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Critique de Floyd2408


Le titre est accrocheur, le quatrième de couverture déchire au plus profond de votre chair une blessure violente, tous ces ingrédients sont un mélange fort détonnant pour capter l'attention et bouleverser les émotions, je chute avec l'auteur en lisant ce premier roman d'Hector Mathis avec K.O. Édite en 2018, la genèse de ce livre vient du parcours de l'auteur et du paysage qui peint son existence, deux actes importants s'unissent pour cracher ce bouquin à la gueule des écorchés et des survivants. Hector Mathis est un jeune homme écrivain rattrapé par la maladie, son médicament est l'écriture, une thérapie, non, un besoin inné d'écrire. Les attentats sur Paris sont son quotidien comme la banlieue, il est de cette génération de Charlie et Les misérables, le magazine satirique et le film récompensé au festival de Cannes. Ce roman transpire l'auteur de tous ses pores, il ruisselle cette humeur fragile et explosive, une émotion dans la rupture du corps et de l'esprit voguant sur le chemin des mots et de son roman-enfant.
L'atmosphère du roman est celui d'un monde morcelé par des attentats dans différentes villes d'Europe, où les fusillades continuent sur Paris, où notre narrateur perdu dans le fantastique au-delà du moderne se cache des autres, rencontre avec le magnifique, le fameux Archibald, un prêt-nom qui lui va bien, anonyme des autres, cet invisible des rues, un clochard à la verve sourde devant cette gare grise, de cette banlieue qui se fissure, cet homme représente un vestige en voie d'extinction, Hector Mathis avec ce personnage, catalyseur de la narration de Sitam, exprime une oralité plutôt singulière, avec une familiarité prosaïque, basculant le roman vers une modernité à la mode, mais mise à part cet aparté, l'écriture est rythmée, des phrases courtes, beaucoup d'aphorismes, une certaine mélodie saccadée, des coups poings musicaux, à la sonorité vive, d'un jazz qu'il aime, comme un certain Boris Vian. Au-delà de cette écriture saignante, Hector Mathis a craché d'un seul jet ce livre en un temps très court, d'un mois, emportant avec lui toutes les humeurs qui l'habitaient, distillant au forceps la puissance bruts du mal qui ronge son corps et cette passion de la musique caressant l'harmonie de sa prose avec passion.
J'avoue avoir eu une déception après avoir fini K.O, je ne peux pas vous dire pourquoi, comme un manque, du déjà lu, pourtant la lecture était captivante, avec de beaux moments de littérature, des personnages marginaux ou banaux selon la conception de la société que nous avons, une trame simple, le parcours d'un homme qui fuit une capitale meurtrie par une guerre sans la guerre, d'une occupation sans ennemie, il fuit aussi la brutalité passionnelle, témoin de la violence sauvage entre deux êtres qui se séparent, l'un son ami d'enfance volant sa maitresse ivrogne, patronne du bar qui les emploie et celle de la maladie incurable. Et sa petite amie, la môme Capu, l'accompagne dans sa cavalcade vers des territoires inconnus, prenant le train, le seul qui aille les mener vers la grisaille, et l'amener vers son ami d'enfance Ben, travaillant dans un bar.
Cette fuite, Sitam la personnifie dans ce projet d'écrire, il hésite, il raconte cette évasion de sa vie, l'abandon de son amoureuse, de son ami Ben, de ses collègues de travail, de sa vie actuelle pour vivre sa maladie avec un croque-poussière, l'écouter pourfendre la société gangrénée par cette bourgeoisie se diffusant dans toutes les classes sociales, le vieux se meurt de sa fille qu'il ne voit plus, de la maladie qui le sauve de sa petite mort, de l'invisibilité qu'il devient. J'aime beaucoup ce personnage d'Archibald, comme le jeu des charades, jonglant avec les mots, une petite gymnastique cérébrale, Hector aime les mots et s'en amuse.
K.O trouvera ces lecteurs, je sais qu'Hector Mathis a publié Carnaval, début août 2020, une suite qui peut être lu indépendamment de l'autre, Sitam va poursuivre son cheminement avec ce deuxième roman, Hector Mathis façonne avec beaucoup d'émotion et de justesse, cette vie dans laquelle Sitam chute vers une solitude inspiratrice de réflexion existentialiste.
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