Nil, tome 3 : La colère de Nil

Sous la pression de l'île, la fissura se dilata légèrement. La décharge de pouvoir parcourut l'île dans une ondulation délicieuse. A travers cette faille, l'île cherchait celle qui s'était échappée, celle qu'elle aurait désespérément voulu garder : la femme, Skye. Si elle ne pouvait pas l'avoir, alors elle la briserait.

pistolet pointé
sur ma tempe
midi me dit
que tu veux ma mort
vas-y, fais-le
appuie sur la détente
murmures
rires
ils prennent de l'ampleur
pose ton arme
jette-la
je te déteste
je te possède
je suis ton clown
retiens-toi, défoule-toi
cours chronomètre
je parie sur le noir…

-Stop, m'a coupé Thad d'une voix rauque. J'ai compris.

une blague cruelle
un coup du sort
te rencontrer quand il est presque trop tard
mes jours sont comptés
mon horloge tourne
mes espoirs brisés sont des plaies que je panse
on ne vit qu'une fois
je comprend maintenant
j'ai perdu mon cœur sans savoir comment
prends-le, pietine-le
je n'en veux plus
je saigne, mes chances sont truquées
pour toi je courrais
pour toi je mourrais
aller Nil
encore un essai

Je me suis arrêté.
Thad me regardait, stupéfié.

C’est facile d’être sans peur quand on a rien à perdre.

Paulo a déboulé dans le camp, les cheveux et les vêtements trempés, comme s'il sortait de l'eau. Il a regardé toutes les personnes assises près du feu avant de s'arrêter sur Hafthor.
- J'ai besoin d'aide avec un ours.
- Quel genre ? a demandé Zane. Panda ? Polaire ? Grizzly ?
- Mort.
Zane s'est étouffé sur son morceau de poisson. Molly lui a fait passer de l'eau pendant que Davey lui tapait dans le dos.
Hafthor a terminé son repas en deux bouchées et a délicatement posé son gobelet à terre avant de se lever.
- C'est loin ? Il est gros comment ?
- Après la crique. Et il est gros. Au moins deux cent kilos, peut-être plus. Je ne suis même pas sûr qu'il ait terminé sa croissance.
- À mon avis, maintenant si, a fait remarquer Davey sous le regard réprobateur d'Hafthor. Quoi ? Je dis juste qu'il ne risque plus de grandir. Vu qu'il est mort.

Et le présent n'est que le commencement.
Je m'appelle Skye Bracken, et c'est la vérité.

C'était bien malheureux, mais [il] avait raison. Les règles du jeu, c'était Nil qui les fixait, et on allait vers un dénouement que seule Nil connaissait.

-Vis, elle m'avait dit.
Comment est-ce que je pouvais vivre sans elle ?

Vis, elle m'avait dit.
Comment est-ce que je pouvais vivre sans elle?

L'île le voyait si clairement. La fin était écrite, le futur se déversait comme la lumière d'un millier de soleils, irradiant le présent.