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EAN : 9782283031483
208 pages
Buchet-Chastel (16/08/2018)
3.45/5   111 notes
Résumé :
Sitam, jeune homme fou de jazz et de littérature, tombe amoureux de la môme Capu. Elle a un toit temporaire, prêté par un ami d’ami. Lui est fauché comme les blés. Ils vivent quelques premiers jours merveilleux mais un soir, sirènes, explosions, coups de feu, policiers et militaires envahissent la capitale. La ville devient terrifiante...

Bouleversés, Sitam et Capu décident de déguerpir et montent in extremis dans le dernier train de nuit en partance.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (74) Voir plus Ajouter une critique
3,45

sur 111 notes
GUÈRE PLUS O.K. QUE K.O.

Être un jeune homme de vingt-quatre ans, "sortir" de la banlieue (sous-entendue : parisienne, puisqu'il est connu que, définitivement, il n'est de bon bec que de Paris et de "vraie" banlieue, sans avoir à citer laquelle, que d'Île de France), avoir été parolier et écrire du rap mais croire, encore, en la force du livre, sans pour autant crier au "courage", comme il est habituel de le faire, souvent par facilité, souvent parce qu'on a rien d'autre à dire (comme si l'expression d'un art devait absolument ressortir et avant tout de cette qualité-là), on peut tout de même estimer cela méritoire. D'autant qu'il y croit, Hector Mathis, à la pérennité de l'oeuvre écrite, à sa primordialité, quand bien même la musique est de tous ses environs, qu'elle aussi est affaire de style et, bien plus encore, de rythme ; il y met du sien pour nous montrer, nous rappeler comme cet acte lui est essentiel, viscéral, inhérent et constitutif de tout son être. Urgent. Rien moins. Et à condition de prendre ce texte pour ce qu'il est en large part, quoi que jamais totalement : un roman intensément intime sans être forcément auto-biographique. du moins, jamais tout à fait.

Mais reprenons.

K.O., c'est, avant toute autre chose, l'histoire de Sitam, un jeune un peu pommé, un peu artiste (dans l'âme), un peu sans le sous et qui, son désir de littérature mis à part, se fiche éperdument des représentations et obligations de notre monde "post-moderne", conchie ses poses et ses rêves bourgeois, aime rien moins que l'errance, la gratuité des relations - et son corollaire : l'absence d'attachement total, définitif, du moins en apparence -, la liberté - jusqu'à un certain point -.
Mais K.O., c'est aussi le roman d'une - longue - fuite. Fuite devant les remous que vivent nombres de pays d'Europe (on nage dans une vague ambiance d'apocalypse mal définie quoi que, semble-t-il, générale), sans qu'on en sache beaucoup plus ; fuite du coeur de Paris dont on apprendra au détour d'une phrase que les bombes y ont fait entendre leur souffle de mort et que les forces de l'ordre y pullulent ; fuite de la banlieue - "La Grisâtre " - devant les risques de poursuites judiciaires inopportunes, après que son ami barman ait pris une balle des mains de sa maîtresse oublieuse et alcoolisée ; fuite dans un autre pays, un lieu dont on ne connait pas la langue (la Hollande), une capitale dont il ne sait aucune règle, où il ne connait personne en dehors de sa "môme" qui l'a accompagné-là ; fuite de soi-même et de ce que les éventuelles racines peuvent dire de vous (à commencer par les mots, inéchangeables désormais) et vous renvoyer à la trogne. Fuite de l'autre, l'aimée, l'aimante, "la môme", comme on disait "la môme Piaf" au temps jadis, en ces temps si lointains où une môme, c'était déjà plus qu'un flirt mais moins qu'une épouse, avec toute la tendresse (un rien paternaliste et sexiste) en dedans, mais qu'il va abandonner par peur de lui, de ce qui vient de lui tomber dessus, oui, c'est vachard, un truc dont on sait qu'on ne guérira jamais, à quelques vingt piges. D'ailleurs, ce coup de semonce médical (un rien ridicule, hors contexte. Et d'ailleurs assez maladroitement, naïvement conté, derrière le besoin de s'essayer à du Kafka hospitalier, comme s'il s'agissait d'un nouveau Château en blouses blanches - l'hommage est visible. Trop -), ça va être le point de départ de son ultime fuite : celle au cours de laquelle il abandonne môme, ami blessé retrouvé, relation de travail forte d'avec un imprimeur libertaire, intellectuel et apôtre résolut du jeu de mot et de la charade à tiroirs (avec, en prime, une plongée dans les classiques du genre dont l'auteur aurait pu se passer sans dommage : "Vic tue Ail", et compagnie). Cependant, cette fuite terminale lui permet aussi de se retrouver en compagnie d'Archibald, un de ces derniers "mange-poussière" que l'embourgeoisement généralisé n'a pas encore atteint - n'atteindra jamais -, un "détraqué" comme Sitam, saxophoniste cacochyme ayant loupé sa carrière (et sa fille) mais pas totalement aveugle puisqu'il sait comme la place du jeune littérateur en herbe n'est pas ici, perdu dans le parc d'un château aux fausses et baroques féeries en ruines et que le jeune homme surnomme de manière générique "le domaine" (une autre interprétation de l'Extension du domaine de la lutte ? La filiation ne plairait peut-être pas à son auteur mais, à une génération d'intervalle, les points communs sont évidents).

