et elle ne s'en formalisait pas. Elle connaissait ses atouts, sa silhouette qui ne l'avait pas trahie, et puis ses jambes, vraiment belles. Son visage, par contre, ne tenait plus si bien la route.»
En attendant un très hypothétique miracle, elle avait réglé sa vie sur ce rituel qui la mettait à l'abri d'une relation décevante, comme celles que les réseaux sociaux offraient et à laquelle elle s'était quelquefois laisser aller quand la solitude devenait trop pesante. Car après tout, elle ne s'en était pas si mal sortie jusque-là. «Rose s'était mariée à vingt ans. Elle avait eu deux mômes dans la foulée, Bastien et Grégory, et un divorce sans complication majeure.»
L'événement qui va changer son quotidien survient au Royal un soir où le patron a joué les prolongations. En milieu de nuit un homme y trouve refuge avec dans les bras le chien qui vient d'être victime d'un accident. Rose ne le sait pas encore, mais cet homme meurtri est son nouveau compagnon. Ensemble, ils vont faire un bout de chemin, chacun voulant croire à une seconde chance «ne sachant que faire de ce nouvel âge de la maladresse». Après quelques mois, Rose va choisir de quitter son emploi pour seconder Luc et emménager chez lui. Un choix réfléchi? La suite va prouver que non.
Dans une ambiance proche de Aux animaux la guerre, Nicolas Mathieu sait parfaitement installer ces petits détails qui montrent que la mécanique s'enraye, que la belle histoire est un voeu pieux, que peu à peu Rose entre dans «cette escroquerie de la dépendance». Avec un épilogue glaçant que je me garde bien de de dévoiler. En revanche, ce bonbon acidulé est parfait pour nous mettre l'eau à la bouche et faire encore grandir notre impatience de nous plonger dans le prochain grand format de mon compatriote lorrain !

Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          382
Deux nouvelles dans ce recueil, et l'on peut jouer au jeu des 7 ressemblances après les avoir lues. En commun, ces thèmes :
- la solitude
- le vieillissement
- l'alcool, beaucoup (trop) d'alcool
- l'Est de la France
- les magouilles pour se sortir du lot, ou simplement s'en sortir au quotidien
- une arme (fatale ?)
Et forcément, le talent de l'auteur pour raconter des histoires plombantes, planter des cadres sombres, des personnages mal barrés. Sa justesse de ton et ses ambiances borderline me rappellent Virginie Despentes (N. Mathieu est cependant beaucoup moins cru) et Marion Brunet.

Dans 'Rose Royal', il est question de décrépitude conjugale vaguement camouflée sous des faux-semblants. Malgré ses expériences malheureuses avec les hommes et le recul de ses cinquante ans, Rose ne veut pas voir que l'histoire se répète. C'est plus confortable de faire des concessions, de lâcher la pression de temps en temps auprès d'une oreille compatissante, de serrer les dents, de se dire que ça ira mieux, de rentrer dans le jeu des vacheries, mesquineries balancées à tour de rôle - douce vengeance courte qui peut se payer cher.
J'ai été furax de découvrir le sujet du récit (son dénouement) avant de commencer l'histoire, à cause d'une critique presse qui lâche les mots clefs d'emblée. Je ne sais pas si cela a biaisé ma lecture, et si c'est pour cela que j'ai su trouver...

La nouvelle 'La retraite du Juge Wagner' a des parfums de vieux roman noir.
Un juge, au placard, qui n'attend pas grand chose de l'avenir, hormis la retraite, tranquillou, sans grands projets.
Redresser les trajectoires pour les gamins mal partis, en revanche, il y croit. Est-ce que cette foi suffit, contre la guigne ?...

Merci à Judith de me rappeler (souvent 😉) que Nicolas Mathieu est un excellent auteur ! Je serais passée à côté de ce recueil, sans cela.
Commenter  J’apprécie          353
Sans battage médiatique, presque en passant, entre deux livres, Nicolas Mathieu nous glisse Rose Royal, une nouvelle noire et profonde qui dit beaucoup, en moins de 80 pages et 30 minutes de lecture chrono.

