Citations sur La Révolution française (1) : La Chute de la Royauté (7)
Un autre roi que Louis XVI aurait-il pu porter remède à cette situation extravagante ? Peut-être, mais cela n'est pas sûr. Depuis qu'ils avaient enlevé à la féodalité ses pouvoirs politiques, les Bourbons s'étaient plu à la consoler en la comblant de leurs bienfaits. Louis XIV, Louis XV avaient cru la noblesse nécessaire à leur gloire. Ils solidarisaient leur trône avec ses privilèges. Louis XVI ne fit que suivre une tradition établie. Il n'aurait pu faire de réformes sérieuses qu'en engageant une lutte à mort contre les privilégiés. Il s'effraya aux premières escarmouches.
404 - [p. 21]
Les largesses se multiplient : 100 000 milles livres à la fille du duc de Guines pour se marier, 400 000 livres à la comtesse de Polignac pour payer ses dettes, 800 000 livres pour constituer une dote à sa fille, 23 millions pour les dettes du comte d'Artois, 10 millions pour acheter au roi le château de Rambouillet, 6 millions pour acheter à la reine le château de Saint-Cloud, etc... Petites dépenses à côté de celles qu'entraîna la guerre de l'Indépendance américaine! On a évalué celles-ci à deux milliards. Pour y faire face Necker emprunta à toutes les portes et de toutes les façons.
405 - [p. 22]
Ainsi se fait un sourd travail de critique qui de loin devance et prépare l'explosion. Que vienne l'occasion et toutes les colères accumulées et rentrées armeront les bras des misérables excités et guidés par la foule des mécontents.
403 - [p. 17]
La Révolution était faite dans les esprits longtemps avant de se traduire dans les faits, et parmi ses auteurs responsables il faut compter à bon droit ceux-là même qui seront ses premières victimes.
La Révolution ne pouvait venir que d'en haut. Le peuple des travailleurs, dont l'étroit horizon ne dépassait pas la profession, était incapable d'en prendre l'initiative et, à plus forte raison, d'en saisir la direction.
402 - [p. 15]
Le catholicisme gardait en effet son caractère de religion dominante. Seul il émargeait au budget. Seul il déroulait ses cérémonies sur la voie publique. Les protestants et les juifs durent se contenter d'un culte privé, dissimulé. Les juifs de l'Est, considérés comme étrangers, ne furent assimilés aux Français que le 27 septembre 1791, quand l'Assemblée nationale allait se séparer.
Pas plus qu'elle n'accordait la liberté religieuse complète et sans réserves, la déclaration des droits n'accordait la liberté d'écrire sans limitations. Elle subordonnait la liberté de la presse aux caprices du législateur.
Telle quelle cependant, elle est une page magnifique de droit public, la source de tous les progrès politiques qui se réaliseront dans le monde au siècle suivant.
409 - [p. 78]
En Haute-Alsace, les paysans se précipitèrent sur les marchands juifs en même temps que sur les châteaux et sur les couvents. Par centaines, à la fin de juillet (1789), les juifs d'Alsace furent obligés de se réfugier à Bâle.
408 - [p. 65]
Ce n'est pas dans un pays épuisé, mais au contraire dans un pays florissant, en plein essor, qu'éclata la Révolution. La misère, qui détermine parfois des émeutes, ne peut pas provoquer les grands bouleversements sociaux. Ceux-ci naissent toujours du déséquilibre des classes.
401 - [p. 13]