Roman du désenchantement, roman de la fuite face au temps présent, invariablement moche et violent, face aux engagements pour soi-même ou pour les autres, roman d'une révolte sans révolution possible, ou l'aigreur le cède souvent à une forme de politiquement correct de l'incorrect qui refuse de se voir tel : les envolées contre les bourgeois, contre nos souffreteuses démocraties, contre la vulgarité et la médiocrité ambiantes, la "modernitude" technologique, l'idée que nous en sommes à la fin d'un monde - DU monde ? - dont il ne resterait plus qu'à rédiger l'épitaphe (je reprends les propres mots de Sitam/Mathis en verlan) sont très certainement sincères et, pour une large part, nous les partageons... Mais elles sont exprimées avec une telle naïveté - niaiserie ? - qu'elle finissent souvent à plat ou, pire encore, parfaitement hors contexte et sans grande profondeur car donnant généralement dans l'expectoration malhabile, dans l'expression un rien convenue d'un mal être qui peine à se définir pour ce qu'il est réellement : l'impossibilité fondamentale à être dans cet univers désenchanté. Roman du Je (du moi-je) comme ultime fin - même terne, déprimé et sombre - de tout, O.K. pourrait presque passer pour une auto-fiction, n'était que cela se déroule dans des temps qui ne sont pas tout à fait les nôtres - voire ! Car en étirant un peu le propos, l'Europe qu'Hector Mathis décrit, sans détail précis, ce pourrait-être celle de l'après Charlie Hebdo, cette Europe qui oscille entre peur horrifique à l'égard du terrorisme, réel ou "ressenti", et reprise en main liberticides des gouvernants sous prétexte, véridique et fallacieux à la fois, de la lutte contre les précédents cités -, un texte dans lequel les proches, supposés ou de passage, de Sitam n'en sont, finalement, que les faire-valoir très flous, aux visages et aux psychologies très peu définis, quasiment interchangeables, comme si ce soleil terne qu'est le narrateur n'avait plus assez de force pour éclairer les reliefs de ses semblables avec la force d'une lumière intérieure en sursis, tellement pâlichonne et auto-centrée.