À travers Rose (clin d'oeil à Bouysse ?) et ses cinquante années de quête amoureuse désabusée que l'alcool aide -un peu- à accepter, il dresse le joli portrait d'une de ces femmes dont l'insultante transparence peuple nos quotidiens aujourd'hui. Un boulot lambda, le bistrot, la bonne vieille copine qui écoute, la télé… et des hommes qui n'ont jamais cessé de passer depuis son adolescence, sans jamais s'attarder. Mais chaque nouvel amour, chaque nouvel amant reste une promesse d'avenir. Alors quand Luc apparaît, Rose veut y croire une fois encore…

Une fois encore, Nicolas Mathieu excelle dans la littérature du quotidien, et décortique quasi-scientifiquement les mécanismes simples mais les engrenages terribles qui font les faits divers sordides de nos JT nationaux. Loin de tout phénomène de fatalité ou de coup de sang, il dit parfaitement combien les violences et les drames qui s'abattent sur les femmes sont le fruit des silences, des non-dits, des frustrations opposées aux espoirs perpétuels, et des gens qui se parlent sans plus s'écouter ni s'entendre…
Commenter  J’apprécie          355
Deux Nicolas Mathieu pour le prix d'un, en voilà une bonne affaire !
Dans ce court ouvrage, se succèdent en effet deux nouvelles : d'abord, l'histoire de Rose, la cinquantaine bien conservée et désabusée, qui s'offre un dernier amour sans trop d'illusions et avec une réserve juvénile ; puis l'histoire d'un vieux juge prestigieux, placardisé par sa hiérarchie pour sa propre sécurité, qui décide de tromper son ennui en s'amusant un peu. Les points communs de ces nouvelles sont la solitude, le temps qui passe, une rencontre, et un flingue. On n'est donc pas dans la bluette.
J'ai été davantage touchée par l'humanité et la tendresse qui émanent de la la seconde nouvelle, même si j'ai hautement apprécié la justesse avec laquelle l'auteur s'est glissé dans la peau d'une quinquagénaire. En 65 et 50 pages, il parvient à créer un climat, des tensions, des émotions et des personnages qu'on a l'impression d'avoir toujours connus.
Et puis, on est encore dans la France périphérique (à l'Est, rien de nouveau), et j'aime toujours autant la façon dont Nicolas Mathieu la raconte, en s'ancrant dans sa réalité sans jamais l'enjoliver ni l'angéliser, ni la dénoncer ou la politiser : "Les journalistes pouvaient bien se moquer. Ces gens-là existaient. Ils étaient la chair à canon et le sang des fabriques, le gros du public de TF1 et des chiffres de l'abstention, la cohue des foires et la réalité du pays." Et cette réalité n'est pas toujours plombante, l'auteur excellant à nuancer et retracer les contradictions de l'âme, et à raconter ces moments de bonheur arrachés à l'existence dans des endroits aussi inadaptés que des entrepôts désaffectés. Certes, on pourrait lui reprocher de toujours écrire des romans sociaux (marrant comme on reproche moins souvent aux auteurs de droite -ou parisiens- d'écrire sur leur classe ou milieu), mais quand c'est fait aussi intelligemment, j'en redemande.
Dans une interview, Nicolas Mathieu expliquait : "J'écris à la place de mon père. J'écris pour celui que j'étais à chaque fois qu'on m'a humilié. J'écris pour les esclaves dont je suis, et qu'on trouve dans le RER, à Châtelet, dans les usines, les open spaces, ceux dont le temps est dévoré par une mécanique sans queue ni tête qui produit de la bêtise et dévore la terre sous nos pieds. J'écris pour tous ceux qui pourraient se dire en contemplant leur vie : est-ce tout ?"
J'adore ce type.
Commenter  J’apprécie          3211
Un intermède noir pour Nicolas MATHIEU (avant son prochain roman ?).
Rose, la cinquantaine, vit seule ; elle n'a pas eu de chance avec les hommes qui, à un moment ou à un autre l'ont tous un peu ou beaucoup maltraitée. Alors elle va traîner sa solitude au Royal un bar de quartier. Un soir, un homme arrive avec son chien renversé par une voiture et gravement blessé. Rose se dit que l'amour existe peut-être encore lorsqu'il l'appelle quelques jours plus tard.

Entre roman et nouvelle, le récit est court et se lit vite. J'ai retrouvé avec bonheur la plume de Nicolas Mathieu, son sens de la formule et sa tendresse pour les personnages abîmés par la vie. C'est noir bien sûr, réaliste et un brin pessimiste. Un très beau moment de lecture.

Clin d'oeil pour les Nancéiens car le Royal est un bar bien connu du quartier Mon désert et il y a vraiment une coiffeuse qui y vient un soir par semaine :))
Commenter  J’apprécie          290




Lecteurs (778) Voir plus



Quiz Voir plus

Connemara

De quelle école de commerce Hélène est-elle diplômée ?

Sup de Co Reims
Esc Lyon
ICN(Nancy)
HEC

6 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Connemara de Nicolas MathieuCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..