Certes, il ne se passe pas grand chose au cours de ces quelques deux cents pages tenant autant du road-movie sans cheminement réel (puisque notre narrateur finit par tourner globalement en rond) que du roman grisâtre - à l'instar de cette banlieue elle-même très floue - à défaut d'être noir. Mais, en soi, cela n'est aucunement la marque d'un mauvais ouvrage. On peut exprimer une foultitude de choses, être passionnant, bouleversant parfois, avec un personnage totalement immobile, par le biais d'une oeuvre contemplative, onirique, dense ou en ne décrivant qu'une seule et même action jusqu'à en atteindre l'acmé. La littérature contemporaine est pleine de chef-d’œuvres de ce type-là. Pour cela, il faut aussi du style. Mieux : un style. De fait, Hector Mathis mise beaucoup - tout ? - sur le sien, sur cette langue mi-verte, mi-blette (parce que cherchant absolument ses racines dans un argot antédiluvien) qui, il est vrai, surprend plutôt agréablement au cours des trente premières pages mais qui finit par devenir trop évidente, trop attendue, redondante, systématique au fur et à mesure où l'on avance dans cette absence d'avancée. C'est vrai, cette langue est très travaillée, très construite derrière ses perceptibles et, souvent, intelligentes déconstructions. Tout cela est très référencées et l'on y sent de manière permanente l'hommage à quelques grands anciens - tellement. Trop. - à quelques uns des auteurs de son Panthéon intime : Céline, bien évidemment. Mais aussi le méconnu (bien qu'en vogue dans certains milieux depuis une petite dizaine d'année) Jehan Rictus, poète des miséreux et du parler populaire. On pourrait aussi déceler, mais c'est une simple hypothèse, une certaine connaissance du cinéma réaliste et populaire de l'entre deux guerres, au moins en ce qui concerne les passages dialogués. Il faudrait, nous explique la presse, y reconnaître la violence sensuelle et lumineuse d'un Louis Calaferte, mais nous n'avons pu nous y résoudre, tant il est difficile de retrouver ici les fulgurances de l'auteur de Septentrion ou de la mécanique des femmes. Quant à Louis-Ferdinand Céline, cité plus haut et, indubitablement, le premier des inspirateurs d'Hector Mathis... Il écrase tant le jeune écrivain de son génie atrabilaire et aigre que cela en devient parfois gênant. Il y le jazz, enfin, dont il est question presque page après page, à la manière d'une litanie destinée à faire venir sur le texte sa force brute, sauvage et sa poésie endiablée, dont on peine pourtant à ressentir l'intensité élémentaire, car ce n'est pas tout d'invoquer sempiternellement les Mannes, encore faut-il savoir leur donner un visage... Et c'est un long chemin pour y parvenir vraiment.

Pourtant... Oui, pourtant, il y a de l'envie, du désir de bien faire (et de le faire sincèrement, avec le cœur et la tripaille), de l'intention pure et, ne le dénions pas, les prémices d'une voix dans ce premier roman, dont nous remercions au passage les éditions Buchet-Chastel, via une Masse Critique spéciale - et visiblement d'importance pour l'éditeur, vu le nombre de contributeurs - à l'initiative de Babelio, de nous l'avoir fait découvrir. Malgré des mots sans doute invariablement durs d'une critique plutôt à charge, il y a ce sentiment d'avoir - peut-être- découvert un romancier en devenir, à l'oeuvre première pétrie de bonnes intentions quoi que gâchée, presque de bout en bout, par toutes les erreurs de jeunesse possibles, les chausse-trapes dans lesquelles il s'agit pourtant de ne pas se fouler l'encrier. Ni K.O debout, ni "OK c'est génial", sans doute pour ce texte au chaos bien raisonnable une fois passée la surprise du style et de la forme ; un chaos thématique tellement fourre-tout dans lequel Hector Mathis essaie de (dé)ranger presque tout, tellement, tellement : l'amour, le désenchantement, l'art, le sexe, la musique, l'écriture et la littérature, la mort, la misère, l'amitié, l'égotisme, la maladie, l'errance, l'absence d'avenir sur fond d'apocalypse, de fiction moderne, d'auto-fiction, de roman crépusculaire, d'apprentissage... Certains des plus grands y ont mis l'entièreté de leur existence à traiter tout ce que ce jeune écrivain tente de résoudre en deux cent pages. Maladresse ou prétention, le résultat est à l'image de notre avis : en demi-teinte, et c'est, réellement, bien dommage car il y a du désir vrai chez cet Hector Mathis. Pour plagier Julien Gracq, on a ici de la littérature, sans nul doute, mais on n'a pas encore l'estomac. Espérons pour lui comme pour nous autres, humbles lecteurs, que cela lui viendra !
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O.K ! J'ai envie d'être ce qu'on appelle bon public. Ce livre me semble toutefois déconcertant de par son style. Comme le dit Sitam, le narrateur, plutôt que d'un roman il s'agit d'un soliloque que caractérise fort bien la citation suivante : « Coup dur sur coup dur, je m'en vais me noyer dans le langage. [...] Le presque cabé gratte encore. Les ongles remplacent la plume. La jouissance ? Un judas sur un cercueil ! La littérature c'est l'antichambre de la mort. La mort celle de l'absolu. L'écrivain cherche à griller les étapes en trompant l'ordre des choses pour aller chatouiller l'infini. C'est la seule ambition qui se respecte. Parler d'absolu avant de mourir. Des centaines de pages et parfois plus pour échouer lamentablement. Voici ma tentative… » (p. 152-153).
Le sentiment d'urgence devant la fatalité de la maladie impose l'écriture comme une évidence (« La maladie avait tout bouleversé, les choses ne suivraient plus jamais la même logique. », p. 147) pour rester « aux prises avec le réel, lui tordant le cou jusqu'à la fiction... » (p. 189) et évoquer entre autres ces détraqués dont la vie n'est que « déception sur déception. Clope sur clope. Demi sur demi jusqu'à plus RSA. » (p. 184)
Sitam entend aussi rendre hommage à des confrères dans la galère, ce qui est tout à son honneur.
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Je me rappelle avoir lu comme conseil dans un ouvrage intitulé "Polar : Mode d'emploi" qu'il fallait, pour un premier roman, parler d'un univers, d'un contexte que l'on connaît très bien, pour éviter d'ajouter de la difficulté, alors que le simple fait de se lancer dans l'écriture est déjà une gageure. C'est sans doute en suivant ce conseil que beaucoup de jeunes auteurs parlent un peu (beaucoup... ?) de leur vie personnelle dans leur premier roman. C'est sans doute aussi pas mal du à l'époque qui ne jure que par l'autofiction... Peut être pas exclusivement, mais c'est quand même une tendance forte.

Quand on compare la vie du personnage principal du roman et quelques éléments biographiques de l'auteur, on comprend qu'on est en face de ce genre de premier roman. C'est assez étonnant comment l'auteur glisse quelques indices plus ou moins flagrants que c'est le cas (le personnage s'appelle Sitam... Lisez ma chronique dans un miroir et vous comprendrez où je veux en venir...) et comment il tente aussi de brouiller les pistes, notamment quant au contexte spatio-temporel. Par exemple, il évoque clairement des événements s'apparentant aux attentats de Paris de 2015... mais invente une actualité où ceux-ci se généraliseraient rapidement à toute l'Europe. Ou il situe une bonne partie de son roman dans la banlieue où lui-même a grandi, mais la surnomme tout au long du récit, la grisâtre, sans jamais dire plus précisément de quel lieu il s'agit. le roman dans le roman et la mise en abyme sont plutôt bien réussis et renforcent cette identification personnage-auteur.

L'ambivalence se retrouve jusque dans le style où la langue s'apparente à un argot de titi parisien des années 50, pourtant plongé dans une époque bien contemporaine. Cela donne un récit agréablement fouillis où on goûte clairement la musicalité mais où on flotte un peu entre réel et réalité. On est trop proche de notre monde pour s'envoler vraiment, trop baroque pour arriver à vraiment s'accrocher. L'expérience est loin d'être mauvaise, c'est un produit avec des vrais morceaux de littérature à l'intérieur mais j'aurais aimé parvenir à plus m'attacher à des personnages touchants mais qui semblent parfois manquer de chair. Archibald, Capu, Benji ne semblent demander qu'à nous émouvoir mais je me suis retrouvé à un certain moment plus spectateur qu'impliqué.

Il reste de vraies jolies promesses pour un premier roman d'un tout jeune homme qu'on sent meurtri par son époque et son histoire et qui cherche encore le meilleur moyen de nous inviter dans son monde. Gageons que je pousserais sans doute à nouveau la porte de cet univers puisque deux autres livres sont venus garnir ses étagères et que j'ai bien envie de voir comment il a négocié le virage de la confirmation, en se renouvelant tout en gardant sa voix singulière.
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Ce livre, comme une peinture contemporaine, est plein d'images et de couleurs audacieuses.
Et, il résonne effectivement comme un endiablé morceau de jazz au rythme saccadé.
Il est original, riche et rapide.
Pourtant, en quelques chapitres, il m'a mis K.O., K.O. debout !
Décidément, je ne suis vraiment pas taillé pour ce genre de lecture, moi qui aime les longues phrases et les points virgules.
Et finalement, irrémédiablement, je n'ai pas réussi à me faufiler dans l'univers d'Hector Mathis.
Je suis resté en dehors du récit.
Le livre s'ouvre sur une rencontre saugrenue, dans le décor intrigant d'une vieille cabane de garde-chasse où résonne le saxophone d'Archibald, vieux vicomte de la campagne parisienne.
Un narrateur, à la première personne, entame son histoire ...
Mais le rythme est saccadé, l'accumulation de phrases courtes, trop souvent sans verbes, est étourdissante, donne le vertige et finit par nuire au récit.
De beaux petits morceaux de style y sont enchâssés mais semblent comme perdus dans trop de richesse et de rapidité.
Parfois même le mot donne l'impression d'avoir été artificiellement enrichi.
Hector Mathis ne donne pas à son lecteur le droit de respirer.
Il s'enfonce dans sa narration à marche forcée.
La mise en forme du texte n'arrange rien.
Et ce rythme endiâblé ne m'a pas semblé permettre aux personnages et aux décors de prendre toute leur épaisseur.
Au final, "k.o." est certainement un bon premier livre mais certainement pas un livre pour moi.
Je vais donc, à notre prochaine rencontre, le faire circuler au club Babelio des lectrices et des lecteurs de Vannes.
Il y trouvera peut-être un "bouquineur" plus avisé ...
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Je n'ai pas été mise K.O. par cette lecture car je suis restée en dehors. C'est le principal reproche que l'on peut faire à Hector Mathis.
Il nous donne à voir ou à entendre mais on n'est pas pris aux tripes, embarqués ; comme avec Calaferte par exemple, qui, dès la première phrase, vous ferre et ne vous lâche plus que cela vous plaise ou non. Et alors vous émergez de votre lecture complètement déboussolés, transformés et le monde n'est plus comme avant. Il vous a contraint à le suivre et vous le détestez et l'adorez pour cela.
C'est un peu ce que j'espérais en entamant ce livre.
J'ai toutefois aimé cette lecture qui comporte de beaux passages comme
« Qu'est-ce que c'est beau l'horizon quand il bave ses couleurs jusqu'au délire. On commettait comme une indiscrétion à ce moment précis. Ce ciel-là on n'étaient pas censés le voir. On était entrés sans frapper, au moment le plus délicat.(…) On ne parlait pas, on laissait résonner les couleurs… »
Je dirais peut faire mieux, plus percutant, plus charnel, laissant des traces, réveillant de vieilles blessures mal cicatrisées. J'attends le prochain…
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critiques presse (3)
Telerama
16 octobre 2018
Rien de futile dans K.O. Un texte sans nombrilisme qui décrit le froid et la solitude, les morts parisiens et la fuite en avant.
Lire la critique sur le site : Telerama
Culturebox
06 septembre 2018
"K.O." est un roman dans lequel il faut entrer à petit pas, pour se laisser apprivoiser par le style. Une langue qui tient autant de la gouaille d'Arletty –ici on dit 'oseille', 'la môme', la 'gnôle' et le 'palpitant'- que d'un beat de rap bien scandé. Phrases courtes, raccourcis audacieux, images inattendues, un sens aigu de la formule avec des accents de slogans…
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
31 août 2018
Hector Mathis, 25 ans, publie "K.O." (Buchet-Chastel) un roman singulier écrit dans une langue musicale, avec des accents de gouaille des films des années 40. Il y raconte la cavale d'un garçon de 20 ans et de son amoureuse, dans un pays en guerre. Une jeune voix engagée, et prometteuse.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
La passion... A quoi ça ressemble après quelques années ? Moi je le savais. Je les avais vu les vieux rongeurs de songes qui pissaient même plus au même endroit, quis e grignotaient la parenthèse à se repasser en boucle les rêveries de la jeunesse. Ils ne s'engueulaient plus, ils s'ignoraient. Et de temps en temps... ils se jetaient un souper à la tronche, et puis silence, et ça pour quoi ? C'était tout simple et pas très ingénieux, même plutôt viscéral de gâcher la tambouille avant de retourner brutalement dans l'oubli. C'était ça ou l'éternel ennui chez les vieux de la grisâtre. J'allais leur livrer leurs courses étant môme. Je voyais bien tout ça, ils pouvaient rien dissimuler, c'était sur les murs, la moquette, les cadres. La sonnerie du téléphone c'était la fête. Des nouvelles des gosses. Au commencement, du moins. Après ça leur faisait même plus grand-chose. La dépêche AFP qui tombait. Vieilles machines oxydées. Rotatives en miettes. Journal d'un couple. Les vieux couples c'est pas aussi beau qu'on le dit.
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"La capitale c'est un cache-tout ! disait mon père. Ici y a qu'à voir, on peut rien dissimuler, ni la misère, ni l'agonie", qu'il ajoutait tout le temps ! Ah ça, il avait pas tort. La capitale, la capitale... Si ça nous fait quoi qu'ce soit c'qui s'passe à la capitale ?! Y a rien qu'des tricheurs, des plaintifs et des geignards, là-bas ! Ils réclament et nous on subit ! Merdre alors ! Des projets y en a qu'pour eux ! 'Vec leurs tramways, festivals, allées piétonnes, leurs conneries ! Bientôt on aura plus l'droit d'y foutre les pieds ! Et toc ! Les gens déraillent, courent après l'fric, après l'temps. Moi c'est fini. J'suis un vieillard, je mange peu et j'ai besoin d'rien. Mais je vois bien. Tout de même, j'vois bien.
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L'époque, cette époque où tout flotte, où les croque-poussière vont vers la mort à n'importe quel prix et où les autres ne veulent que s'amuser. Ils ont encore tous le spleen du vingtième siècle, encore tout brusqués qu'ils sont. Metro ! Démocratie ! Internet ! Carte à puce ! Le vingt et unième c'est l'épitaphe de l'Histoire entière, on est enfin arrivés au bout. C'est à celui qu'aura l'ultime formule. Tout le monde a compris que c'était terminé, on balbutie juste pour trouver le bon mot. Des dizaines d'années pour trouver de quoi occuper le tailleur de pierre? L'épitaphe ! C'est ça qu'il faut que j'écrive, juste une épitaphe.
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Un roman c'est un ballet, la musique emporte tout et la musique c'est les mots ! On y croise des visages et des silhouettes. Des personnges dansent une chorégraphie qu'ils pensent être la leur, mais en vérité il n'y a que la musique, tout le reste est en fonction, rien n'existe en dehors d'elle. Ils obéissent, voilà tout ! Pour faire résonner la mélodie j'avaisdes tonnes de mots à faire valser, chuter dans les variations, escalader les clés, les triolets, en percutant les accords jusqu'à la dissonance. Comme le jazz. Tout pareil !
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Ça n’avait rien d’un roman, ça relevait plus du soliloque. Je m’en étais fait une idée de mon écriture! Une idée qui avait pris trop de place dans mon imagination. Me sauver de la mort avec ce pauvre torchon que je baladais dans un sac plastique ! Quel fou j’étais devenu. Je ne savais pas tenir une narration plus de deux pages. Je philosophais comme une espadrille et je voulais devenir romain ! Repeindre le ciel ce n’était pas pour moi. La musique c’était pour les autres. Les types du conservatoire. Moi je poussais la chansonnette, à peine. Je fredonnais. « C’est moi l’imposture. »
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